Publié le 19 Aug 2015 - 22:17
LIBRE PAROLE

Quand Macky Sall fait dans le racolage des ‘’produits périmés’’

 

L’annonce du ralliement de Djibo Kâ à la mouvance présidentielle a laissé beaucoup de Sénégalais indifférents ou dédaigneux, tant l’homme les a habitués à des retournements de veste.

Mais, au-delà d’une énième volte-face du leader de l’Union du Renouveau Démocratique (URD) c’est plus ce sont les pratiques abjectes, les manœuvres sordides et bassement politiciennes, mais surtout l’obsession morbide du président Macky Sall à racoler des souteneurs à tout va, sans se soucier le moins du monde de leurs vertus politiques ou de leur popularité réelle, qui turlupine les Sénégalais.

Pour quelqu’un qui a été presque plébiscité, avec plus de 65% des suffrages des électeurs, qui est devenu président de la République à un âge très jeune (51 ans), après un parcours exceptionnel qui l’a vu gravir les plus hauts échelons de l’Etat jusqu’à culminer er trôner à la magistrature suprême, et qui, enfin, jouit d’un préjugé favorable et concentre autant d’atouts autour de sa personne, rien ne justifie a priori qu’il se mette la pression inutilement en s’encombrant d’individus qui trainent trop de casseroles, pour lui être d’une quelconque utilité. Des « produits périmés » et bons pour la poubelle.

Assurément, les ralliements de Djibo Kâ, et Bécaye Diop portent plus préjudice au président Macky Sall qu’ils ne lui confèrent d’avantages. C’est un fait, le président Macky Sall n’a pas besoin de ces deux là ou de leurs semblables pour aller au bout de ses ambitions. Voilà des personnes qui trainent, chacune, une mauvaise réputation, qui n’ont pas bonne presse, qui sont trop controversées, en perte de vitesse et qui symbolisent un passé pas très réjouissant. Qu’est ce que ces « has been » peuvent lui apporter ? RIEN. Par contre, ils peuvent lui coûter très cher car rien que leur présence aux côtés de Macky Sall peut dégouter certains militants de l’Apr et inconditionnels de Macky Sall au point de lui tourner le dos.

Car, une chose est sûr : à l’instar de Moustapha Niasse, Ousmane Tanor Dieng, Amath Dansokho et tutti quanti, s’il ne tenait qu’à eux, Macky Sall ne serait jamais élu président de la République. Djibo Kâ, Bécaye Diop, Ousmane Ngom entre autres étaient là et n’avaient pas bougé le plus petit doigt quand le président Abdoulaye Wade et le Pds faisaient des misères au président de l’Assemblée Nationale qu’était Macky Sall.  Ils étaient encore là, pendant la traversée du désert de Macky Sall, comme des ministres des différents gouvernements du président Wade, pour qui ils ont voté au premier comme au second tour de la présidentielle de 2012, contre Macky Sall. S’ils se jettent aujourd’hui au cou de Macky Sall pour lui faire une accolade, c’est le baiser de Judas. Les fleurs qu’ils lui jettent aujourd’hui remplacent les pierres d’avant le 25 février 2012.

Mais, il y a pire. Tous ont un passé et un passif handicapants et qui leur ôtent tout crédit et toute crédibilité aux yeux de Sénégalais, faisant qu’ils doivent être, à la limite, infréquentables.

Djibo Kâ, c’est le symbole de la tortuosité (…). En 2000, Djibo Kâ a été la triste vedette de l’entre-deux-tours de l’élection présidentielle à cause de son jeu de yo-yo et de valse-hésitation entre Abdou Diouf et Abdoulaye Wade. On se rappelle encore ses circonvolutions, tournoiements et louvoiements pour jouer au plus malin entre les deux candidats qualifiés au second tour. Hélas pour lui, il a joué et il a perdu, en entrainant le président Diouf dans sa chute. C’est à partir du revirement de Djibo Kâ dans l’entre-deux-tours qu’Idrissa Seck l’a peint sous les traits d’homme tortueux et dont la parole donnée n’a aucune valeur.

Djibo kâ avait déclaré avoir parlé au président Abdou Diouf en ces termes : « Je l’ai regardé les yeux dans les yeux pour lui demander de partir ». Quelques jours après, il est allé rejoindre le président Abdou Diouf qui, malheureusement pour Djibo, sera battu par Abdoulaye Wade. Mais, cela n’a pas empêché Djibo Kâ d’aller rejoindre par la suite le Président Abdoulaye Wade, qu’il ne manquait pourtant pas de faire arrêter par la Police et de l’envoyer souvent en prison quand il était tout-puissant ministre de l’intérieur au plus fort du régime du Parti Socialiste sous Abdou Diouf.

‘’Feuilles mortes’’

En 2015, Djibo Kâ, membre du Front patriotique pour la Défense de la République (Fpdr) aux cotés de Mamadou Diop Decroix, Oumar Sarr, Pape Diop, Abdoulaye Baldé, Cheikh Bamba Dièye et consorts, avait déclaré il y a quelques jours que : « Macky dou dem » et autres joyeusetés. Lors d’une récente visite à la Cité Tobago, avec les leaders du Front Patriotique, Djibo Kâ avait tailladé en quatre pièces le gouvernement. Quelques jours après, il est allé rejoindre le président Macky Sall. Pas prophète chez lui, Djibo Kâ a été emporté dans son patelin du Djolof par « l’ouragan Aly Ngouille Ndiaye », qui l’a battu, jusque dans son bureau de vote, lors des dernières élections qui s’y sont déroulées.

( …)  De Me Ousmane Ngom, on dit que c’est l’un de ses lieutenants que Me Abdoulaye Wade, qui lui a même payé ses études, considère comme son propre fils. Dans le cadre de l’« entrisme », Me Wade le mettait dans ses bagages quand il fallait intégrer le gouvernement de majorité présidentielle élargie. D’ailleurs, Me Ousmane Ngom a été qualifié de « meilleur ministre de la Santé » des gouvernements du président Abdou Diouf.

Aussi, le poste de premier ministre qu’on occupé successivement Idrissa Seck et Macky Sall devrait-il échoir à Ousmane Ngom s’il n’avait pas entretemps perdu la confiance et l’estime du « Pape du Sopi » qu’il avait quitté avec fracas en 1998 pour, dans un premier temps, former son parti politique, le Parti libéral sénégalais (Pls) et, dans la foulée, soutenir la candidature du président Abdou Diouf à l’élection présidentielle de 2000, en compagnie d’un certain Jean Paul Dias. C’est ainsi que Me Ousmane Ngom a laissé filer entre ses doigts, « l’héritage wadien » qui lui était destiné.

Mais, le plus dramatique dans cette séparation, c’est l’irrévérence dont Me Ousmane Ngom avait fait montre à l’endroit de son « maître », en le toisant publiquement et en l’invitant à le rejoindre à la mosquée de Mermoz, après la prière du vendredi, pour jurer sur le Saint Coran et régler leurs contradictions devant témoins. Ce défi était accompagné de déclarations très déplacées comme : « Maître Wade m’a appris tout ce qu’un homme bien ne doit pas faire » ou en « Me Wade parle en démocrate, mais agit en monarque ». Après la victoire de Me Abdoulaye Wade à l’élection présidentielle de 2000 sur Abdou Diouf, Me Ousmane Ngom ne s’est pas fait prier pour retourner, tête basse, (…) « dans la maison du père » pour une fusion entre le Pls et le Pds. Mais, il a perdu la confiance de ses frères et sœurs libéraux désormais très méfiants à son égard.

« Qui trahit une fois, trahira toujours », ne cessaient-ils de dire. Qu’à cela ne tienne, l’attachement qu’il avait pour son « fils » Ousmane Ngom était tel que le président Wade avait préféré tout oublier pour lui donner encore des responsabilités dans le gouvernement. Dans l’imaginaire collective des Sénégalais, Me Ousmane Ngom, c’est le ministre de l’intérieur qui a signé l’arrêté n° 7580/MINT/SP du 20 juillet 2011 qui interdit toute manifestation dans l’espace compris entre le Cap Manuel et l’avenue El Hadj Malick SY. Me Ousmane Ngom, c’est le ministre de l’intérieur quand l’étudiant Mamadou Diop était mortellement fauché par le « Dragon » pendant une manifestation du M23 à la Place de l’Obélisque, qui avait malheureusement dégénéré.

Grandeur et décadence d’un homme, Me Ousmane Ngom c’est aussi ce responsable du Pds que des éléments encagoulés et armés jusqu’aux dents, de la brigade d’intervention polyvalente (BIP) de la Police Nationale appuyés par le Groupement mobile d’intervention (GMI) sont allés cueillir manu militari, le 20 juin 2012 à Kolda, où il était en campagne électorale pour les élections législatives, et le ramener, par les airs, à Dakar afin qu’il y soit cuisiné par les pandores de la section de recherches de la Gendarmerie nationale de Colobane.

Par ailleurs, sa base politique au quartier de Léona à Saint Louis ne lui a jamais donné la force nécessaire pour rivaliser dans la vieille ville en face des ténors comme Me Alioune Abatalib Guèye, Feu Ousmane Masseck Ndiaye, Cheikh Bamba Dièye, Ahmed Fall Braya, et maintenant Mansour Faye. Le couteau à la gorge, Me Ousmane Ngom qui disait : « je suis dans une prison à ciel ouvert avec ma famille » et son épouse, Aline Correa, ont été beaucoup secoués et auditionnés dans le cadre de la traque des biens mal acquis. Il se dit même qu’il aurait transigé pour être tranquille. A-t-il troqué son appartenance au Pds contre son ralliement (Ndlr annoncé mais pas encore officiel) à Macky Sall ? (…)

Bécaye Diop et ses bourdes

Quant à Bécaye Diop, il s’est rendu tristement célèbre avec ses nombreuses bourdes comme lorsqu’il s’est rendu un jour dans la ville sainte de Touba et, sous l’exaltation, a fait cette déclaration saugrenue : « Affaire bi fii la », installant le malaise chez ses hôtes et semant le trouble dans l’esprit des Sénégalais chez qui de telles insinuations, qui opposent les confréries, ne sont pas bénies.

Une autre bourde grave de Bécaye Diop, alors ministre des Forces armées, a été de donner des chiffres sur les effectifs des armées sénégalaises. Une information classée secret-défense. Problème : Monsieur ne savait pas ! Maintenant, le ralliement de Bécaye Diop à l’Apr ne fait pas sauter de joie les apéristes de Kolda où il a créé la zizanie et fait sortir de ses gonds le très pondéré ministre Abdoulaye Bibi Baldé. Indésirable à l’Apr-Kolda, Bécaye Diop continue d’essuyer les coups de boutoir de son ex-frère au Pds, le teigneux Fabouly Gaye, qui lui a chipé le leadership dans le Fouladou.

Cela dit, il faut fustiger et condamner, avec la dernière énergie, l’opportunisme de mauvais aloi du président Macky Sall qui profite du malheur d’autrui pour essayer de satisfaire ses propres intérêts. Sinon, comment comprendre que le chef de l’Etat, au détour d’une visite de présentation de (sincères ?) condoléances, alors que le cadavre du défunt ne s’est pas encore refroidi, fasse des appels du pied à son hôte éploré pour qu’il transhume à l’Apr ou rejoigne la mouvance présidentielle. Le même vil procédé a été constaté chez Bécaye Diop, puis chez Me Ousmane Ngom. En attendant les autres. Le président Macky Sall doit retenir, une fois pour toutes, que seul le travail bien fait, et la prise en charge sérieuse et correcte des problèmes des Sénégalais, lui fera rempiler en 2017.

Alors, les Sénégalais devraient être inquiets car le président Macky Sall, obsédé, obnubilé, hanté et préoccupé par un second mandat, ne travaille plus et ne vit plus que pour sa réélection. Pour cela, il racole large, vit d’expédients et s’abrite à l’ombre de feuilles mortes d’un arbre. Des feuilles mortes, voilà ce que sont Djibo Kâ, Bécaye Diop ou Me Ousmane Ngom. Vent ou pas, ça tombe tout seul.

Pape SAMB

Ndrl : certains passages ont été élagués par la Rédaction

 

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