Publié le 27 May 2015 - 15:43
FISTULE OBSTETRICALE AU SENEGAL

400 à 500 femmes en sont victimes, chaque année 

 

Au Sénégal, près de 400 à 500 femmes présentent une fistule obstétricale, chaque année.

 

La fistule obstétricale est une communication anormale entre le vagin et la vessie ou le rectum qui résulte d’un accouchement prolongé et difficile sans intervention médicale rapide. Elle entraîne une perte permanente d’urines ou de selles. Elle touche une frange de la population sénégalaise et reste encore méconnue. Chaque année, à peu près 400 à 500 femmes sont victimes de cette maladie qui survient lors des complications liées à l’accouchement et à la grossesse.

La maison d’accueil et d’appui à la réinsertion des femmes pour la prise en charge de la fistule obstétricale a été inaugurée, hier, à l’occasion de la journée internationale pour l’élimination de cette maladie. Ce centre intitulé « Diwaanu Tawfeex » a pour le moment accueilli une dizaine de malades, dont quatre d’entre elles ont déjà subi des opérations chirurgicales. Selon le professeur d’urologie à l’hôpital de Grand Yoff, Magaye Gaye, le nombre de nouveaux cas diminue. Mais chaque année, la maladie touche 400 à 500 femmes.

Par contre, 200 000 femmes sont enregistrées en Afrique sub-saharienne. ‘’Le coût du traitement est estimé à près d’un million de F CFA. Mais grâce à l’appui des partenaires et du ministère de la Santé, au Sénégal, les soins sont gratuits. Des cas sévères nécessitent une prise en charge adéquate’’, dit-il. D’après lui, ce centre permet d’accueillir les malades, de les transférer à l’hôpital général de Grand Yoff pour les besoins chirurgicaux et de les ramener, afin d’être formées aux activités génératrices de revenus.

Principalement, la fistule obstétricale affecte les filles et les femmes les plus vulnérables et les plus pauvres de la société vivant dans des zones enclavées, loin de tout service médical. La problématique est liée aux mariages et grossesses précoces, l’excision, les accouchements à domicile, les difficultés d’accès géographiques ou financières aux structures de santé. Le retard dans la prise en charge au niveau de ces structures et les faibles fréquentations des services de santé de la reproduction. Le taux de prévalence reste encore élevé, dans les régions de Kolda, Tambacounda, Ziguinchor et Matam. Les malades sont souvent victimes de pathologies handicapantes ou d’exclusion sociale.

‘’Seules 22% des femmes ont entendu parler de la fistule’’

Pour le ministre de la Femme, de la Famille et de l’Enfance, Mariama Sarr, la sensibilisation doit être renforcée. Car, annonce le ministre, seules 22% des femmes ont entendu parler de la fistule obstétricale, d’après les études de l’EDS V 2010/2011. Ce premier jalon constitue, à son avis, un symbole d’espoir d’une vie meilleure pour ces femmes et filles. ‘’Des mesures sont prises par le gouvernement, en vue de prendre en charge ces femmes. J’en cite le développement et la promotion d’une ligne d’assistance Numéro vert pour le signal et l’orientation des femmes’’, dit-elle.

‘’Mon mari, qui ne pouvait plus attendre, m’a abandonnée’’

Une victime de la fistule obstétricale, âgée de 33 ans, raconte sa mésaventure. ‘’J’ai eu cette maladie à l’âge de 17 ans. Je l’ai eue lors d’un accouchement. J’habite à ‘’Bambey Takh’’. J’y ai grandi. Cela fait 16 ans que je traîne cette maladie. J’ai beaucoup souffert jusqu’à présent. Je ne suis pas totalement guérie. J’ignorais les centres qui soignent cette maladie et je ne savais quoi faire.

Mon mari, qui ne pouvait plus attendre, m’a abandonnée. J’ai commencé les traitements, grâce à une sage-femme qui est à Gaspard Camara. Aujourd’hui, je suis à ma troisième opération chirurgicale et je rends grâce à Dieu, car, je suis régulièrement des soins. Je vis à Dakar avec ma famille. Mais, nous sommes souvent victimes de stigmatisation dans la société. J’invite les filles à éviter le mariage précoce, car les conséquences sont multiples et désastreuses.’’ 

AIDA DIENE

 

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