‘‘Pas un milliard disponible sur les 5 promis’’, selon Racine Sy
Les acteurs font vraiment tout pour booster le tourisme sénégalais. Après l’atelier de partage de l’agenda culturel et touristique 2015 ; l’Agence sénégalaise de promotion du tourisme (ASPT) est dans la dynamique de relance du Sénégal comme destination touristique de choix. Mais beaucoup restent encore à faire.
La relance du tourisme et son positionnement comme premier secteur d’activé économique au Sénégal : Tel est l’objectif que se fixe l’ASPT. Malgré les ‘‘mesures présidentielles fortes et courageuses’’ qu’il salue, Racine Sy, président du Conseil de surveillance, a secoué le cocotier pour plus de diligence dans la résolution des problèmes déjà diagnostiqués. Il a ouvertement exposé les problèmes auxquels se confronte le tourisme de manière générale.
‘‘On aimerait mieux sentir le miel sur la langue que dans les oreilles. Pas un milliard n’est disponible sur les 5 promis pour le crédit hôtelier et touristique. On veut la mise à disposition sans délai de cet argent dans sa totalité. Qu’on mette en adéquation le discours et les actes. Que tout soit matérialisé sinon il n’y aura plus de combat. Chacun porte son combat du tourisme. Le Sénégal ne peut pas se permettre de parler au lieu de poser des actes. Nous avons perdu des parts de marché car le monde du tourisme s’est enrichi de destinations proches et concurrentes’’, a soutenu Mamadou Racine Sy.
Félicitant toutefois les autorités pour les mesures déjà prises, il a estimé que la décision d’exonération des entreprises touristiques en Casamance, pour une décennie, devrait concerner toutes les zones touristiques du pays pour au moins deux ans. Selon lui, l’obsolescence du parc hôtelier sénégalais et l’urgence de requalification de la zone de Saly justifie un décaissement rapide de cette somme. Et de poursuivre : ‘‘Cette année a été désastreuse pour le Sénégal. Des événements conjoncturels ont affecté notre destination, Ebola entre autres.’’ La surcharge carburant a aussi été désignée comme un boulet dans les mesures incitatives que tente d’instaurer l’autorité. ‘‘Il n’est pas normal que les compagnies maintiennent le prix à ce niveau alors que le baril de pétrole a baissé. Ça risque de rendre les autres mesures inefficaces si ces compagnies ne jouent pas le jeu’’, renchérit Racine Sy.
Pourtant, les pouvoirs publics tentent de réanimer un secteur en léthargie depuis une décennie tant bien que mal. En plus de faire de la région sud une zone touristique prioritaire nationale, il y a la réduction de redevances pour passagers et de sûreté sur les billets d’avion de 50% ; la suppression du visa payant et des procédures de délivrance ; la mise crédit hôtelier et touristique ..., autant de signaux envoyés par les autorités gouvernementales sur leur volonté d’extraire le tourisme sénégalais du creux de la vague. ‘‘Le gouvernement compte faire jouer à ce secteur un véritable rôle pivot de croissance économique à travers la création de richesses et d’emplois. Sous ce rapport, il nous appartient d’inscrire ce domaine d’activités vers l’émergence, par la voie de l’innovation, de l’investissement structurant et d’un renforcement décisif et durable de l’attractivité territoriale’’, déclare le ministre du Tourisme et des Transports aériens, Abdoulaye Diouf Sarr. ‘‘Vous pouvez être rassuré que nous sommes en parfaite adéquation à repositionner de manière durable le tourisme dans l’architecture des secteurs prioritaires’’, ajoute-t-il.
Rôle de figurant
L’ASPT est une vieille doléance des acteurs du secteur touristique. Créée par décret N°2014-245 du 20 février 2014, elle est placée sous deux tutelles : technique du ministère du Tourisme ; et financière du département de l’Economie et des Finances. Une configuration qui laisse la portion congrue au secteur privé. Racine Sy s’est voulu clair sur l’implication des pouvoirs dans la composition de la structure. ‘‘Nous avions dit que la représentation du secteur privé au sein du conseil de surveillance de l’agence est insuffisante. Nous avions un accord de principe de l’Etat pour équilibrer cette représentation car nous sommes un secteur privé majeur. Nous n’avons pas besoin que ce soit l’Etat dans toute sa puissance qui puisse décider de tout. Que le secteur privé retrouve sa véritable place dans la gestion dans l’ASPT où il ne joue qu’un rôle de figurant’’, dénonce le président du Conseil de surveillance.
Ousmane Laye Diop