La révolte des commerçants
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Les commerçants du marché central de Tambacounda ont manifesté, ce mardi 5 mai 2020, devant les locaux de la gouvernance. Ils étaient des centaines à protester contre les ‘’tergiversations des autorités’’. Selon Babacar Cissé, Vice-Président du marché central de Tamba, le gouverneur de la région ainsi que le préfet du département prennent des décisions qui ne sont pas sans équivoque.
Dans un premier temps, "lorsque nous avons reçu l'arrêté du gouverneur demandant aux commerçants de libérer les voies d'accès du marché, nous lui avons demandé de nous permettre de mener nos activités jusqu'à la fin du ramadan, pour après quitter". Mais, poursuit-il, il n'a rien voulu comprendre, car dès le dimanche 3 mai, les opérations de déguerpissement ont été lancées. Le site de recasement n'étant pas encore prêt pour les accueillir les commerçants, ceux-ci ont demandé au préfet l'autorisation de mener leurs activités derrière le stade régional jusqu'au jeudi prochain. Ce que ce dernier a accepté.
Donc, les commerçants se sont installés et ont commencé leurs activités, sans aucune incidence le premier jour. Le deuxième jour (mardi), lorsqu’ils sont arrivés sur les lieux, les commerçants ont constaté la présence des policiers qui leur ont demandé de libérer les lieux. Désorientés, ils se sont rassemblés pour manifester contre ce double jeu des autorités. Ne comprenant pas la raison de cette volte-face des autorités, les commerçants exigent des explications. Ils ont aussi profité de cette manif pour dénoncer le manque de considération manifeste des autorités à leur égard. Car, disent-ils, "les modalités du déguerpissement ont été arrêtées sans leur implication, mais également sans aucune mesure d'accompagnement".
Les marchands ne sont pas les seuls en colère ; le maire de la commune, Mame Balla Lo, a aussi tenu un point de presse pour fustiger le comportement des autorités administratives. A cette occasion, il n'a pas manqué d'apporter tout son soutien à ses concitoyens commerçants. En effet, l’édile ne comprend pas pourquoi le marché au poisson (site de recasement), réceptionné depuis le 28 janvier 2019 avec toutes les commodités (eau, électricité) ne peut accueillir tous les commerçants déguerpis. C'est ainsi qu'il a pris la décision de son ouverture sans délais, pour permettre à ces jeunes, pères et mères de subvenir aux besoins de leurs familles.
En fine, le maire a interpelé le chef de l’Etat : "J'appelle le président de la République à arbitrer entre nous la population, le ministre de la Pêche et les autorités, car nous ne nous laisserons plus faire", prévient-il.
Il faut dire que cette histoire de libération des voies d'accès du marché central n'a pas encore connu son épilogue. Mais pour trouver une issue heureuse à cette affaire qui défraie la chronique à Tamba, une rencontre est prévue ce soir entre les différentes parties prenantes.
BOUBACAR AGNA CAMARA (TAMBA)