Publié le 20 Jul 2021 - 04:20
LA TABASKI DES ENFANTS TALIBES

L’art de la débrouille 

 

La Tabaski sera fêtée, demain ou après-demain, sur toute l’étendue du territoire national. A Diourbel, les talibés s’affairent aux préparatifs de cette fête qu’ils veulent pour la plupart célébrer auprès des leurs. ‘’EnQuête’’ a suivi des talibés de la capitale du Baol.

 

L'Aïd al-Adha ou ‘’Fête du sacrifice’’, encore appelée l'Aïd el-Kebir, est la plus importante des fêtes de la religion musulmane. Partout dans le pays, les gens s’affairent à son organisation. Les enfants talibés ne dérogent pas à la règle. Dans la commune de Diourbel où on dénombre 132 Daaras non-flottants et environ 2 000 enfants talibés, l’heure est aux préparatifs de cette fête musulmane. La plupart des mômes veulent rejoindre leur famille. Ces talibés ont pu thésauriser de l’argent qu’ils ont gardé dans des boites de conserve ou bien ils le confient à un homme de confiance. 

Mbacké Ndiaye, âgé d’une quinzaine d’années, vient de Missirah. ‘’Je confie chaque jour une certaine somme d’argent à Baba. Au moment où je dois rentrer pour les fêtes de Tabaski, il me remet l’argent. Avec cette somme, je paie mon billet et celui de mon jeune frère. Le reste, j’achète des habits et je remets aussi de l’argent à ma mère. Tout cet argent est le fruit de la mendicité’’.

Si Mbacké N. garde son argent chez un commerçant, tel n’est pas le cas de Modou D. Agé de 10 ans, il a creusé un trou dans une maison en construction avant d’y ensevelir le pot de conserve où est gardé l’argent. Interpellé sur le lieu choisi pour garder sa maigre fortune, le jeune homme, avec son air candide, répond : ‘’Mis à part vous qui m’avez surpris ici, personne n’est au courant de ce lieu de cache. Si j’ai choisi ce lieu, c’est parce que les années passées, je remettais l’argent à un aîné et il utilisait l’argent à d’autres fins. Lorsque je lui réclamais cet argent, il me battait.’’

A la question de savoir où il trouve cet argent, le jeune talibé répond : ‘’Si je gagne 500 F par jour, je dis au marabout que je n’ai eu que 200 F et je lui donne les 100 F. Les 400 F restant, je les garde dans ma banque de fortune. Cette année, j’ai pu avoir, après le décompte, 100 000 F, mais personne ne le sait.’’

Si ces moins jeunes gardent leur argent en utilisant les moyens traditionnels, tel n’est pas le cas d’Aliou S., âgé d’une vingtaine d’années. Il habite la commune de Koungheul, dans le département du même nom. Lui a choisi de garder son argent chez les opérateurs de transfert d’argent.

Habillé d’un pantalon jean et d’un tee-shirt body de couleur noir, Aliou explique la provenance de son argent : ‘’Je l’ai gagné à la sueur de mon front. Actuellement, je n’étudie pas beaucoup, parce que j’ai déjà mémorisé le Coran. Mes heures creuses, je les passe au marché où je travaille comme colporteur de marchandises. Je parviens à gagner, par jour, au moins 2 000 F. Après mes dépenses, je garde l’argent dans mon compte.’’

D’ailleurs, ces enfants talibés mendiants peuvent aussi avoir recours à d’autres stratégies économiques de survie (en exerçant, par exemple, de petits métiers tels que le port de bagages et de colis, la collecte et le tri des ordures ou le petit commerce).

A noter que pour cette fête de Tabaski, environ 500 000 moutons sont attendus sur l’étendue de la région. Dans la commune de Diourbel, les vendeurs déplorent le manque de sécurité, de toilettes et l’étroitesse du foirail. El Hadj Sow, Président du foirail : ‘’J’ai été victime de vol. Quatre de mes béliers ont été dérobés.’’

Boucar Aliou Diallo

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