Quand les Algériens mangent du ciment, de la peinture...
Et si vous épiciez vos plats avec du ciment, de la brique ou de la peinture?
Vous n'êtes pas trop tentés? C'est pourtant ce qui arrive à nombre d'Algériens à leur insu, rapporte El Watan, dans un article édifiant publié le 24 mai: «Les épices, au prix assez élevé, sont pour la plupart contrefaites par des commerçants véreux qui ne se font aucun souci pour la santé des citoyens.» Un fait divers tout à fait anodin met en lumière ce phénomène qui «prend de l'ampleur» et «en dit long sur les pratiques commerciales» en Algérie, continue le quotidien. Deux grossistes ont été interpellés et confondus par la Gendarmerie nationale, alors qu'ils étaient en possession d'une «grosse quantité» de piments rouges. Enfin pas tout à fait... Après analyse dans un laboratoire scientifique, ces piments se sont avérés n'être que du colorant rouge synthétique. De la peinture. En grossissant le trait, vous pourriez un jour vous retrouver à manger un Tajine à la gouache séchée.
Mais le colorant synthétique n'est pas le pire, prévient El Watan
«C'est un peu moins nocif que la brique pilée que d’autres résultats du laboratoires ont découverte en d’autres lieux. Certains consommateurs ingurgitent de la brique qui est de même couleur que le piment rouge.» Une autre arnaque consiste à vendre du faux poivre en le remplaçant... par du ciment! La brique pour le rouge du piment, le ciment pour le noir du poivre. Astucieux! Et, pourquoi pas, de l'argile pour imiter le safran...? En vendant ces épices, les escrocs épinglés par la gendarmerie se sont certainement bien remplis les poches. «Le plus drôle dans l’histoire, c’est que nos commerçants indélicats qui pratiquent la vente de grandes quantités de produits sans étiquetage ni traçabilité, n’ont écopé que de 10.000 DA [100 euros] d’amende chacun», s'insurge encore El Watan. Et ce n'est pas tout. Que diriez-vous si l'on vous apprenait que le tabac que vous chiquez est en réalité de la bouse de vache, mélangée avec de la chaux? Histoire vraie, enchérit le quotidien, avant de rappeler que l'information n'est pas nouvelle. En effet, dès 2011, le quotidien El Khabar mettait également en garde contre les pratiques peu scrupuleuses de certains commerçants: «Le café est généralement mélangé avec des pois chiche et de l’orge, les vendeurs mélangent aussi des épices avec de la terre, le blé concassé est également trafiqué en y ajoutant un colorant pour lui donner une couleur verte pour faire croire qu’il est de fabrication récente.» La liste est interminable, et celle des personnes ayant subi des intoxications alimentaires, aussi.
(SlateAfrique)