La grande grève des cheminots de Thiès retracée
La Fondation Konrad Adenauer Stiftung a organisé, ce jeudi, la projection du film du réalisateur Olivier Langlois intitulé ‘’Les Pirogues des Hautes Terres’’. Dans ce film, le réalisateur retrace le calvaire des cheminots grévistes de Thiès en 1947.
Après 160 jours de résistance, de répression, de faim et de doutes, les grévistes parviennent à faire plier le colon. Quant à Abdou tué par un Blanc, il s’est sacrifié pour la dignité humaine. Entièrement tourné au Sénégal, le film ‘’Les Pirogues des Hautes Terres’’ raconte l’affrontement entre les colons et les cheminots au cours de la grève de ces derniers à Thiès, en 1947. Dans ce film, les Africains exigent les mêmes droits que leurs homologues de l’Occident. Une grève qui a annoncé la décolonisation totale. Elle était cruciale et déterminante dans la revendication des droits et libertés, notamment sur le plan syndical. La revendication était qu’à compétence égale, qu’il y ait un salaire égal. Autrement dit, corriger cette rupture d’égalité qui existait entre les Blancs et les Noirs dans l’évolution des politiques sociales. La grève s'enlise. Elle durera cinq ‘’longs’’ mois...
Dans cette fiction historique passionnante de 1h35mn, tout a été un signe avant-coureur des changements qui vont avoir lieu à partir de cette période. Notamment l’affirmation des droits syndicaux des Sénégalais et l’autonomie interne qui va déboucher sur l’indépendance revendiquée du début à la fin du film. Cette réalisation d’Olivier Langlois, diffusée pour la première fois sur France 3 en 2013, est adaptée au roman du Sénégalais Ousmane Sembène ‘’Les bouts de bois de Dieu’’ qui a fait de cette grève un grand roman naturaliste à la Zola.
Derrière les caméras, le réalisateur expose l’histoire des cheminots de la gare de Thiès, au Sénégal, qui ont cessé le travail pour avoir une meilleure considération. C’était le 10 octobre 1947. Le ton monte entre les grévistes et la Régie des chemins de fer dirigée par Albert Hauterive. C'est dans ce contexte que débarque Pierre-Marie, jeune médecin militaire, qui prend rapidement le parti des cheminots menés par Abdou. Albert, lui, opte pour la répression.
Le réalisateur a su mettre en scène les personnages, les émotions, les images qu’il faut avec le décor très spécial, les costumes coloniales, entre autres décors, pour mettre en valeur une partie de l’histoire très importante du Sénégal. Aussi, il a soigné les scènes intimistes, avec un casting soucieux d’un bel équilibre entre acteurs français et sénégalais dans la distribution. Parmi ces acteurs, on peut citer, notamment, Robinson Stevenin, Pascale Arbillot, Oumar Diaw, Ibrahima M’Baye Thié, Saddick Sall.
Le politologue Maurice Soudieck Dione, qui a assisté à la projection, est d’avis que cette grève a été un moment essentiel vers l’indépendance. ‘’C’est un film qui m’a semblé très intéressant, car il met en scène la grève des cheminots de 1947. Il retrace une lutte épique qui a été très déterminante dans les changements politiques du Sénégal, dans l’affirmation des droits syndicaux, dans l’égalité entre les Blancs et les Noirs dans un contexte historique marqué par une dynamique d’évolution vers l’indépendance’’, a soutenu l’enseignant chercheur à l’Université Gaston Berger de Saint-Louis.
HABIBATOU WAGNE