Publié le 20 Sep 2018 - 09:32
HISTOIRE DE L’ART AFRICAIN

De la nécessité  pour les Africains de se réapproprier leur imaginaire

 

En prélude à un symposium qu’organise le RawMaterial Company Sénégal, en collaboration avec le Musée des civilisations noires, la directrice artistique du Rmc a fait face à la presse, hier. Une occasion pour Koyo Kouoh de présenter les grandes lignes de cette rencontre.

 

‘’Il est important, pour chaque société, aussi diverse et multiple qu’elle soit, de se saisir de son imaginaire. C’est à partir de notre imaginaire qu’on se propulse dans le futur, qu’on crée le présent et qu’on analyse le passé.  Savoir lire, décrire, interpréter, archiver, préserver, critiquer, se confronter à son imaginaire, participe à la construction de la société’’, pense la directrice artistique du RawMaterial Company Sénégal, Koyo Kouoh. Connaître l’histoire de l’art pourrait permettre de se réapproprier cet imaginaire. Et qui de mieux que les principaux concernés pour parler de leur histoire ?

Ironie du sort ! En Afrique, ce sont les étrangers qui parlent et semblent mieux connaître l’histoire de l’art du continent.   Ainsi, elle ‘’continue à être dominée par des universitaires occidentaux qui donne le ton pour la matière’’, comme l’a rappelé Mme Kouoh hier, lors d’une conférence de presse. Une rencontre tenue en prélude à un symposium organisé en collaboration avec le Musée des civilisations noires, du 20 au 22 septembre à Dakar, sur l’histoire de l’art africain.

 ‘’Sur le continent africain, il existe quelques départements d’histoire de l’art, mais ils sont encore rares, modestes, en termes de ressources humaines et matérielles, notamment par rapport au pouvoir démographique des cinquante-quatre pays du continent et ils sont souvent intégrés comme des modules d’études dans des facultés plus grandes des beaux-arts’’, a informé Koyo Kouoh.

Ici, à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar, c’est à la faculté des Lettres, au Département de philosophie, que le module est enseigné. Ce qui est jugé peu, eu égard à la dimension de la question et aux enjeux du moment. Aujourd’hui, au moment où l’on parle de rapatriement du patrimoine artistique africain présent en France, il s’impose aux Etats de créer les conditions de réappropriation par les peuples de ces œuvres. Il faudrait, dans ce sens, des gens qui connaissent bien leur histoire pour la conter. Actuellement, ceux qui parlent très souvent de l’histoire de l’art africain, notamment des institutions ou universitaires étrangers, n’ont pas les grilles de lecture appropriées.

‘’Leurs cadres de référence, qu’ils posent comme étant universels, jouent sur l’interprétation de l’art, des conditions sociales et des milieux culturels africains’’, a souligné Koyo Kouoh. Par conséquent, ajoute-t-elle, ‘’les connaissances produites dans la plupart des institutions ou maisons d’édition académiques ou indépendantes, en dehors de l’Afrique, transmettent le système existant dans leurs propres localités qui reflètent moins l’Afrique. Autrement dit, le public, pour ce genre de production de savoir, ne se trouve pas en Afrique’’. Pis, la plupart des recherches faites et présentées comme étant actuelles sont caduques. Elles ont été menées, il y a longtemps et ne reflètent pas la réalité actuelle, selon la directrice artistique du RawMaterial Academy. ‘’La majorité d’Africains, aujourd’hui, ne se retrouvent pas dans ce qu’ils lisent, mais prennent tout de même ces informations comme étant des vérités’’, s’est-elle désolée.

Donc, il est plus que pertinent, pour les Africains, de se réapproprier l’histoire de leur art. Même si, essaie de comprendre Koyo Kouoh, les pressions économiques n’encouragent pas les jeunes à s’orienter vers l’étude de l’histoire de l’art. Ils préfèrent souvent des disciplines qui leur semblent plus lucratives.

Un ‘’exode disciplinaire qui menace gravement l’histoire de l’art et a un impact négatif sur la production et sur la critique artistique par les artistes africains’’.

Tout cela sera débattu et mieux exposé lors des diverses activités prévues. L’enseignant à Cornell University, aux Usa, Pr Salah Hassan, donnera la conférence inaugurale. Il parlera de ‘’L’histoire de l’art africain en tant que paradoxe’’. Ce sera ensuite au tour de différents  experts,  dont le directeur du Centre de recherche Train de l’université des Arts de Londres, Paul Goodwin,  d’échanger sur le rôle qu’a joué la Biennale de Dakar dans l’articulation de l’histoire de l’art.

BIGUE BOB

Section: 
ANNIVERSAIRE COUMBA GAWLO SECK : Les 40 glorieuses de la diva 
THIAROYE 1944-2024 : Le Sénégal face à son histoire, la France face à ses responsabilités
VERNISSAGE DE L'EXPOSITION "VOIX DU SILENCE : TRACE ET RÉSONANCE" : Lever le voile sur l'avortement clandestin
PREMIÈRE ÉDITION SOTILAC : Le Sénégal hisse les voiles du tourisme de croisière
ATELIER ‘’DAKAR AU FIL DES ARTS’’ À L’IFD : Une ville contée en sonorités
EXPO "TRAITS ET LETTRES" AU CARRÉ CULTUREL : Le pouvoir de l'art dans l'éducation et la transformation sociale
AVANT-PREMIÈRE « AMOONAFI » DE BARA DIOKHANE : L'art, l'histoire et le droit au service de la mémoire
EXPOSITION "SYMBOLES DE LA VIE : AU-DELÀ DU REGARD" : Réflexions sur la condition humaine
LE SYNPICS ET CONI IA LANCENT UNE FORMATION : Vers une révolution technologique du secteur médiatique
LIBERTÉ DE PRESSE ET DROIT À L’INFORMATION : RSF appelle les députés à instaurer quatre réformes
BIENNALE OFF : L'Orchestre national raconté à Douta Seck
EXPOSITION FALIA La Femme dans toutes ses facettes
MUSIQUE À L’IMAGE : Plusieurs jeunes formés au Sénégal
CÉLÉBRATION 50 ANS DE CARRIÈRE : L’Orchestra Baobab enflamme l’Institut français de Dakar
15e ÉDITION DE LA BIENNALE DE DAKAR : Seulement deux prix remportés par le Sénégal
BIENNALE DE DAKAR : Un éveil artistique, selon Bassirou Diomaye Faye
CÉRÉMONIE D'OUVERTURE DE LA 15e ÉDITION DE LA BIENNALE DE DAKAR : Dak’Art pour un voyage culturel
EXPOSITION ‘’FAIRE LIEU’’ À DAKAR : Cinq lieux africains comme espaces de transformation
BIENNALE DE DAKAR   - EXPO ‘’DEVOIR DE MÉMOIRE’’ : Un modèle d’engagement culturel
Goncourt 2024