Pour avoir volé 3 028 000 FCFA, les policiers Serigne Diouf et Tidiane Diamanka ont été condamnés, hier, par le tribunal des flagrants délits de Dakar, à 3 ferme et au paiement de la somme de 4 millions de dommages et intérêts.

Après plus de 25 années de service, Serigne Diouf et Tidiane Diamanka viennent de quitter la police nationale, sans les honneurs. C'est en prison qu'ils devront passer les trois premières années de leur retraite anticipée. Pour cause, ''ces deux épines dans les pieds de la police''- selon les termes du parquet-ont été condamnés, hier, par le tribunal des flagrants de Dakar, à trois ans de prison ferme pour vol en réunion. '' Je suis peiné et je me demande où va notre société lorsque des agents qui ont la noble mission de traquer les délinquants se retrouvent à la barre'', s'est désolé le substitut du procureur, Alé Birima Fall. À l'origine de cette affaire, les deux limiers ont été sollicités pour appréhender le nommé Mohamed Keïta, un ressortissant guinéen qui venait de subtiliser la somme de 9 750 000 FCFA.

Le jeune Guinéen de 15 ans avait été accueilli par la dame Sohé Cissokho qui voulait le mettre en relation avec des compatriotes spécialisés dans la vente de fruits. Arrivés à Diourbel, le 20 juillet 2012 Mouhamed Keïta avait demandé à se reposer. Mais au lieu de faire un petit somme, Mohamed se mit à fouiller la valise de sa bienfaitrice. Il y découvrit la somme de 9 975 000 F CFA enveloppée dans un sachet noir. Il s'en empara, sortit par derrière et prit le bus pour Dakar. Dénoncé, Mouhamed Keïta sera appréhendé à la gare routière Pompier, par Ibrahima Guindo, frère de la victime, au moment de s'acquitter des formalités de voyage pour rentrer dans sa Guinée natale.

Le voleur fut alors conduit dans le magasin de Seydou Sambou qui fit appel aux policiers Serigne Diouf et Tidiane Diamanka. Ces derniers, par la suite, le conduisirent au commissariat de Bel Air. A peine eurent-ils déposé l'argent et le voleur, que les deux policiers ripoux repartirent. Ils ne participèrent donc pas au décompte de l'argent, sous le prétexte ''d'une urgence''. Cependant, lorsqu'enfin le décompte de l'argent, à l'arrivée de la dame Sohé Cissokho, fut fait en l'absence des deux policiers, un trou de 3 028 000 F Cfa fut constaté.

Le brigadier enfonce ses collègues

Selon les aveux du jeune homme faits à la police et réitérés hier, à la barre, les policiers ont pris l'argent manquant. ''A un moment donné, les deux policiers m'ont menotté et conduit au fond du magasin'', a raconté Mouhamed Keïta qui a poursuivi ses aveux, en désignant Serigne Diouf : ''Il a pris les 35.000 francs se trouvant dans ma poche, puis il a ouvert le sac et en a retiré trois liasses de billets qu'il a camouflées près d'une machine''. D'après le témoignage de Seydou Sambou, Serigne Diouf est revenu plus tard, pour se diriger à l'endroit où il avait conduit le jeune Guinéen.

''Je ne suis entré dans le local. Je me suis arrêté à la porte'', a rétorqué Serigne Diouf qui a nié avoir touché à l'argent. ''C'est le voleur qui détenait le sac d'argent'', a-t-affirmé, rejoint par son co-prévenu Tidiane Diamanka. Une allégation battue en brèche par le chef de poste de la police de Bel Air. Le brigadier Jean Bernard Coly a déclaré que le policier Serigne Diouf détenait le sac. Pire, il a dit que les deux policiers n'ont pas voulu prendre les mentions. C'est après insistance que ses collègues ont daigné lui donner leurs coordonnées. Autant de preuves qui ont poussé Me Alioune Sow à réclamer la somme de cinq millions au titre de dommages et intérêts. Pour la défense, il y a des doutes dans cette affaire.

FATOU SY