Le président écarte des militaires limogés en les nommant à l'étranger
Le président gambien Yahya Jammeh a nommé son ancien chef des armées premier conseiller à l'ambassade de Gambie à Cuba, a appris vendredi l'AFP auprès du ministère des Affaires étrangères, dernier d'une série d'ex-responsables militaires limogés et nommés à l'étranger.
Le général Masanneh Kinteh, qui avait été limogé le 7 juillet, est écarté de Gambie comme trois chefs de l'armée avant lui, nommés en mai premiers conseillers dans les ambassades de leur pays en Sierra Leone, aux Etats-Unis et en Inde. Il s'agit des anciens chefs de la marine et de la garde présidentielle, ainsi que de l'ex-chef d'état-major adjoint des armées. Deux généraux également limogés ont été nommés dans les ambassades de Gambie au Nigeria et en Arabie Saoudite.
"Le président est d'une certaine manière devenu paranoïaque et n'a plus confiance dans aucun de ses généraux les plus importants", a affirmé un responsable de la police sous couvert de l'anonymat. Ayant également demandé à ne pas être nommé, un ex-capitaine de l'armée a affirmé que Yahya Jammeh "a ces 18 dernières années emprisonné tellement de gens, simplement parce qu'ils s'étaient opposés à sa politique, qu'il ne se sent plus en sécurité et se débarrasse de tous ceux qu'il voit comme une menace".
"Arrêter et emprisonner des gens, les faire parader à la télévision nationale ou bien les limoger pour ensuite les muter dans le service diplomatique juste parce qu'ils s'opposent à son régime, n'est pas la solution aux problèmes du pays", a de son côté affirmé Hamat Bah, un des principaux leaders d'opposition. Le président Jammeh est lui-même un ancien militaire arrivé au pouvoir par un coup d'Etat en 1994. Il s'est depuis fait réélire lors de divers scrutins jugés frauduleux par l'opposition et dirige son pays d'une main de fer. Son régime est régulièrement accusé d'atteintes aux droits de l'Homme.
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