Publié le 27 Jul 2021 - 14:51
DIOURBEL

La création d’un centre d’accueil sollicitée 

 

Région fortement marquée par la mendicité des mineurs confiés à des Daaras, Diourbel connait une augmentation de l’errance des enfants en conflit avec la loi. Pour un bon nombre d’acteurs, il urge de procéder à l’implantation d’un centre d’accueil pour recueillir ces enfants.

 

La problématique des enfants de la rue est complexe. Dans la région de Diourbel, on assiste, de plus en plus, à une augmentation du nombre d’enfants de la rue. Le phénomène est plus accentué à Touba. Dans cette ville, les coins Buntu Pikine, qui jouxtent la gare routière de Darou Mouthy, Mbarou Madyana, Gare Bou Maak, marché Ocass, sont des lieux très prisés par des enfants qui ont fugué. Ils s’adonnent au vol et se droguent très souvent.

Interrogés, ces enfants, qui sont le plus souvent en conflit avec la loi et ont quitté le Daara, ne veulent pas que leurs parents ou le maitre coranique  soient informés. Ces enfants errent souvent dans les rues et sont des sans domicile fixe. Les infractions qu’ils commettent fréquemment sont le vol et souvent, ils le font en groupes.

 Pour les procès, renseigne un magistrat, ‘’la présence du civilement responsable est exigée. Mais du fait souvent de son absence, le tribunal est obligé de procéder à plusieurs renvois (pour faire comparaître les parents). Des fois, le responsable du Daara vient ou refuse de venir. C’est dans ce cas que l’AEMO (Action éducative en milieu ouvert : un service du ministère) de Mbacké procède à la recherche d’adresse. Ce qui est très compliqué. Si l’enfant est interpellé, il dit qu’il est confié à un Daara, mais le tribunal pour enfants logé au tribunal de grande instance de Diourbel se rend compte, dans la majorité des cas, qu’il ment. Ce qui fait que le juge pour enfants se retrouve avec de fausses adresses’’. Dans la région de Diourbel, il n’existe pas de centre de premier accueil, ce qui complique le problème de la garde des enfants.

Cette absence, si on en croit le coordonnateur régional des services AEMO de la région de Diourbel, ‘’est une contrainte majeure pour nous autres travailleurs sociaux. A Touba, il y a le centre de Sangue Ndiaye, mais il n’est pas autorisé.  Dans la région de Diourbel, il n’y a pas de talibés en détention, parce qu’en matière de justice juvénile, la détention est une exception. Il faut regretter aussi que souvent, pense le magistrat sous couvert de l'anonymat, ‘’le serigne daara ne sait même pas si l’enfant a fugué et, dans ce cas, on recherche avec le concours des différents services des AEMO le parent’’.

Interpellé sur la typologie des enfants en marge de la loi, le magistrat renseigne : ‘’Nous avons deux types d’enfants : ceux qui sont en conflit avec la loi et ceux qui sont en danger. Ces derniers, dont la moralité est compromise, sont envoyés dans les centres polyvalents et à Nianing, dans le département de Mbour, pour qu’ils apprennent un métier, parce qu’ils ne veulent plus retourner chez eux.’’

Les collectivités territoriales n’ont pas de politique d’enfance

L’autre particularité de la région de Diourbel est le fait que les collectivités territoriales sont presque absentes dans la protection de l’enfance, alors qu’elle fait partie des compétences à elles transférées. Samba Lawbé Mbaye, le directeur de l’Agence régionale de développement (ARD) constate pour s’en désoler : ‘’Il est très important de noter que les collectivités territoriales devraient jouer leur partition dans la recherche de solutions pour cette problèmatique. Malheureusement, il faut noter qu’au niveau des collectivités territoriales, il n’y a pas de programme qui s’active. Leur rôle à ce niveau reste très timide. Nous allons faire une proposition de prise en charge de cette dimension enfance au niveau des collectivités territoriales. Cette dimension de l’enfant n’était pas visible dans les politiques publiques, surtout en ce qui concerne la petite enfance.’’

Comme recommandations et propositions, le directeur de l’ARD souhaite que les ‘’collectivités territoriales puissent intégrer la dimension enfance dans leur politique publique, parce qu’elle est souvent oubliée (conseil municipal, parlement des enfants). Il faut aussi que des lignes de crédit budgétaire spécifiques dédiées à cette problématique puissent être prises par le niveau central et les collectivités territoriales’’.

A sa suite, Adiouma Diouf, travailleur social, pense que ‘’les centres d’accueil portés par des OSC et ONG sont des maillons indispensables dans ce plan de retrait des enfants de la rue et méritent d’être soutenus par l’Etat dans leur mission. L’application des lois sur la protection des enfants ne doit en aucun cas être soumise à une lecture partielle ou partiale et les sanctions associées ne doivent pas non plus être assujetties aux règles de ‘’bienséance’’ ou ‘’parentalité’’. Le non-respect des lois sur la protection des enfants, dans certaines situations, continue de faire des victimes dans les Daaras et les familles.

Boucar Aliou Diallo

 

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