L’impact au Sénégal
Augmentation constante de latempérature, baisse persistante et une variabilité de pluviométrie non-homogène, l’érosion côtière… Le changementclimatique est une réalité au Sénégal. D’où l’organisation, par leministère de l’Environnement et du Développement durable, d’une série d’ateliers de renforcement de capacités des députés,maires et journalistes.
Le changement climatique est une réalité et ses conséquences se manifestent au Sénégal. Concernant les températures, aux horizons 2035, toutes les simulations climatiques montrent une augmentation avec une variation moyenne comprise entre +1,17 et 1,41 degré Celsius, d’après une présentation faite par la cheffe de la Division changement climatique, Madeleine Diouf Sarr. Elle intervenait, hier, dans un atelier de renforcement de capacités des députés, maires et journalistes, à l’initiative du ministère de l’Environnement et du Développement durable, à travers l’autorité nationale désignée pour le Fonds vert climat, en rapport avec la Banque agricole.
Madame Sarr note que sur les risques climatiques projetés, leurs impacts potentiels, ainsi que les vulnérabilités induites, les modèles montrent globalement une prédominance des risques de sécheresse, des vagues de chaleur et une recrudescence des événements humides extrêmes. L’occurrence de ces risques expose différemment les régions du Sénégal. Docteur Ousmane Ndiaye, Directeur de l’Exploitation de la météorologie au sein de l'Agence nationale de l'aviation civile et de la météorologie (Anacim) : “On est en train de vivre le réchauffement climatique avec les vagues de chaleur. Cette année, on n’a presque pas eu d’hiver. L’année passée, on a eu beaucoup d’inondations.’’
D’ailleurs, on note surtout une diminution des séquences humides (jours consécutifs de pluie) et une variabilité non-homogène pour les pauses pluviométriques (jours secs consécutifs) en moyenne. Mais ce qu’il faut surtout noter, c’est l’augmentation des phénomènes extrêmes, dans la zone Sud-Est avec une diminution au Nord-Ouest. Ainsi, la tendance moyenne des pluies sera à la baisse en moyenne sur l’ensemble du pays et surtout dans la partie Nord-Ouest qui sera très marquée par une raréfaction des fortes pluies, tandis que la région du Sud-Ouest verra plus de pluies extrêmes. D’aucuns disent que la chaleur, c’est un phénomène naturel au Sénégal. “Les Africains, de manière générale, pensent que la chaleur fait partie de leur environnement.
Quand il fait chaud, ça ne dérange pas trop. Mais le problème qui se pose, c’est que la chaleur va être de plus en plus fréquente, plus forte, plus intense. Et il y a des risques avec des maladies cardiovasculaires, des feux de brousse, etc.’’, a soutenu le Dr Ndiaye. Mesures d’atténuation et d’adaptation Il note aussi le phénomène de l’érosion côtière, avec le changement climatique qui se manifeste également avec l’avancée de la mer qu’on observe à Guet-Ndar, par exemple. Le secteur de la pêche est également impacté, avec des morts d’hommes. “Il faut accompagner les pêcheurs pour qu’ils puissent recevoir les messages que donnent l’Anacim pour qu’ils n’aillent pas à la mer quand le climat n’est pas clément’’, dit-il, parlant du système d’alerte précoce qui a été mis en place.
Sur l’inaccessibilité des poissons, il explique : “Quand il fait beaucoup plus chaud avec les changements climatiques, soit les poissons vont en profondeur, soit dans des zones beaucoup plus propices, plus froides. Ce qu’ils font le plus souvent, c’est d’aller en profondeur’’. Dans ce cas, les pécheurs sénégalais ne trouvent pas grand-chose, quand ils partent en mer.
Ils vont se contenter des petits poissons ; ce qui pose problème pour le relèvement de la population halieutique. Ainsi, les gens vont croire qu’il y une rareté des poissons, alors que ce n’est pas le cas, selon notre interlocuteur. Ce sont les bateaux étrangers qui réussissent, donc, à trouver les gros poissons. Selon le docteur Ousmane Ndiaye, il faut prendre des mesures adéquates, pour diminuer l’impact des chaleurs-là. “Aujourd’hui, on produit beaucoup de gaz à effet de serre.
Il faut les diminuer. Donc, on doit penser à des énergies renouvelables. Heureusement que l’Etat a cette vision-là. Il est en train de voir avec transport en commun (TER, BTR) qui contribue à réduire les gaz à effet de serre’’, dit-il, soutenant également que les populations doivent être conscientisées pour qu’elles comprennent que le changement climatique est une réalité. En effet, pour s’inscrire dans la trajectoire de l’émergence vers l’horizon 2035, le Sénégal a adopté, depuis 2014, le Plan Sénégal émergent qui constitue le référentiel de sa politique économique et sociale.
La stratégie met l’accent sur le fait que “les actions de développement doivent être conformes aux dispositions d’atténuation et d’adaptation aux effets du changement climatique, en intégrant les principes de développement durable dans les politiques’’.
Il faut souligner que l’accès au financement pour la mise en œuvre de leurs obligations envers la convention, constitue de nos jours une contrainte majeure pour les pays en développement en général et les pays les moins avancés (PMA) en particulier. Afin de respecter ses engagements vis-à-vis de la convention et montrer sa volonté de contribuer à l’effort global de lutte contre le réchauffement climatique, le Sénégal s’est engagé à élaborer un cadre stratégique d’interactions (programme-pays) avec le Fonds vert pour le climat (FVC).
BABACAR SY SÈYE