Lynché pour leur avoir rétréci l'appareil génital
Soupçonnant un homme d’avoir rétréci leur sexe, 04 individus ont lynché un homme. Ils encourent six mois de prison ferme.
Le rétrécissement de sexe existe-t-il ou est-ce un phénomène psychologique ? En tout cas, le quatuor Mbaye Ndiaye, Gorgui Diallo, Doudou Kâ et Séga Fofana est convaincu que le nommé Ousmane Kâ a le pouvoir mystique de rétrécir un sexe. C’est pourquoi, ils lui ont fait passer un sale quart d’heure. Devant la barre du tribunal départemental de Dakar, ils se sont justifiés. ''Après qu’il nous a serré la main, raconte l'un d'eux, nous avons senti notre sexe se rétrécir comme un ballon qui se dégonflait''. Dépassés par cette déclaration, le président du tribunal ainsi que le délégué du procureur ont tenté de raisonner les prévenus. ''Il faut arrêter. Ils sont là ''vos bagages'' (vos sexes). Ils n’ont pas disparu. C’est juste psychologique'', leur ont lancé les juges. Ne se laissant pas démonter, les prévenus rétorquent : ''Personne d’autre ne peut comprendre ce que nous avons ressenti. Dès qu’il nous a serré la main, à la place du sexe, il y avait quelque chose de dur, même si l’on parvenait à uriner''. En revanche, les prévenus ont formellement nié avoir levé la main sur la partie civile. ''Nous ne l’avons pas battu. Nous l’avons simplement retenu pour qu’il nous rende nos sexes'', s’est défendu Mbaye Ndiaye.
Avec un pansement à la joue, la démarche traînante et réussissant difficilement à ouvrir la bouche, le témoignage de la partie civile a été tout autre. Ousmane Kâ a affirmé avoir été bel et bien lynché. ''J’avais sollicité leur concours pour retrouver le domicile d’un parent dont j’ignorais l’adresse. Après de vaines recherches, j’avais décidé de rebrousser chemin. Arrivée à leur hauteur, ils m’ont entraîné derrière un immeuble en m’accusant d’avoir rétréci le sexe de chacun d'entre eux''. Ainsi, ''lorsque je leur ai répondu que j’ignorais ce dont ils m’accusaient, les coups ont commencé à pleuvoir sur moi'', a laissé entendre le plaignant. Ousmane Kâ, éleveur âgé de 45 ans, a indiqué qu’il ne reconnaît que Mbaye Ndiaye parmi ceux qui l’ont lynché. Aussi, a-t-il réclamé la somme de 300.000 francs au titre de dommages et intérêts. Fustigeant l’attitude des prévenus, le délégué du procureur a demandé au président de mettre un terme ''à ce phénomène qui a causé tellement de torts à des individus''. Pour la répression, Yoro Moussa Diallo a requis six mois ferme. Un réquisitoire jugé ''extrêmement sévère'' par la défense. Aussi, Me Daouda Kâ a-t-il évoqué le phénomène de l’irrationalité en Afrique. Avant de plaider la relaxe pure et simple, pour cause d’imputabilité des faits.
Délibéré lundi prochain, 11 juin.
FATOU SY