Publié le 24 Jul 2015 - 14:43
POLITIQUE DE MIGRATION INTERNE ET DIASPORA

Le Sénégal se cherche toujours

 

Les autorités veulent prendre à bras le corps la problématique de la migration interne et celle de la diaspora, en collaboration avec l’organisation internationale pour la migration (OIM). C’est dans ce sens qu’un document d’élaboration de la politique nationale de migration est en préparation.

 

Malgré la vague meurtrière d’émigration clandestine au milieu des années 2000 ainsi que celle plus récente aux larges des côtes italiennes, le Sénégal ne dispose pas à ce jour d’un document de politique nationale sur la question de la migration. Un impair que le lancement de la politique nationale intégrée de migration du Sénégal compte corriger. ‘’Ça fait au moins deux ans que nous essayons d’y remédier autour du phénomène migratoire. Il est temps que le Sénégal ait un document de référence en la matière. Avoir une réponse à la question de la diaspora est une chose, mais nous avons besoin d’une réponse cohérente, multisectorielle et pluridisciplinaire’’, a déclaré hier la présidente de l’Association Migration Leadership Développement (AMLD), Ndioro Ndiaye, lors de la cérémonie de lancement à Dakar. Selon elle, le pays doit tout faire pour avoir un document-repère avec des ‘‘indicateurs précis et une matrice d’analyse claire pour savoir où on va, où on veut aller’’.

 Un document d’autant plus urgent que le pays connaît une forte dynamique migratoire. Trois millions de Sénégalais constituent la diaspora, selon la représentante de l’OIM à Dakar, Joeline Anderson. Un chiffre différent des 156 676 du dernier recensement, soit 2% de la population. Ces migrants  introduisent 800 milliards de F Cfa par an, soit 10% du PIB. Un montant qui dépasse de loin le montant de l’aide publique au développement. Un rôle de catalyseur pour le développement que les autorités comptent encadrer. ‘’Tous les pays de la zone n’ont pas de véritables politiques en matière migratoire, donc pas de document de référence. La volonté des autorités est de se doter d’un document de référence qui permettra de prendre en charge de façon efficiente cette question.

C’est une problématique transversale qui fait intervenir tous les ministères. Nous voulons un document divers et varié et à ce titre, nous allons explorer toutes les possibilités ouvertes’’, explique Pierre Ndiaye, directeur général de la planification d’études des politiques économiques. Pour lui, la croissance démographique rapide affecte le modèle migratoire. ‘‘84% des faits migratoires en Afrique de l’ouest sont en direction de pays de la sous-région. Les facteurs générateurs de cette question sont alimentés par les déstabilisations politiques et économiques dans un contexte de mobilité humaine sans précédent dans l’histoire de l’humanité ’’, poursuit-il.

Cette initiative rentre dans le cadre d’un projet financé par le fonds de l’OIM pour l’élaboration de la politique nationale de migration au Sénégal. Mme Andersen, le chef de bureau de l’organisation au Sénégal, estime que ‘‘la gestion des frontières, la gestion des droits humains’’ seront particulièrement ciblées parmi la liste des six thématiques  à l’ordre du jour. ‘‘Nous apportons un financement et notre assistance technique pour l’élaboration de cette politique au Sénégal jusqu’à l’obtention du document car, renseigne-t-elle, il va permettre d’avoir un cadre pour mieux coordonner la multitude d’initiatives qui existent, qui sont disponibles aux migrants, mais qui ne sont pas forcément bien communiquées et coordonnées aux migrants de la diaspora et aux migrants internes’’.

Ousmane Laye Diop

 

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