TOTAL a-t-il des gendarmes à son service ?
On savait que SENAC, le concessionnaire de l’autoroute à péage avait la gendarmerie (…) sur son autoroute. Ce qu’on ne savait pas c’est que son acolyte, la compagnie pétrolière Total, aurait lui également des gendarmes dans ses cuves et citernes.
J’ose espérer que le journaliste et écrivain Boubacar Boris DIOP ne pensait pas si bien dire quand il affirmait que ‘’les intérêts français au Sénégal n’ont jamais été aussi bien servi que sous le régime du Président Macky SALL’’.
Cet article, je l’ai lu sur le portail d’information Seneweb et, le même jour, j’ai suivi sur la RTS, après un reportage du journaliste Ousmane Ngary Faye sur la sortie de la promotion Macky Sall de l’Ecole d’État-major de Koulikoro au Mali, l’interview du Capitaine de Gendarmerie Samba Diallo, 3eme de la promotion, derrière un autre officier sénégalais dont j’ai oublié le grade et du nom de B.F. Diallo. Le Capitaine Samba DIALLO disait en substance qu’il est maintenant assez outillé pour exécuter toute mission que voudrait bien lui confier la hiérarchie ou l’autorité. C’est moins ces paroles de l’officier que la performance qu’il a réalisée, en compagnie d’un frère d’arme, qui a retenu mon attention.
J’ai éprouvé de la fierté et du respect pour ces deux dignes fils du Sénégal.
Quel lien avec ce qui suit vous demanderez vous certainement et avec raison.
Le respect et l’admiration que j’avais et que j’ai encore pour la maréchaussée a pris un sacré coup avec l’évènement auquel j’ai pris part en tant qu’un des acteurs mais également victime.
Celui-ci mettait en jeu un gendarme, des intérêts français et un citoyen sénégalais qui, après une journée de travail rentrait paisiblement chez lui pour jouir d’un repos mérité.
En effet, le vendredi 19 juin, aux environs de 18 heures et trente minutes, alors que j’étais sur la voie extérieure de sortie (voie gauche) pour prendre la gare de péage de Pikine, le chauffeur d’un camion-citerne de la compagnie pétrolière Total que la position sur la route devait normalement amener à continuer en direction de poste Thiaroye a soudainement tenté en passage en force, au risque de percuter le véhicule que je conduisais, pour sortir sur Pikine, manœuvre à laquelle je me suis fermement opposé.
Tous les autres véhicules qui étaient dans la même situation que ce camion ont été obligés, par l’élément du peloton autoroutier de la Gendarmerie en faction, soit à faire un détour par poste Thiaroye, soit à se ranger sur la gauche de la sortie de Pikine où ils se faisaient qui verbaliser, qui retarder ou, pour les plus chanceux, sermonner. Le chauffeur du camion-citerne de Total devait en toute logique faire partie de ce lot. Mais que nenni.
Avec l’insistance du chauffeur du camion, dont l’infraction était d’une évidente flagrance, à forcer le passage et la résistance que je lui ai opposée sur une trentaine de mètres, je fus obligé de rabattre le rétroviseur droit de mon véhicule pour éviter de le perdre. Malgré tout, le chauffeur du camion de Total continuait sa vaine forfaiture sous les yeux permissifs de l’élément de gendarmerie qui observait la scène. Je persiste et signe pour dire que le gendarme observait bel et bien la scène et c’est ce qui m’a conforté dans mon droit de ne pas céder le passage au camion.
Pendant que cet incident se déroulait, la collègue de bureau que je transportais qui a également remarqué l’évidente passivité sinon sa permissivité (du haut de son siège le chauffeur du camion surplombait la scène et voyait le gendarme qui était quasiment en face de nous) comme d’ailleurs tous les autres automobilistes à proximité m’a dit : ‘’Il ne va rien arriver au chauffeur parce que c’est TOTAL’’.
En toute naïveté et légaliste que je suis jusqu’au bout des ongles, je l’ai non seulement pas crue, mais mieux, j’ai souhaité et prié qu’elle n’eût pas raison.
Elle avait malheureusement raison car le gendarme qui n’a rien raté de la scène a profité d’une voiture, dont le chauffeur avait fait la même chose que le chauffeur du camion, pour se désintéresser de la scène. Evidemment qu’il le sanctionna.
Si lechauffeur du camion de TOTAL a osé se comporter de la sorte devant un homme censé représenter la loi, c’est assurément qu’il se savait à l’abri de toute sanction, que son appartenance à la compagnie pétrolière TOTAL lui conférait une TOTALE impunité sur l’autoroute propriété de son acolyte, la société SENAC.
Ce gendarme devrait bien avoir une gêne intérieure quand il sanctionnait ce chauffeur qui avait ‘’seulement’’ violé le code de la route mais n’avait pas mis en danger la vie d’autrui. Il n’avait pas non plus, comme ce chauffeur de TOTAL, fait fi de la présence de l’homme de loi, et amené celui-ci à se discréditer par son comportement à tout point de vue répréhensible.
Fallait-il que le chauffeur de la compagnie TOTAL m’écrasât avec son camion pour qu’il daignât le verbaliser.
J’ai éprouvé un sentiment d’humiliation et de honte.Mais j’ai surtout éprouvé de la colère du fait de ce gendarme qui s’est discrédité et terni, aux yeux de tous ceux qui ont suivi la scène, l’image de cette prestigieuse institution qu’est la gendarmerie. Tout le contraire des deux officiers dont j’ai parlé au début.
L’attitude de ce gendarme me fonde légitimement hélas, à penser que comme la société SENAC, les gendarmes du peloton autoroutier servent également les intérêts de la compagnie pétrolière TOTAL.
D’ailleurs si l’on se fonde froidement sur un certain nombre de faits et de situations notamment (…) l’arrogance des dirigeants de SENAC face aux interpellations des usagers sur la cherté du péage sur l’autoroute, la toute-puissance de EIFFAGE dont le Directeur Général s’affiche ostensiblement aux côtés des dirigeants de ce pays, on peut conforter le journaliste Boubacar Boris DIOP dans son affirmation si l’on sait par ailleurs que TOTAL a fini d’imposer son diktat à l’administration sénégalaise dans le cadre de ses acquisitions de carburant pour ses services.
En effet, TOTAL a fait échec au principe du ‘’paiement après service effectué’’ en exigeant un règlement intégral avant toute livraison de carburant.
EN TOTALE IMPUNITE
Je vais emprunter au sémillant et tonitruant avocat, Maitre El Hadj DIOUF, cette expression célèbre du moine dominicain et député de la Constituante en 1848 qui disait ‘’Entre le fort et le faible, entre le riche et le pauvre, entre le maître et le serviteur, c'est la liberté qui opprime et la loi qui affranchit’’. ….
Je vous laisse le soin de conclure.
Massamba DIA
Cité Technopole Pikine Rue 10