Publié le 27 Oct 2017 - 21:41
FESTIVAL ‘’KAAY KEUS’’ RUFISQUE

Le label Infinity Record mise sur la formation pour ‘’révolutionner’’ la musique

 

Le développement de l’industrie musicale tient à cœur les jeunes Rufisquois réunis au sein du label Infinity Record. Initiateur du festival ‘’Kaay Keus’’, ce label ambitionne de ‘’révolutionner’’ le business de la musique en s’appuyant sur la formation des acteurs. Le festival, qui va s’étaler sur quatre jours, sera clôturé samedi.

 

‘’La révélation de talents à l’état pur’’. C’est ce que promet Infinity Record, le premier label établi à Rufisque, la vieille ville qui, pendant longtemps, a vu ses enfants obligés de migrer vers le cœur de la capitale pour vendre leurs compétences. Cette période semble révolue, si l’on en croit le compositeur-arrangeur Emmanuel Bakary Boutopo, initiateur du festival ‘’Kaay Keus’’. Le technicien se réjouit de l’existence, aujourd’hui, d’albums 100 % Made in Rufisque. Il déclare : ‘’Avant la naissance de notre label en 2009, il n’y avait aucune possibilité, pour les artistes rufisquois, de se produire sans aller à Dakar. Et souvent, il fallait beaucoup de moyens pour ce faire. Or, tout le monde n’avait pas ces moyens. D’où l’intérêt de notre initiative.’’ Et comme le dit l’adage, petit à petit, l’oiseau fait son nid. Aujourd’hui, Infinity Record, selon son président,  revendique plus de 300 membres. Après 8 ans d’existence, il compte passer à la vitesse supérieure.

Revenant sur le festival ‘’Kaay Keus’’ qui en est à sa troisième édition, il explique : ‘’C’est un appel à la recherche. Rufisque, ville de culture, compte plein de talents. Nous avons décidé de les mettre en valeur. Aujourd’hui, la musique est une véritable industrie. Bien organisée, elle peut permettre de nourrir plusieurs familles et lutter contre la lancinante question du chômage des jeunes. C’est le sens de ce festival. Les autres années, c’était juste en une journée. Cette fois, c’est en 4 jours.’’

Quatre jours de fête et de communion entre jeunes venus de diverses contrées. C’est une occasion ‘’unique’’, d’après DJ Emma, pour revisiter l’histoire de la culture urbaine dans cette ancienne commune française. Le patron d’Infinity raconte : ‘’Ces dernières années, nous avons constaté un regain d’intérêt des jeunes pour le hip-hop. Il faut leur donner leur chance. Eviter qu’ils tombent dans les travers des anciens.’’ Selon lui, la meilleure manière d’y parvenir est de les accompagner dans la formation. Le problème de la musique, c’est plus le manque de professionnalisme, pense-t-il, déclinant sa position. ‘’Je ne suis pas de ceux qui disent que l’art, la musique ne nourrit plus son homme. Tout est question d’organisation et de méthode. Si les musiciens sont formés et organisés, ils peuvent bien vivre de leur art. Pour moi, ce qui manque parfois aux artistes, c’est le professionnalisme’’, argue-t-il.

Le Rufisquois estime que le hip-hop a beaucoup évolué. Il faut, par conséquent, s’adapter pour ne pas disparaitre. ‘’Ce n’est plus, dit-il, l’ère où il fallait obligatoirement faire du hardcore pour exister. Il faut vraiment tendre vers la variété pour percer dans la musique. A partir de Rufisque, nous comptons révolutionner l’industrie de la musique au Sénégal, aller au-delà de nos frontières’’.

Pour cette édition, le festival propose aux dizaines de participants des formations en MAO (Music for Assistance Ordinateur), art plastique, vernissage, graffiti, exposition, danse…

D’éminentes personnalités de la culture seront invitées pour faire des communications sur le thème : ‘’Impact des arts urbains sur l’éducation’’. Ce sera l’occasion, selon M. Boutopo, de conseiller aux jeunes rappeurs de revoir leur lexique. ‘’Une bonne musique, ce n’est pas des injures’’, dixit Emmanuel.

Les jeunes festivaliers n’ont pas manqué de fustiger le manque de considération de la culture par les autorités municipales. En plus, dénoncent-ils, il n’y a aucune infrastructure culturelle publique à Rufisque. ‘’Pas de plateau, pas de concert, Même pas de centre culturel. Le seul centre qui existe appartient à un privé. C’est une honte pour une ville comme Rufisque. Et nous allons nous battre pour faire bouger les choses’’, promet Emmanuel Boutopo.  

Mor Amar

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