Réponse à Seydi Ababacar Ndiaye Sg du Saes
Grande a été ma surprise à la lecture de l’interview de M.Seydi Ababacar Ndiaye Secrétaire Général du SAES, publiée par l’Enquête dans sa parution du 05 Aout 2015, en particulier sur les passages concernant les médecins militaires universitaires.
M.Ndiaye allègue ceci : ‘’….Je crois qu’il y a un des collègues militaires qui a été directeur d’UFR santé à Thiès et je crois qu’il a entendu mon conseil……J’avais dit, il y a deux ans, que les militaires n’ont qu’à créer une faculté de médecine militaire s’ils veulent, pour s’occuper des questions spécifiques de blessures qu’on peut avoir en temps de guerre. Ou bien s’ils veulent rester avec nous, qu’ils démissionnent. Celui-là a démissionné. Mais eux, ils ne veulent pas démissionner. …… Si ça continue, on peut arriver un jour à avoir un certain président de la République avec certaines idées et qui n’hésiterait pas à nommer à l’Université un recteur militaire. Vous pensez qu’on va accepter ça…..?’’
Ces allégations sont une contre vérité totale; je n ‘ai absolument pas démissionné de l’Armée sénégalaise parce M Seydi Ababacar Ndiaye m’a conseillé de le faire. Ces propos sont parfaitement mensongers.
1/Je n’ai jamais rencontré Seydi Ababacar Ndiaye
Je dois préciser que, je n’ai jamais vu Mr Seydi Ababacar Ndiaye que sur les écrans de télévision. Et la seule fois où je lui ai parlé au téléphone, c’est ce Samedi 8 Aout 2015, pour lui signifier, quand j’ai fini de lire l’article, toutes les contre vérités qui y étaient contenues. M Seydi Ababacar Ndiaye m’a alors demandé, d’user de mon droit de réponse pour rétablir la vérité des faits.
Je dois noter aussi avoir reçu une fois, un message de M Seydi A Ndiaye le 26 Mars 2015 à 16h50 : voici les termes de son message. :
‘’Je suis au courant de ce que vous êtes entrain de réaliser à Thiès ; Je compte vous rendre visite sous peu car nous avons besoin de managers de votre trempe dans un contexte de rareté des ressources ; Que Dieu vous accompagne. Signé Seydi Ababacar Ndiaye SG SAES’’
Alors, je vais rester très courtois tout au long de ce texte.
2/ Précisions sur les Lois et Règlements
Selon les termes de nos différentes lois, un médecin militaire peut parfaitement être Doyen, chef de service hospitalo-universitaire, Président de Commission Médicale d’Etablissement. (Loi 81-59 ; Décret Numéro 81-1212 ; voir les articles 3 et 17). J’ai d’ailleurs personnellement occupé tous ces postes hospitalo-universitaires, pendant mes 25 ans de carrière universitaire. Je vous prie, cher collègue de bien lire encore une fois, les lois et décrets régissant le personnel universitaire, et que vous citez fort bien, mais aussi les récents arrêts de la Cour Suprême ( notamment l’Arrêt N° 17 du 22 Mars 2012 J /223 / PG /11 ). Ils vous aideront à mieux comprendre, j’en suis sûr.
3/ Sur ma prétendue démission de l’Armée :
Tout de même, j’en suis actuellement au terme de mon deuxième et dernier mandat de directeur, et je devrais passer le relais dans quelques semaines à mon successeur.
Pourquoi devrais je attendre les derniers semestres de mon dernier mandat pour finalement entendre les prétendus conseils de M.Seydi Ababacar Ndiaye pour comme il dit ‘’démissionner de l’Armée’’, parce que je n’aurai pas ma place à la Direction de cette faculté en tant que Médecin Colonel et malgré mon statut de Professeur Titulaire des Universités depuis quinze ans.
En réalité, depuis 7 ans que je dirige l’UFR, les syndicalistes et autres antimilitaristes m’attaquent, et me manifestent régulièrement leur hostilité. Les coupures de presse peuvent en témoigner à souhait. Si j’avais accordé un quelconque crédit à ces arguments qui manquent de cohérence et qui sont sans fondement sérieux je serais parti depuis 6 ans maintenant.
Nous n’avons jamais répondu d’une façon ou d’une autre à ces attaques insensées et puériles. Nous avons préféré nous concentrer sur notre sujet, et nous avons des résultats indiscutables.
J’ai été élu à deux reprises avec 100 % des voix, étant déjà seul Médecin Militaire parmi les collègues membres du Conseil d’établissement, et électeurs.
Je leur remercie encore une fois de leur confiance, et de l’énorme travail qu’ils ont abattu à mes côtés.Suite au Procès Verbal des élections en date du 30 Octobre 2009, j’ai été nommé Directeur de l’UFR des Sciences de la Santé de l’Université de Thiès par Décret présidentiel N° 2011-333 en date du 16 Mars 2011. Exactement, comme cela se passe avec tous les établissements d’enseignement supérieur, de notre pays.
Alors où se situe l’irrégularité ?
L’UFR Santé de Thiès, peut être considérée comme une fierté sénégalaise, et une exception dans l’univers de l’enseignement supérieur sénégalais actuel au triple plan de l’approche pédagogique, des innovations, et des résultats obtenus. A l’UFR Santé de l’Université de Thiès, nous ne sommes ni civil ni militaire, nous sommes des sénégalais engagés pour faire avancer notre jeunesse et notre pays dans la voix du développement et de l’excellence.
4 /Fin des missions et non démission
C’est récemment, à la fin de mon deuxième et dernier mandat de directeur de l’UFR Santé, après 34 ans passés dans l’Armée Sénégalaise, et Médecin Colonel pendant 9 ans, que j’ai demandé et obtenu de Mr le Président de la République de bien vouloir m’accorder comme les textes m’y autorisaient (au-delà de 25 ans de carrière), une retraite anticipée et m’inscrire au corps des officiers de réserve, avec mon grade de Colonel.
Cette demande acceptée, était bien motivée par des raisons personnelles, et des choix, que mes amis proches et parents connaissent très bien. En particulier, j’ai maintenant beaucoup d’engagements au plan international. Mes motivations n’ont rien à voir avec ma carrière de Médecin Militaire et d’Universitaire, déjà fort bien remplie. Nous rendons grâce à Dieu.
5/L’équation du Recteur militaire
Aussi, M. Seydi Ababacar Ndiaye semble très préoccupé par l’idée qu’un jour un Militaire soit nommé recteur d’une Université Sénégalaise, et il le dit souvent. En cela, M. Ndiaye semble être le seul à ignorer que j’ai été bien pressenti par la tutelle pour le poste de recteur de l’Université de Thiès, en Octobre 2010, du fait uniquement de mon travail et de mon engagement. J’ai dû faire preuve de beaucoup de persuasion pour convaincre la tutelle jusqu’à la veille du Conseil des Ministres, de ne pas valider mon éventuelle nomination. Ceci, pour disais-je, continuer à me consacrer exclusivement à la consolidation de la deuxième faculté de Médecine publique du Sénégal. Ce qui était un enjeu de taille. Les collègues de Thiès et Dakar, comme le cabinet du MESR de l’époque pourraient vous le confirmer. Pour simplement vous dire que les postes ne nous obnubilent point, et nous ne les cherchons même pas. En tous les cas, le Président de la République nomme aux emplois militaires et civils qui il veut. Je note que M. Ndiaye dit qu’il ‘’… n’acceptera pas qu’un militaire soit recteur…). Je n’en ferai aucun commentaire.
Je pense personnellement que Monsieur le Président désigne qui il veut, dans n’importe quelle fonction, dans l’unique intérêt du Sénégal.
6/Une méconnaissance profonde du système médical
En lisant votre argumentaire sur les Médecins militaires, je ne peux m’empêcher d’être triste. Il procède d’une parfaite méconnaissance des systèmes de formation des médecins militaires. Ils doivent être diplômés d’Etat au même titre que tous les autres médecins pour ne point être dans une situation d’exercice illégal de la Médecine. Penser comme vous dites qu’ils doivent être cantonnés à … ‘’s’occuper des questions spécifiques de blessures qu’on peut avoir en temps de guerre’’, est une pure hérésie. L’histoire de l’enseignement et la pratique médicale au Sénégal nous apprend que tous ses fondateurs étaient des médecins militaires. Les exemples font légion : Professeurs Maurice Payet et Mark Sankalé, tous deux anciens doyens ( Médecine Interne) Prs SOHIER (Anatomie), Boiron (Microbiologie), Carmain (Anatomie pathologique) Henri Collomb (Neuro-Psychiatrie), Bézes (Orthopédie), Armengaud (Maladies infectieuses) Linhard (hématologie), Baylet (Santé publique), Pills, Josselin et Kerarho (en Pharmacie) et Grappin ( en Chirurgie dentaire) ; Notre maître, Feu le Pr Ibrahima Diop Mar (Maladies Infectieuses), ancien doyen de la Faculté de Médecine a été le premier médecin militaire déployé sur un théâtre d’opération en 1961 au Chabaa par l’Armée Sénégalaise.
La création de l’Ecole Militaire de Santé en 1968, avait trois objectifs principaux : Fournir des médecins militaires à la troupe ; Apporter du personnel médical à la Santé publique en particulier aux localités éloignées de Dakar; et Contribuer à l’enseignement de la Médecine, à la recherche et aux soins médicaux spécialisés pour les populations sénégalaises.
Cher Collègue, les sénégalais qui fréquentent les médecins militaires dans les hôpitaux civils et militaires (HPD, HMO) apprécieront le caractère très iconoclaste de vos propos. Les médecins militaires sauront également apprécier, la ‘’haute idée’’ que l’ancien enfant de troupe leur tient. L’Armée nationale, fait partie intégrante des institutions de la République et a bien écrit et continue d’écrire de belles pages de la Médecine au Sénégal.
7/ Ayons plus de sérénité , chers collègues médecins
Je finis par dire que médecins civils, médecins militaires, nous sommes tous des frères et sœurs, nous nous connaissons, et avons tout fait ensemble malgré les uniformes que nous portions. Les vrais combats devront être menés sur d’autres terrains : l’amélioration de la qualité de l’enseignement, et des soins rendus à nos populations, la prise en charge des problèmes de la Santé Publique, les problèmes de développement etc..
La poussée d’agitation actuelle est liée aux récentes délibérations de la Cour Suprême, rétablissant des collègues médecins militaires dans leurs droits fondamentaux à l’Université. Respectons la justice de notre pays.
La Cour Suprême a délibéré et a dit le Droit. Les collègues qui pourraient se sentir lésés peuvent se rapprocher de cette respectable institution, et qu’on arrête de porter ce débat stérile sur la place publique. Je pense pour finir qu’une attitude responsable doit inspirer au mieux le respect de nos institutions judiciaires qui ont vidé le débat.
Il est temps de se remettre enfin au travail.
Très cordialement
Dr Mamadou Mourtalla KA
Médecin Colonel (CR), Professeur Titulaire des Universités
Agrégé de Médecine interne
Chevalier des Palmes Académiques du CAMES
Médaille des Nations Unies Pour la Paix
Membre du Collège Royal des Médecins de Londres
Directeur de l’UFR Santé de l’Université de Thiès
Vice Recteur chargé de la Pédagogie, et de la Vie Universitaire