‘’Le franc Cfa est une insulte à notre souveraineté’’
Le temps d’un atelier d’information à l’intention des journalistes économiques sur les inconvénients et méfaits d’une appartenance à la zone franc, l’économiste Moussa Dembélé Cissokho a soutenu que le Cfa est une insulte à la souveraineté monétaire et économique de l’Afrique. D’où l’urgence, selon le président de l’ONG ARCADE, d’adopter une monnaie unique.
Démontrer aux hommes de presse le frein que constituent le franc Cfa et l’appartenance à la zone franc. C’est en substance l’exercice auquel s’est prêté Moussa Dembélé Cissokho, président de l’ONG ARCADE, hier matin au cours d’un atelier de formation de deux jours, à l’endroit des journalistes économiques. L’atelier vise à expliquer aux journalistes les raisons pour lesquelles la création d’une monnaie unique et souveraine sonne comme une des conditions nécessaires au développement des pays africains.
La monnaie étant un des premiers signes visibles d’indépendance, ‘’le franc Cfa est tout simplement une insulte à la souveraineté monétaire et économique de nos pays dans la mesure où les décisions majeures pour financer nos économies ne peuvent pas être prises si l’administrateur français s’y oppose au niveau du conseil d’administration de la Banque centrale’’, s’est insurgé l’économiste. Selon M. Dembélé, nos banques centrales sont obligées de suivre les politiques monétaires de la Banque centrale européenne à cause de l’arrimage du CFA à l’Euro.
Il ne faudrait pas craindre l’inflation et l’instabilité d’une monnaie unique si on arrivait à créer une monnaie unique, souffle-t-il, car aucun pays ne s’est développé avec l’objectif d’une monnaie stable. M. Dembélé soutient ainsi que seule la création d’une monnaie souveraine peut permettre de réunir les conditions nécessaires au développement autonome car sans souveraineté monétaire, il ne peut y avoir de développement autocentré.
A l’aide d’un graphique réalisé grâce aux données statistique de la Banque mondiale, il a également démontré que les pays comme le Ghana et le Nigeria qui ont leur propre monnaie ont toujours eu, depuis au moins 10 ans, un produit intérieur brut plus élevé que la Côte d’Ivoire et le Sénégal, deux pays partageant le Cfa. ‘’Notre arrimage à l’Euro nous pénalise doublement parce que nous sommes obligés de suivre les politiques qui ne sont pas conformes à nos types d’économie de développement en plus de pénaliser certaines exportations’’, a indiqué le président de l’ARCADE. À ce sujet, il a soutenu qu’une monnaie forte peut attirer des investissements spéculatifs mais comporte beaucoup d’inconvénients.
Cette rencontre qui prend fin aujourd’hui permettra de faire un bilan économique et social de la zone franc et alimenter des discussions sur le processus de la CEDEAO vers la monnaie unique en 2020.
ANTOINE DE PADOU