Publié le 8 Apr 2021 - 17:57
RENCONTRE NOO LANK-AMBASSADRICE UNION EUROPÉENNE

Noo Lank étale les doléances des pêcheurs locaux

 

Les fameux accords de pêche signés entre l’Union européenne et le Sénégal, les fonds de lutte contre l’émigration irrégulière et les visas pour l’Europe ont été, hier, au cœur des discussions, lors de l’audience que l’ambassadrice de l’UE au Sénégal, Irène Mingasson, a accordée au collectif Noo Lank.  

 

Le collectif Noo Lank a rencontré, hier, l’ambassadrice de l’Union européenne au Sénégal pour plaider, au nom des pêcheurs locaux, la suspension des fameux accords de pêche que l’Etat du Sénégal avait signés avec l’UE.

En effet, le collectif citoyen Noo Lank a été mandaté par l’Union nationale des pêcheurs artisanaux du Sénégal (Unapas) pour faire ce plaidoyer auprès de la diplomate européenne.  En tant que porte-parole des pêcheurs, le collectif a fustigé les licences attribuées aux bateaux étrangers. Il estime que ces accords contribuent à la baisse des activités des pêcheurs locaux et sont à l’origine des flux d’émigration irrégulière notés ces dernières années et qui concernent en majorité les pêcheurs.

Face à la presse, à la sortie de leur rencontre avec l’autorité diplomatique qui a duré plus de trois tours d’horloge, les membres du collectif citoyen disent être restés sur leur faim, sur la question. ‘’Sur ce point (suspension des accords) nous n’avons pas encore d’accord, mais l’essentiel c’est qu’on a commencé à discuter‘’, fait savoir le porte-parole de la délégation de Noo Lank, Amadou Guèye.

Selon lui, lors des discussions, l’ambassadrice a maintenu ‘’les mêmes explications tenues auparavant, tout en essayant de relativiser l’importance des accords de pêche’’.

En attendant une solution définitive, les mandataires des pêcheurs se disent satisfaits d’avoir entamé les discussions. Ils persistent toutefois et invitent l’UE à suspendre ces accords qui, à leurs yeux, ont des conséquences énormes sur l’économie nationale. ‘’Nous pensons que l’UE gagnerait beaucoup plus à suspendre ces accords qu’à les maintenir. Nous soutenons que ces accords ne sont pas utiles et n’apportent pas grand-chose au Sénégal, parce que c’est juste 3 millions d’euros, soit l’équivalent de 2 milliards de franc CFA.  Ce montant est tout simplement dérisoire, si l’on sait qu’il permet à une quarantaine de bateaux européens de pêcher dans nos eaux’’, renchérit-il.

Monsieur Guèye signale, par ailleurs, que ce ne sont pas seulement les bateaux européens qui ‘’pillent les eaux sénégalaises’’. D’où l’importance, souligne-t-il, de renforcer la surveillance des côtes sénégalaises, pour permettre aux pêcheurs locaux de vivre de leur métier. ‘’Il y a les Chinois et les Brésiliens qui sont aussi en train de piller nos mers et il ne faudrait pas stigmatiser juste les bateaux européens.  Ce n’est pas seulement les accords avec l’UE qui impactent le secteur, mais tous ces bateaux étrangers qui pillent nos mers qui sont mis en question’’, précise-t-il.

Les fonds de lutte contre l’émigration irrégulière

Outre la question relative aux accords de pêche, le collectif Noo Lank a interpellé l’ambassadrice sur la polémique concernant les fonds que l’UE avait octroyés au Sénégal, dans le cadre de la lutte contre l’émigration irrégulière.

Pour rappel, l’utilisation de ces financements avait suscité de vifs débats, avec l’arrestation suivie de l’emprisonnement du président de l’ONG Horizon sans frontière, Boubacar Sèye, qui avait dénoncé la politique d’utilisation de ces fonds. ‘’C’était important de venir rencontrer l’ambassadrice pour confirmer la réalité des montants des financements et de voir quelle est leur efficacité’’, souligne encore Amadou Guèye du collectif.

Selon lui, ‘’en plus du rapport qui est attendu des autorités sénégalaises sur la question, l’Union européenne va faire son propre rapport qu’elle enverra à la Cour des comptes européenne pour avoir des informations beaucoup plus objectives sur l’utilisation de ces fameux fonds’’.

Le troisième point de discussion entre l’ambassadrice Irène Mingasson et les membres du collectif, a concerné l’octroi de visas aux Sénégalais qui désirent voyager dans les pays membres de l’union. Les activistes ont demandé que les frais de demande de visa soient revus à la baisse pour les concitoyens sénégalais.

ABBA BA

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