Publié le 17 May 2018 - 16:25
RAMADAN AU SENEGAL

Le croissant lunaire, une équation à plusieurs inconnues

 

2018 ne déroge pas à la règle. Cette année encore, les musulmans sénégalais commencent le ramadan en rangs dispersés. Certains ont commencé hier, d’autres aujourd’hui. Une situation qui indispose plus d’un. Différentes idées ont été émises pour régler la situation. En vain.

 

Chaque année, à chaque début ou fin du mois béni de ramadan, l’équation du croissant lunaire se pose avec acuité et ne trouve pas de solution. Cette année ne va pas faire exception au Sénégal. Entre ce que disent les membres de la commission nationale de concertation sur le croissant lunaire mise en place en 1996 et dirigée par l’inamovible Mourchid Iyane Thiam et les autres, il y a toujours un fossé. Le groupe des ‘’autres’’ s’agrandit, d’année en année. Ce qui fait que, de manière récurrente, au Sénégal, les musulmans entament le ramadan dans la discorde et font de même avec la korité. Au début, étaient pointés du doigt ceux qui sont surnommés les ‘’Ibadou rahman’’ qui commençaient et terminaient le jeûne avec l’Arabie Saoudite. Une certaine confrérie se démarquait également souvent. Cela a tout de même changé, ces dernières années.

En outre, depuis trois ou quatre ans, c’est l’association sénégalaise pour la promotion de l’astronomie (Aspa) dirigée par Maram Kaïré qui sème la ‘’discorde’’. De plus en plus de Sénégalais donnent du crédit à leurs prévisions qui sont basées sur la science. Pour qu’il n’y ait plus de tels problèmes, différentes propositions ont été faites, depuis quelques années. Mais c’est à croire qu’aucune d’elles ne satisfait les différentes organisations. Car, à ce jour, aucune d’entre elles n’a été suivie. Cette année, on assiste au même scénario.

Les membres de la coordination des musulmans du Sénégal ont commencé le Ramadan hier. Ils se réfèrent à des frères ivoiriens et maliens qui disent avoir vu l’astre laiteux. Pourtant, il y a à peine une semaine, l’Aspa a sorti un communiqué pour dire qu’il ne pourrait être vu ce mardi 15 mai. ‘’A cause de l’heure tardive de la conjonction, il sera impossible de voir le premier croissant lunaire à l’œil nu au Sénégal, le mardi 15 mai. La lune se couchera à 19h42, soit 12mn après le soleil qui se couche à 19h30. Elle sera trop proche du soleil couchant et noyée dans sa lueur. La surface éclairée ne sera que de 0,33%’’, lit-on dans ledit communiqué. La commission dirigée par Iyane Thiam a choisi le mercredi pour scruter le ciel. Ce qui laissait croire qu’on pourrait débuter le jeûne en même temps.

Ce n’est pas le cas ! Que faudrait-il faire pour y arriver ? Les solutions ne manquent pas. Depuis quelques années, des rencontres sont organisées afin de trouver la meilleure formule. Au cours de l’une d’entre elles, le docteur et écologiste Abdoulaye Gaye disait : ‘’Ce que je propose, c’est que l’observation de la lune soit l’affaire des spécialistes’’. Il faisait référence aux astronomes. En 2015, Mourchid Iyane Thiam disait ne pas être contre cette idée. Il disait être disposée à se rendre sur la Corniche de Dakar aux côtés des astronomes pour scruter la lune avec un matériel scientifique, en l’occurrence le télescope. Depuis, rien n’a été fait. On enchaîne les fêtes dans la dissension. L’autre proposition de Dr Gaye était ‘’que les centres d’observation de la lune soient démultipliés et qu’on fasse sortir les membres de la Commission de concertation du croissant lunaire du Sénégal de leur salle. Il faut qu’elle soit représentée dans les centres d’observation de la lune’’. La commission dit avoir des représentants dans chaque région. Mais le problème reste entier.

Le défunt khalife général des Tidjanes, Serigne Abdoul Aziz Sy Al Amine, suggérait que chacun suive les instructions de son guide religieux. Le problème principal ici est que ces derniers ne s’entendent pas souvent sur un jour. Depuis quelques années, la famille Abass Sall et la famille omarienne se démarquent. Elles célèbrent souvent la fête ou entament le jeûne en même temps que l’Arabie Saoudite.

BIGUE BOB

 

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