Publié le 24 Dec 2016 - 03:30
MACKY SALL EN FRANCE

Entre l’accessoire d’un accueil et l’essentiel d’une visite réussie

 

La polémique a enflé ce dimanche lorsque le président Macky Sall fut accueilli à Paris par le ministre de la Fonction Publique Annick Girardin 15ème sur le rang protocolaire du gouvernement français. Un accueil qualifié de honte par certains esprits. Cependant cette polémique évanescente a été vite rangée au placard puisque son soubassement n’était vraiment pas solide. Elle tenait plus d’une volonté manifeste d’une opposition en rupture de représentativité qui a cherché à saper une visite historique et mémorable à tous points de vue que de tout autre chose. Le coup est raté.

L’histoire de la visite officielle de Macky Sall en France est une légende diplomatique à inscrire dans les rapports séculaires entre la France et le Sénégal. Certes les présidents Senghor et Abdou Diouf furent les premiers à obtenir une telle consécration de la France inscrite au protocole pour un chef d’Etat Sénégalais, il reste que celle de Macky Sall débutée ce lundi est sans commune mesure sur le plan des accords signés, du calendrier, du cérémonial et surtout de la médiatisation. Alors s’arc-bouter sur une querelle inutile sur l’accueil est une volonté manifeste de faire mal ou de jeter du sable dans le couscous d’une visite réussie à tous les niveaux. Mais il sera bon pour un homme comme moi qui a passé une quinzaine d’années de sa vie en France d’apporter quelques précisions sur le système protocolaire français.

Le président Macky Sall ne sera pas le premier chef d’Etat du monde à être accueilli à l’aéroport par un ministre français. Dans l’histoire protocolaire de la France, il sera très difficile de remonter à un événement où le chef d’Etat de France accueille à la descente de l’avion un homologue en visite en France. Les faits récents confirment cette assertion. Le tout puissant Obama président des Etats-Unis en visite au mois de mai 2009 en France a été accueilli par le ministre français des Affaires Etrangères Bernard Kouchner à Orly.

Le président Sarkozy ne s’était pas rendu à l’aéroport pour l’accueil. Un autre fait. La puissante reine d’Angleterre en visite de deux jours en France en 2014 n’a pas été accueillie à sa descente d’avion par le président français. La reine Elisabeth II fut accueillie par la Garde républicaine et des officiels français. Un autre exemple. Le président cubain Raoul Castro a été le premier chef d’Etat en visite d’Etat en France en 2016. Il a été reçu par le ministre de l’Ecologie Ségolène Royal. Et encore à la différence de ces chefs d’Etat cités plus haut, le président malien Ibrahima Boubacar Keita n’a été reçu au pavillon d’honneur de l’aéroport international Orly que par le préfet du Val-de-Marne. Au Mali, on n’en a pas fait une polémique. Tout le contraire chez nous, où des spécialistes en tout s’arrogent un droit de critiques pour souvent des broutilles alors que l’essentiel est ailleurs.

A mon humble avis, pérorer sur un accueil par un ministre français quoique 15ème sur le protocole est accessoire. C’est le lieu de souvenir que le président Abdoulaye Wade est allé puiser au niveau le plus bas du protocole gouvernemental pour choisir Cheikh Hadjibou Soumaré. Ce dernier occupait le poste de ministre du Budget, cela n’avait indigné personne à l’époque puisque tous les ministres sont d’égale dignité, le rang protocolaire n’est qu’une mesure organisationnelle. Et d’ailleurs, Cheikh Hadjibou Soumaré nommé Premier ministre de juin 2007 à avril 2009, fut rangé parmi les Premiers ministres les plus compétents de notre pays.

L’essentiel, c’est que le drapeau sénégalais a flotté sur la plus belle avenue du monde, les Champs Elysées, tous les lampadaires de cette belle avenue depuis la Place Charles De Gaulle. Même les célèbres Café des Champs Elysées, le « Fouquet’s », « Café Georges V », « La maison du Danemar» sont aux couleurs du Sénégal. Un fait inédit qu’il faut saluer parce que de rares pays au monde ont eu droit à de tels honneurs qui magnifient les relations séculaires entre le Sénégal et la France. Mais si Marianne rend honneur à notre pays, il ne faut guère faire dans la fine bouche, c’est grâce à l’engagement et surtout au leadership du président Macky Sall tant sur le plan intérieur qu’africain et mondial. D’ailleurs cette vision développée par le président Macky Sall a été confortée par le président François Hollande qui s’est aligné sur la position du chef d’Etat sénégalais sur le dossier de la Gambie.

François Hollande écarte toute idée de négociations pour le départ de Yaya Jammeh. Une fermeté qui rejoint  celle de Macky Sall qui a été dès le début de cette affaire sur une approche constante alliant lucidité et courage politiques. D’ailleurs à propos de la Gambie contrairement à la position du secrétaire général de la Cedeao brandissant la menace militaire, le président de la République a la carte maîtresse pour régler ce problème. Par un blocus, air, mer et terre, le chef de l’Etat provoquera une axyphyxie économique de la Gambie qui sera fatale au dictateur de Kanilaï. Alors Yaya Jammeh comme un buffle poursuivi par une meute de lions jusqu’à la lisière du fleuve où l’attend des crocodiles affamés, n’aura aucune issue fatale s’il s’entête à rester au pouvoir. L’essentiel à retenir, c’est que la visite d’Etat de Macky Sall restera dans les annales de la diplomatie sénégalaise et surtout un point d’histoire dans nos relations d’histoire avec la France.

 En outre, la forte communauté sénégalaise en France sortira grandie par la visite officielle d’Etat du président de la République. Elle sera vue désormais d’un autre regard par les Français, mais aussi par les autres communautés. Et je suis d’avis qu’une visite aussi importante ne peut être dévaluée, mais si on a cherché à vouloir amener la délégation dans un hôtel IBIS, je me dis aussi c’est un choix de personnes dévaluées. C’est bien dommage…

Baba TANDIAN

 

Section: 
LE JOOLA, 23 ANS APRÈS : Un appel à la justice et à la dignité pour les familles des victimes
Sénégal : Quand l’urgence devient méthode
POUR PRÉPARER LA RUPTURE AVEC LE NÉOCOLONIALISME : PASTEF DOIT REDEVENIR L’ORGANISATEUR COLLECTIF DU PEUPLE!
Abdou Diouf, la RTS et la mémoire nationale : Encore une occasion manquée
ET SI ON PARLAIT D’INSERTION DES JEUNES A LA PLACE D’EMPLOI DES JEUNES
Tourisme, culture et artisanat : Une articulation stratégique pour le développement
ÉGALITÉ EN DANGER : L’alerte d’Onu Femmes
DU CAPITAL A LA CONNAISSANCE : Transformer la fuite en source, le Brain Drain en Brain Gain
Un cri de cœur pour les clubs sénégalais : Sauvons notre football local  
Matériel agricole au Sénégal : Entre modernisation promise et réalité du terrain
La souveraineté en partage : La diaspora sénégalaise au cœur du financement national
Un champ est une école vivante : Ode à l’intelligence de la terre et à la pédagogie du vivant
Le PRES en partage : Le pacte de Monza entre Sonko et la diaspora
SERIE : LE MONDE TEL QUEL ! : L’ONU à 80 ans : Une occasion cruciale de renouveau
La tentation du parti-État : Un glissement révélateur
DE LA CONSOMMATION À L’INVESTISSEMENT : FAIRE DE LA DIASPORA LE MOTEUR DE LA CROISSANCE SÉNÉGALAISE
Ousmane Sonko en Italie : Quand la diaspora devient un pilier du projet national 
GESTION DES RISQUES : REFERENTIEL NOUVEAU POUR LE CONTROLE INTERNE DANS LES ENTITES PARAPUBLIQUES
Marchés agricoles : Entre autosuffisance et spéculation, l’ARM face à ses défis
PASTEF : Entre négligence de sa jeunesse et l’oubli de certains militants