L'armée lance une opération dans le bastion de Boko Haram à Maiduguri
Des troupes nigérianes ont lancé une opération mardi dans un bastion du groupe islamiste Boko Haram à Maiduguri (nord), où des explosions et des tirs pouvaient toujours être entendus plus de trois heures après le début de leur intervention, ont indiqué des habitants.
"Il y a eu au moins huit explosions dans cette zone où des soldats ont pénétré avec des chars et ont pris toute la région", a déclaré un habitant.
Un autre habitant de Maiduguri a déclaré que la ville, considérée comme le berceau du groupe islamiste qui se réclame des talibans afghans, avait été largement désertée dès le début de l'opération des troupes nigérianes.
Les accès aux rues ont été bouclées avant le début de l'opération militaire, ont ajouté des habitants.
Les explosions et les tirs ont commencé à secouer la ville vers 16H30 (14H30 GMT) et se sont arrêtés cinq heures plus tard, vers 21H00 (19H00 GMT).
Il était impossible de savoir si l'assaut avait fait des victimes, la zone étant bouclée et un couvre-feu ayant été instauré. Des habitants de Maiduguri ont ajouté que cette opération visait notamment les quartiers de Shehuri, Abbaganaram, Budum et Hausari. Les responsables militaires n'ont pu être joints par téléphone. "Depuis hier, des habitants de ces quartiers ont déserté leurs maisons", a ajouté un habitant. "Les explosions, selon la même source, ont commencé dans ces quartiers et des soldats ont encerclé ces zones".
Le groupe islamiste nigérian Boko Haram avait établi sa base à Maiduguri où règne un climat de peur. Les extrémistes qui se radicalisent toujours plus ont multiplié attaques et attentats suicide dans le nord et le centre du Nigeria, et à Maiduguri, les violences sont récurrentes.
Le groupe islamiste avait installé à Maiduguri son QG et sa mosquée, démolis en juillet 2009 par l'armée lors de la répression brutale d'un soulèvement du groupe islamiste, qui avait fait plus de 800 morts. Le groupe avait ensuite fait profil bas pendant un an avant de réapparaître et de mener des attaques de plus en plus sophistiquées et meurtrières. Leurs violences ont fait plus de 1. 000 morts depuis la mi-2009.
Avant le lancement de l'opération militaire de mardi, des soldats ont été accusés d'avoir commis des abus par des habitants, qui ont raconté des scènes où des soldats mettent le feu à des maisons et abattent des civils accusés de collaborer avec les islamistes. Des accusations que l'armée dit prendre au sérieux. Des milliers d'habitants ont quitté Maiduguri dans la spirale des violences qui a secoué cette ville du nord musulman du Nigeria, le pays le plus peuplé d'Afrique avec plus de 160 millions d'habitants.
Le groupe Boko Haram a revendiqué lundi l'attentat-suicide contre une église qui a fait quinze morts le 3 juin dans le nord-est du Nigeria, et menacé une nouvelle fois de s'en prendre aux journalistes, selon un communiqué transmis par mail à la presse.
Un kamikaze a tenté dimanche de faire exploser une voiture piégée dans une église de la ville de Bauchi, tuant au moins quinze personnes et en en blessant 40 à proximité. L'homme a foncé au volant de son véhicule sur un barrage à proximité de l'édifice. "Dieu nous a donné la victoire en lançant une attaque-suicide contre une église du quartier de Yelwa, dans la ville de Bauchi", affirme le communiqué de Boko Haram qui a été transmis lundi depuis une adresse mail déjà utilisée par le groupe pour revendiquer de précédents attentats.
Rédigé en haoussa, une langue parlée dans le nord du Nigeria, le communiqué ne donne aucune raison particulière pour justifier l'attaque, et par ailleurs ne précise pas l'identité du kamikaze. "Nous conservons les traces de tous les articles de presse à notre propos (. . . ). il est trop tard maintenant que nous avons établi nos plans et que nous allons commencer nos opérations, en particulier contre les journalistes", menace le texte. Boko Haram accuse les journalistes "d'articles partisans" pour avoir repris des communiqués officiels des autorités nigérianes tout en ignorant ceux du groupe islamiste.
Le Nigeria est divisé entre un Nord majoritairement musulman et un Sud à dominante chrétienne. Depuis l'élection, il y a un an, du président Goodluck Jonathan, un chrétien originaire du sud du Nigeria, Boko Haram a multiplié les attentats meurtriers, élargissant son théâtre d'opération et diversifiant ses cibles de façon spectaculaire. Après avoir multiplié les assassinats de policiers et de responsables locaux dans son fief du nord-est, le groupe a perpétré depuis un an une série d'attentats suicide dans la capitale Abuja, visant le siège de l'ONU, le QG national de la police ou encore un journal influent.
Les centaines de victimes sont en majorité musulmanes mais le groupe a également pris pour cible des chrétiens, dans des églises du centre et du nord.