Publié le 8 Jun 2020 - 22:51
LIBRE CIRCULATION DES PERSONNES, NON-RESPECT DES MESURES BARRIERES

Docteur Abdoulaye Bousso prédit le pire 

 

Le Sénégal risque de sombrer, si les populations ne respectent pas les mesures barrières, avec la levée des restrictions par le gouvernement. Docteur Abdoulaye Bousso appelle au sens des responsabilités de chacun, surtout des jeunes.

 

Le Sénégal est dans une phase active de transmission de la pandémie du coronavirus. En un mois, tous les indicateurs ont évolué. Selon le coordonnateur des centres des opérations d’urgence sanitaire (Cous), Docteur Abdoulaye Bousso, le nombre de cas, à la date du 2 mai, a été presque multiplié par 4. Le nombre de guéris, considéré comme un indicateur positif, a également évolué. Celui des morts, qui est le moins réjouissant pour le pays, a également connu une évolution. ‘’Nous sommes partis de 8 décès à aujourd’hui 47 décès. Ce qui veut dire que nous sommes dans une phase de transmission et nous avons plus de cas’’, a-t-il déclaré samedi, au moment de faire la situation mensuelle de la Covid-19 dans le pays. 

Pourtant, le jeudi 4 juin, le ministre de la Santé, Abdoulaye Diouf Sarr, a soutenu que la tendance de la courbe est baissière. Du coup, les restrictions ont été levées par l’Etat et les personnes peuvent, désormais, voyager librement. Compte tenu de cette situation et des mesures prises dans la libre circulation des personnes, le Dr Bousso souligne qu’un certain nombre d’indicateurs devront être analysés différemment.  ‘’Nous allons avoir une difficulté à pouvoir suivre tous les contacts. Une stratégie devra être développée pour voir comment on va suivre les contacts. Notre stratégie actuelle devra forcement évoluer, parce que les populations vont bouger d’une région à l’autre, d’un département à l’autre. La question qu’on doit se poser est comment suivre les contacts et la pertinence de suivre ces contacts’’, déclare le médecin.  
 
Selon le spécialiste, non seulement la transmission est active, mais la pandémie n’est pas terminée.  ‘’Nous ne sommes pas encore sortis de l’auberge. On peut passer à une situation beaucoup plus grave, si on n’y prend pas garde. Et si on va dans une situation grave, c’est des cas graves et une mortalité qui vont être plus élevés. Nous en appelons au sens des responsabilités de certains, surtout les plus jeunes, pour protéger nos personnes âgées et celles vulnérables. C’est vrai qu’on doit vivre avec le virus, mais je pense qu’il faut plutôt dire : circuler, protéger’’, prévient le Dr Bousso. 
 
L’autre indicateur qui va évoluer est le nombre de cas communautaires. C’est la question phare, d’après le médecin. A l’en croire, si avec les mesures édictées personne ne respecte les mesures barrières, il faudra s’attendre à leur augmentation. Parce que les gens vont bouger plus et il est très important. Il faut que les mesures barrières soient respectées. ‘’Si elles ne sont pas respectées, on peut arriver à une situation très difficile. Nous sommes actuellement sous stress, on le reconnait’’, avoue Dr Bousso. 
 
Dans la gestion de cette pandémie, souligne-t-il, il n’est pas évident, pour le système de santé, d’absorber 4 000 patients. Ainsi, poursuit le Dr Bousso, l’analyse des cas communautaires devra se faire différemment.  Car, dit-il, ces cas vont être de plus en plus importants. 
 
‘’Les cas graves risquent d’augmenter et nos hôpitaux n’auront pas la capacité de faire face’’
 
Le coordonnateur du Cous a également soulevé la protection des groupes vulnérables. Il invite à avoir un œil spécifique sur les personnes âgées et celles présentant des tares. ‘’La majorité de ces personnes sont asymptomatiques. C’est également des jeunes entre 20 et 40 ans qui sont à risque pour ces sujets vulnérables et sujets âgés. Une proposition sera faite dans le cadre du suivi de ces groupes’’.  Le coordonnateur du Cous prévient que les choses ne vont pas évoluer seulement dans le bon sens. ‘’Cela va être la face visible de l’iceberg.
 
Il y a des indicateurs clés sur lesquels, dans les prochains jours ou semaines, il faudra qu’on y mette l’accent. C’est sur le nombre de cas graves. Cet indicateur pourrait augmenter, si les mesures barrières ne sont pas respectées. Ce n’est pas parce que la libre circulation a été décidée que la maladie va disparaitre. La maladie est là, la transmission se poursuit. C’est aujourd’hui, plus qu’avant, qu’il faut respecter ces mesures barrières, si on veut mettre fin à la transmission. L’indicateur des cas graves risque d’augmenter et nos hôpitaux n’auront pas la capacité de faire face’’, avertit-il. 
 
S’agissant des décès, il souligne qu’aujourd’hui, dans la tranche des 60 ans et plus, les personnes mortes représentent les 72 %.  Pour ce qui est de la répartition entre les contacts, les communautaires et les importés, les cas contacts représentent 80,6 %, les cas communautaires 10,20 % et les cas importés 2,20 %.  Les contacts, renseigne le Dr Bousso, sont toujours la proportion la plus importante, parce que les personnes infectées ont souvent un nombre de contacts importants. Ceux-ci ont tous l’opportunité de développer la maladie. Les cas communautaires, dit-il, se développent, parce que les populations continuent à circuler et il faudra s’attendre à ce que ces cas augmentent. Quant à la proportion des cas importés, elle s’est stabilisée. Ce, même si le pays a eu quelques cas importés, ces derniers temps. Certaines personnes arrivent à passer les frontières. ‘’C’est une proportion qui est maitrisée’’. 
 
Selon le docteur Abdoulaye Bousso, la majorité des patients sont asymptomatiques. Ce qui fait qu’ils sont à 60,7 % de personnes testées positives ne présentant pas de symptômes. La proportion de personnes ayant des symptômes ne représente que 39,3 %. ‘’Plus de la moitié des personnes qui sont testées positives ne présentent pas de signes cliniques’’, fait-il savoir. Concernant les régions touchées, le pays est passé de 11 à 14. Ce qui veut dire que toutes les régions sont touchées, aujourd’hui. Pour ce qui est des districts, 51 sont touchés sur les 79 que compte le pays. Ce qui fait 64 % de nos districts touchés. Alors qu’on était à 33 districts le 2 mai.  La région de Dakar compte le plus grand nombre de cas. Elle est à 74,6 % des cas.
 
136 agents de santé touchés
 
Le personnel de santé est impacté par cette épidémie. A ce jour, on est à 136 agents de santé touchés. Parmi ce nombre, 45 % sont du personnel paramédical (infirmiers, sages-femmes, etc.) 14 % sont du personnel médical (médecins). Le reste est constitué du personnel de soutien et administratif. Dans la répartition, soutient le Dr Bousso, ils ont un personnel de santé infecté dans l’enceinte de leur lieu de travail. C’est-à-dire dans les structures de santé aussi bien publiques que privées. D’autres ont été contaminés dans la communauté. ‘’Nous n’avons pas encore noté de personnel de santé infecté dans nos centres de prise en charge. Ce qui est pour nous un indicateur important’’. 
 
‘’Sur la répartition entre les hommes et les femmes, c’est assez équilibré ; nous avons 55 % d’hommes touchés, 45 % de femmes actuellement touchées’’, poursuit le médecin. S’agissant du plan de diagnostic de laboratoire, le pays est à 58 742 tests réalisés avec l’Institut Pasteur de Dakar et l’Iressef. Sur l’ensemble de ces tests, l’institut Pasteur a réalisé les 90 % et l’Iressef les 10 %. 
 
Par rapport aux sites de prise en charge, le nombre de cas a évolué. ‘’Onze régions avaient des sites de prise en charge et nous en avions 20. Toutes les régions ont aujourd’hui un site de prise en charge. Nous avons 33 sites de prise en charge, actuellement. Sur les 33 sites, 24 sont hospitaliers et les 9 sont extrahospitaliers’’, informe-t-il. 
 
VIVIANE DIATTA 

 

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