541 milliards accordés à l’Education nationale
Le département dirigé par Mamadou Talla a reçu le feu vert des députés, pour l’élaboration de son programme pour l’année à venir.
Le budget du ministère de l’Education nationale a été arrêté, pour l’exercice 2021, à 541 211 701 304 F CFA. Il a été adopté hier par l’Assemblée nationale à travers six programmes : 2053 ‘’Education préscolaire » pour 6 milliards ; 2054 ‘’Enseignement élémentaire’’ pour 300 milliards ; 2055 ‘’Enseignement moyen général’’ pour 108 milliards ; 2056 ‘’Enseignement secondaire général’’ pour 91 milliards ; 2057 ‘’Education de base des jeunes et des adultes’’ pour 2 milliards ; enfin 1017 ‘’Pilotage, gestion et coordination administrative’’ avec 88 milliards de francs CFA.
Pour l’année à venir, le budget veut mettre l’accent sur la gestion axée sur les performances. Il est fortement articulé au Programme d’amélioration de la qualité, de l’équité et de la transparence (Paquet) pour la période 2018-2030. Il prévoit la poursuite de projets majeurs dont le programme Zéro abris provisoires pour l’éducation (Prozap).
A cet effet, le ministre de l’Education nationale a indiqué qu’un financement estimé à 65 milliards de francs CFA et divisé en 4 lots a déjà été mis en place depuis 2017. Le premier lot, d’un coût de 29,4 milliards pour 1 850 salles de classe et d’ouvrages annexes, est exécuté à 82 %, avec 1 003 salles déjà construites. Les démarches sont entreprises pour faire démarrer les lots 3, 4 et 5, afin de résorber totalement le déficit qui est estimé globalement à 6 269 salles de classe.
Par rapport à l’éducation inclusive pour l’égalité des chances et pour l’accès à tous à l’éducation, Mamadou Talla salue la contribution des écoles spécialisées comme le Centre verbo-tonal de Dakar, l’Inefja de Thiès et biens d’autres. ‘’Ces centres seront élargis à travers le pays, en plus des initiatives en cours, un nouveau projet ‘Faire l’école - Favoriser l’inclusion et la réussite à l’école du Sénégal’est mis en place par le ministère de l’Education nationale’’, ajoute-t-il.
Mamadou Talla s’est également satisfait des résultats ‘’prometteurs’’ de l’enseignement à distance mis en place pour permettre aux élèves de poursuivre les cours, lorsque les établissements scolaires étaient fermés, en raison de la pandémie du coronavirus. Le ministre a annoncé, pour s’appuyer sur ses acquis, la mise sur pied du projet du ministère de l’Education nationale pour le développement du téléenseignement’’.
En outre, face aux possibilités offertes par les technologies de l’information et de la communication, le ministre prévoit la formation des enseignants, proviseurs et directeurs d’école.
Recrutement de 3 000 enseignants
Au cours des dernières années, des départs et déficits d’enseignants ont été notés dans plusieurs localités. Selon Mamadou Talla, 3 000 enseignants nouveaux sortant des écoles de formation seront recrutés et répartis entre l’élémentaire et le préscolaire (1 975 dont 1 500 en français et 475 en arabe) ; le moyen et le secondaire (1 025). Ils viendront s’ajouter aux 96 812 enseignants et administratifs que compte la Fonction publique. Le ministre a ajouté que 1 975 élèves-maîtres sortant des centres régionaux de formation des personnels de l’éducation seront affectés et mis à la disposition des inspections d’académie (IA) et des inspections de l’éducation et de la formation (IEF).
Avec le déficit réel de lycées dans la région de Dakar, le ministre a assuré qu’il en sera ouvert un à Dakar-ville et un autre dans la banlieue. Compte tenu des problèmes d’espace notés au lycée de la Patte d’Oie, il sera démoli afin de le reconstruire pour augmenter le nombre de classes et construire des blocs administratifs. Le ministre annonce également un transfert de 302 millions de francs CFA aux collectivités locales, pour la construction de salles de classe. Avec un déficit de 330 000 tables-bancs constaté, un appel d’offres a été lancé pour l’acquisition de 253 000 tables-bancs.
Devant les députés, Mamadou Talla a été félicité pour sa gestion de l’année scolaire 2019-2020 fortement perturbée par la pandémie. Les résultats issus des examens ont été particulièrement bons, par rapport aux années précédentes, avec 48,22 % de réussite au Bac. Au Bfem 74,51 %, pour le CFEE 72,05 %, pour l’entrée en 6e 74,88 %.
Si beaucoup d’acteurs sont sceptiques sur le niveau des examens, le ministre a son explication sur ce dossier : ‘’La quasi-absence de grèves, la chaine Canal Education, une chaine dédiée à l’école pour permettre les cours à distance à domicile, dans le cadre du dispositif ‘Apprendre à la maison’, l’implication de toute la communauté éducative.’’
Concernant le Programme d’appui à la modernisation des ‘’daaras’’ (Pamod), le ministre a annoncé que 64 nouveaux sont en cours de construction et certains déjà délivrés et ouverts.
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MAMADOU TALLA, MINISTRE DE L’EDUCATION NATIONALE
‘’L’école ne sera jamais le lieu de propagation de la Covid-19’’
La hausse inquiétante des contaminations au coronavirus suscite beaucoup de réactions, certains appelant même à fermer de nouveau les écoles afin d’éviter une deuxième vague. Face aux députés, le ministre de l’Education nationale a tenu à rassurer les députés qui l’ont également interrogé sur ce point.
Et pour Mamadou Talla, ‘’l’école ne sera jamais le lieu de propagation de cette maladie. Du 25 juin jusqu’aux examens, nous avons fait venir dans les écoles 551 000 élèves et 60 000 enseignants. Nous avons pu régler sans problème les rares cas qui se sont posés’’.
Le ministre de l’Education nationale est contre toute fermeture des établissements scolaires, après avoir perdu 3 mois lors de l’exercice précédent et sauvé l’école d’une année blanche. D’autant plus que cette situation peut être exploitée positivement. ‘’Dans les classes, les élèves sont encadrés par des enseignants responsables jusqu’à leur sortie de l’école. La méthode qui avait été utilisée pour éviter la propagation sera reconduite pour continuer l’enseignement-apprentissage dans les meilleures conditions. Au contraire, l’école est un vecteur pour conscientiser’’, assure Mamadou Talla.
Loin de s’avouer vaincu, le ministre lance un appel à toutes les composantes de l’école sénégalaise à veiller à ce qu’il n’y ait pas de perturbation dans l’année en cours.
SIGNE RELIGIEUX DANS EN MILIEU SCOLAIRE L’institution Sainte Jeanne d’Arc interdit toujours le voile islamique La question du port du voile à l’institution Sainte Jeanne d’Arc de Dakar s’est invitée, hier, à l’Assemblée nationale. C’est la députée Aïda Mbodj qui a interpellé le ministre de l’Education nationale sur son interdiction dans cet établissement scolaire français à Dakar. Selon les informations qu’elle a partagées avec ses collègues, cette école refuse toujours le voile islamique dans son enceinte. En effet, assure Aïda Mbodj, ‘’les autorités de cette institution ont refusé la réinscription des filles voilées’’. Pire encore, note-t-elle, ‘’une autre école qui se trouve à Nord-Foire, qui a renvoyé une élève voilée qui avait déjà commencé ses cours’’. C’est en mai 2019 que le collège catholique appartenant aux sœurs de Saint Joseph de Cluny avait adopté cette mesure. Malgré la polémique que cette décision avait provoquée, l’établissement l’avait strictement appliquée à la rentrée scolaire du 2 septembre 2019. Arbitrant, le ministre de l’Education nationale avait convoqué l’administration de l’école, avant de considérer que cette mesure est contraire à la Constitution du Sénégal. Mais il semble que loin des regards, l’institution continue d’appliquer cette mesure qu’elle a inscrite dans son règlement intérieur. Répondant à l’interpellation d’Aïda Mbodj, Mamadou Talla a rappelé que lorsque ce problème s’est posé l’année dernière, ‘’nous avions opté pour le dialogue’’. Il a aussi précisé qu’il s’agit, à l’institution Sainte Jeanne d’Arc, d’une seule élève dont les parents ont fini par inscrire dans un autre établissement. Assurant que le port du voile dans les établissements scolaires catholiques est une question complexe en latence depuis 2009, il estime qu’en dernier recours, les dispositions de la Constitution seront amenées à être appliquées. Près de 90 % du budget consacré aux dépenses de personnel Le ministre de l’Education nationale a été confronté, hier à l’Assemblée nationale, à la triste réalité de l’exécution de son budget 2021. A tour de rôle, les députés ont souligné la part importante allouée aux dépenses de personnel. En effet, sur les 541 milliards de francs CFA prévus pour le prochain exercice, si l’on exclut les charges liées aux salaires et autres primes du personnel, il ne reste plus que 59 milliards à réserver pour l’acquisition de biens et services ou aux investissements. Cela correspond à environ 90 % des ressources allouées aux dépenses de personnel. Encore que le nombre d’enseignants est loin d’être suffisant. Plus en détail. Sur le programme 2035 ‘’Education préscolaire’’ doté de 6,596 milliards, 6,27 sont réservés aux dépenses de personnel. Le programme 2054 « Enseignement élémentaire » a bénéficié de 261 milliards, avec 210 milliards réservés aux dépenses de personnel. Dans de telles conditions, le député Cheikh Abdou Mbacké Bara Dolly estime qu’il est impossible de satisfaire les doléances affichées par ses collègues à travers la nécessité de construire des établissements scolaires. C’est ainsi qu’il exhorte le gouvernement à consacrer plus d’argent à l’investissement dans le budget du ministère de l’Education nationale. Prenant la parole, le ministre du Travail, du Dialogue social et des Relations avec les institutions, Samba Sy, a considéré que l’éducation nationale est un secteur d’une forte sensibilité humaine. C’est pourquoi les dépenses de personnel peuvent être considérées comme un investissement qui permet de produire des ingénieurs, des agriculteurs ou encore des experts dans divers domaines. |
Lamine Diouf