Publié le 19 Jan 2022 - 20:58
CAMPAGNE ÉLECTORALE À TAMBACOUNDA

La violence gagne du terrain

 

La campagne électorale, qui a démarré depuis quelques jours, a pris une tournure violente, à l’approche de l’échéance. La violence verbale a cédé le pas à la violence physique, avec des bagarres, des blessés et la destruction de biens.

 

À Tambacounda comme dans toutes les régions du Sénégal, la campagne électorale bat son plein avec son lot de désolation.

En effet, les meetings organisés par les différents partis ou coalitions sont pour la plupart des moments de prises de bec ou de règlements de comptes. Une violence verbale et physique qui s’installe peu à peu dans la région.

Ainsi, à quelques jours de la fin de la campagne, tous les nerfs sont tendus. Pour un rien, des militants de partis opposés s’affrontent et, parfois, ce sont des blessés ou des pertes matérielles qui sont notés.

Ce weekend, plusieurs cas de violence ont été enregistrés un peu partout dans la région. À Tambacounda, au quartier Quinzambou, une dame s’est retrouvée avec une fracture, après une altercation avec les éléments de la garde rapprochée du candidat de Benno Bokk Yaakaar (BBY) au conseil départemental, Mamadou Kassé. Selon les explications de la victime, elle a surpris ses bourreaux en train de déchirer les posters à l’effigie de son leader Pape Banda Dièye, candidat de la coalition Le choix de Tamba. Quand elle s’est interposée, un des lieutenants de Kassé l’a bousculée et elle est mal retombée.

Le dimanche, à Sinthiou Malème, une commune du département de Tambacounda, on a frôlé le pire, avec un affrontement entre les militants de Bokk Gis Gis dirigés par le 1er adjoint du maire sortant Abdou Samath Sakho et ceux de la coalition BBY dirigée par le maire sortant Mamadou Saliau Ba. A en croire des sources concordantes, les militants de Bokk Gis Gisa, en caravane, sont passés devant le quartier général de la coalition BBY, en scandant le nom de leur leader. Mais cela a été mal pris par des militants du maire sortant qui l’ont vite fait savoir, en s’attaquant à la caravane. Il s’en est suivi un affrontement qui a fait une dizaine de blessés.

Également, la nuit du lundi au mardi dernier, le cortège du maire de Tambacounda, leader de la liste BBY pour la commune, Mame Balla Lo, a été attaqué à hauteur de Kandery. Bilan des dégâts : un blessé et une voiture vandalisée. Les forces de l’ordre ont procédé à l’arrestation d’un des malfaiteurs.

Cette recrudescence de la violence, ces derniers jours de campagne, ne surprend guère Ousseynou Sow, journaliste et observateur du paysage politique à Tamba. Selon lui, plus on s’approche du jour du vote, plus les violences seront fréquentes. ‘’On est sur la dernière ligne droite. La peur de perdre, la pression, tous ces sentiments gagnent les leaders et leurs militants. C’est pourquoi les nerfs sont tendus et, malheureusement, la seule solution que certains trouvent pour évacuer ces sentiments, est de semer la violence’’, dit-il.

Depuis l’ouverture de la campagne et bien avant, la violence était déjà là. Elle revêtait juste une forme verbale. Les listes en lice se sont, ces derniers jours, lancé des piques à n’en plus finir. Aucun candidat ne laissait passer une occasion de rabaisser ses adversaires. Et parfois de gros mots étaient employés pour dénigrer l’autre camp. ‘’Voleur’’, ‘’menteur’’, ‘’traitre’’, ‘’manipulateur’’ : tous ces qualificatifs sortis de la bouche des leaders ont marqué cette campagne à Tamba. 

Donc, ces violences physiques notées récemment ne sont que la suite logique des attaques verbales.

Benno Bokk Yaakaar et ses deux listes

A Tamba, la singularité réside dans les tensions notées entre partisans de la grande coalition de BBY. Le candidat plébiscité par la population pour diriger la liste de BBY était Sidiki Kaba. D’ailleurs, une motion signée et envoyée par les différents leaders de la coalition au leader national Macky Sall faisait état de la volonté de ces derniers d’avoir le ministre des Forces armées comme le candidat de la coalition à la mairie de Tamba. Une proposition à laquelle a, d’ailleurs, voulu adhérer le président, mais c’était sans compter avec la détermination du maire sortant Mame Balla Lo à briguer un autre mandat à la tête de la commune.

Ainsi, le président Sall a finalement décidé de retenir la candidature du député-maire sortant Mame Balla Lo comme tête de liste de BBY et a donné la permission à Sidiki Kaba de monter une liste parallèle.

La bataille s’annonçait, dès lors, âpre au sein de la BBY. Mais un jour plus tard, Sidiki Kaba décida de se retirer. Cette décision a créé beaucoup de frustrations dans son camp. Ses fervents militants sont allés jusqu’à lui demander de ne plus mettre les pieds à Tamba.

Cet épisode a donc laissé des traces et signé le divorce définitif entre Sidiki Kaba et Mame Balla Lo, mais également entre leurs militants. Depuis, les deux camps se livrent une guerre sans merci. La dernière en date concerne l'inauguration de la mosquée de Tamba Socé. Elle était prévue vendredi dernier, mais n'a pas être faite, à cause d'une mésentente entre Sidiki Kaba et Mame Balla Lo. Le préfet a dû interdire la cérémonie, pour éviter tout affrontement entre militants des deux leaders. Mame Balla a voulu inaugurer la mosquée construite par le ministre Sidiki Kaba, ce qui a causé l'ire des partisans du ministre.

Pour ces Locales, les ‘’sidikistes’’ se sont rangés derrière un proche de leur leader, le socialiste Pape Banda Diéye qui dirige la liste Le choix de Tamba pour la mairie. Pour le conseil départemental, la liste des verts est dirigée par le président sortant Sina Cissokho. Selon les leaders de la coalition, le choix de Tamba est béni par le leader national Macky Sall. Ils se réclament de BBY. Ce que réfutent les militants de l’autre partie.

Ainsi, la reconnaissance de la liste Le choix de Tamba par le président de la République est un point de crispation dans cette campagne électorale.

A trois jours de l’élection, la tension est palpable ; le souvenir de la mort du jeune tailleur, lors de la dernière élection présidentielle, est dans tous les esprits. Certains leaders appellent encore au calme pour éviter le pire.

BOUBACAR AGNA CAMARA (TAMBACOUNDA)

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