Rétablir le maillon entre recherche et production
Dans la chaîne de valeur de l’agriculture, il y a un maillon essentiel qui manque : celui qui assure le Link entre recherche et production. Le Panel initié hier au CICES par l’USAID-ERA a pour objectif de réfléchir sur la mise en place de ce chaînon.
Dans le cadre de la foire internationale en agriculture et ressources animalières, l’USAID, à travers son projet Education et recherche en agriculture (ERA), a organisé un panel sur la recherche et l’agriculture, hier au CICES. L’objectif est de réfléchir davantage sur le lien entre la recherche et la production. Renforcer surtout les relations entre le monde de la recherche et les conseils agricoles, de l’avis du directeur de la recherche d’ERA, Larry Vaughan. Le constat au Sénégal est que les découvertes dorment dans les tiroirs des universités et instituts, reconnaît le directeur de la recherche au ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, Cheikh Bécaye Gaye.
Au même moment, les agriculteurs restent dans des techniques rudimentaires qui nécessitent beaucoup d’efforts avec peu de rendement. Ce qui amène les chercheurs à se plaindre du fait que leurs travaux ne soient pas pris en compte. Cela est pourtant le résultat d’une rupture de dialogue entre les universitaires et ceux à qui sont destinés leurs labeurs intellectuels. ‘’C’est parce qu’au début, on n’y associe pas ceux qui sont censés les appliquer. On a du mal à impliquer le secteur privé dans l’éducation comme dans la recherche’’, regrette M. Gaye.
Une thèse confirmée par Penda Guèye Cissé. Une transformatrice dans le présidium qui a lancé en direction des chercheurs : ‘’C’est nous qui vulgarisons vos recherches que vous négligez. Nous nous sommes rapprochés de vous pour vulgariser les travaux auprès des populations qui ne peuvent pas vous approcher.’’ Ce qui signifie en termes clairs l’existence d’un hiatus entre l’univers de la recherche et la société, le milieu de la production en particulier. USAID-ERA veut donc, d’après son directeur, appuyer les instituts de formation afin qu’ils répondent de plus en plus au besoin de l’agriculture.
Le but sera double. D’une part, adapter les recherches aux besoins du terrain et d’autre part, former assez d’individus dans les écoles pour qu’il y ait une masse critique d’entrepreneurs agricoles, par conséquent, des producteurs maîtrisant toutes les techniques pour une meilleure productivité. C’est ce qui permettrait par exemple à la place de certaines variétés, de choisir d’autres, comme celles à cycle court, qui s’adaptent mieux à la pluviométrie au Sahel. Il est également nécessaire, au-delà d’une adaptation à la pluviométrie, d’avoir une maîtrise de l’eau. Et enfin assurer une chaîne de valeur continue, allant de la recherche à la valorisation du produit.
BABACAR WILLANE