Les grands chantiers de 2015
Malgré un vote-plébiscite des parlementaires, les problèmes d’accès à l’eau potable et d’assainissement des grands centres urbains ont été au cœur des débats, lors du vote du budget du ministère de l’Hydraulique et de l’Assainissement. Celui-ci connaît en 2015 une hausse relative de 41,65 %, soit 14 742 997 680, l’une des plus significatives.
Des forages en pagaille
Aux plans rural et urbain, l’adduction en eau potable est une question irrésolue. La tutelle a décidé de faire les choses en grand pour l’année 2015. Selon le ministre de l’Hydraulique et de l’Assainissement, « pour l’hydraulique rurale, il y a un programme de 300 forages pour 300 systèmes multi-villages. C’est-à-dire 300 ouvrages de captage, autant de châteaux d’eau et de réseaux de distribution ». Initié depuis 2013, ce programme va permettre, l’année prochaine, de réaliser « 93 ouvrages de captage, 47 châteaux d’eau, 16 réservoirs au sol ainsi que la densification et l’extension des réseaux de distribution », annonce Mansour Faye.
Le taux d’accès global qui était de 80,1 % est passé à 84,1 % en 2014 et les projections pour 2015 sont à plus de 87 %. Une cartographie de ces réalisations montre que « 45 % de ces interventions se font dans la zone sud où pas mal d’efforts seront consentis pour éviter les disparités. 30 % en zone centre et 25 % dans le nord ». Pour tous ces projets, un financement des partenaires techniques de l’ordre de 20 milliards est bouclé. Le ministre informe que le parc de forages compte 1 552 systèmes, et 2016 forages équipés de pompes et mini pompes à motricité humaine. « L’office des forages ruraux (OFOR) jouera le rôle de l’État. Il sera l’équivalent de la SONES en milieu rural pour la commercialisation », précise le ministre.
En ce qui concerne l’hydraulique urbaine, les programmes d’investissement de la SONES vont se chiffrer à 373 milliards, à l’horizon 2020. La résorption du déficit de production au niveau des 17 centres urbains constitue l’objectif principal du département de l’hydraulique. « Les travaux en cours seront terminés au courant de 2015 », annonce M. Faye. Répondant à une interpellation d’Abdou Mbow, le ministre a déclaré que « les 5 000 mètres cube d’eau par jour seront disponibles, à Thiès en 2015 ». Autre annonce de taille, les travaux de sécurisation de 14 forages de Dakar en juillet 2015 et 7 autres en décembre 2015 avec un volume additionnel de 60 000 mètres cube par jour.
«Prendre en compte l’assainissement dans les plans d’urbanisme »
Des inquiétudes demeurent concernant la hausse sur la facture d’eau. « Il n’est pas question d’augmenter, ni de changer les prix. La priorité, c’est l’amélioration des qualités de service », déclare Mansour Faye, ajoutant que le liquide précieux coûte plus cher dans certaines zones rurales (300 à 350 francs le mètre cube) qu’à Dakar (200 francs). Si dans l’ensemble, la desserte du liquide précieux ne pose pas problème dans la capitale, les députés se sont beaucoup interrogés sur l’état des quartiers, en période d’hivernage. Le député Demba Diop plaide pour une prise en compte de l’assainissement dans les plans d’urbanisme. « Les lotissements se font sans assainissement. Ce n’est pas possible ! L’ONAS doit avoir un pouvoir de décision en ce qui concerne l’urbanisme », tonne le député du Plateau.
Selon le ministre, le programme d’investissement pour l’assainissement urbain, doté d’un financement de 109 milliards, visera la réalisation de deux projets que sont : la dépollution de la baie de Hann et la réhabilitation de la station d’épuration de Cambérène, pour un montant global de 77 milliards. « Par rapport à la baie de Hann, les études techniques sont terminées. Les travaux débuteront en 2015 », a-t-il lancé en réponse aux interpellations de Djibo Leity Ka, Mously Diakhaté et Seynabou Wade. Le ministre promet également un milliard de l’État pour la sécurisation du collecteur Hann-Fann.
Une crainte appelée typha
Le lac de Guiers est exposé à l’avancée du typha, une plante aquatique également appelée quenouille, qui menace les eaux calmes. Une inquiétude vivement relayée par les députés. « Le plan d’eau est envahi par le typha qui est une calamité. On avait mis 2 milliards 500 millions pour combattre ce fléau », a souligné Djibo Leity Ka.
Mamadou Diop Decroix s’est lui étonné du surplace dans la lutte contre l’avancée de cette plante : « En 2000, on parlait de typha, en 2014 on en parle toujours. Il y a lieu de sortir des sentiers battus pour juguler ce phénomène », a-t-il souligné, après avoir salué la hausse de 30 % des dépenses en capital de ce département. D’autres intervenants ont insisté sur l’utilisation pérenne qu’on peut en faire, notamment sur le plan énergétique. Une proposition qui a rencontre l’adhésion du ministre : « Nous n’allons pas enrayer le typha, mais le valoriser, le transformer en combustible », a fait savoir Mansour Faye.
Ousmane Laye Diop (stagiaire)