Le Sénégal à l’heure des énergies vertes
Le Mécanisme de développement propre (MDP) a pour mission première de favoriser le développement durable de ses pays hôtes. Au Sénégal, des projets sont développés pour assurer la sécurité énergétique du pays, contribuer à son autosuffisance et réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES), en produisant de l’électricité sans émission de ces gaz.
Le Sénégal, après la signature et la ratification de la Convention climat et de son Protocole de Kyoto, a bénéficié des avantages de la mise en œuvre de projets inscrits, dans le cadre du Mécanisme de développement propre (MDP). Nombre des projets ont été enregistrés portant, notamment, dans le domaine des projets d’énergies renouvelables injectées au réseau, sur l’efficacité énergétique dans les ménages, l’électrification rurale hors réseau, la restauration de la mangrove, etc.
Un des trois mécanismes, dans le cadre du Protocole de Kyoto, est le principal instrument de marché faisant intervenir les pays en développement. Son objectif premier est de favoriser le développement durable dans les pays hôtes (pays en développement), tout en donnant aux pays visés la possibilité de respecter leurs obligations de limitation et de réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES). Il peut procurer des financements pour diversifier et fiabiliser l’approvisionnement énergétique, réduisant ainsi la dépendance à l’égard des énergies fossiles et pour électrifier les zones rurales isolées.
Selon le président du Groupe Finance et Mécanismes et Marchés du COMNACC, El Hadj Mbaye Diagne, trois organes sont nécessaires au fonctionnement du MDP. Le Conseil exécutif qui a pour rôle de superviser la mise en place du MDP et d’enregistrer les projets MDP. L’Autorité nationale désignée (AND) détermine les critères de développement durable propre au pays et contrôle le processus d’approbation du projet. Les Entités opérationnelles désignées (EOD) qui sont responsables de la validation, de la vérification des projets MDP et de l’information du public.
Ainsi, renseigne El Hadj Mbaye Diagne, la finance carbone désigne les ressources financières susceptibles d’être obtenues à travers la vente d’unités de réduction d’émission de carbone issue de la mise en œuvre de projets verts. La vente de crédits carbone générés par des projets de développement représente une source de financements additionnels.
Mais bien que fortement attractif, l’accès à ces financements innovants reste complexe et contraignant. La finance carbone est complexe, du point de vue de la méthodologie et de la gestion du planning du projet. Elle est également porteuse d’incertitudes, de risques, notamment celui du prix de la tonne de carbone.
‘’Les marchés volontaires sont constitués d’espaces d’échanges qui ne sont pas «réglementés», c’est-à-dire non contraints par la réglementation ou les mécanismes du Protocole de Kyoto. Les quotas et les objectifs y sont définis librement et ils permettent à n’importe quel acteur de pouvoir compenser ses émissions, à travers l’achat d’actifs carbone. Au même titre que le marché réglementaire avec son standard (UNFCCC/CDM et MOC), le marché volontaire a également ses propres standards Verra, Gold Standard, VCS. Ils disposent d’un canevas de Doc de projet, des procédures plus flexibles de suivi, de vérification et de certification des crédits évités. Il y a aussi quelques projets du Sénégal qui ont été soumis sous ce mécanisme. Il s’agit notamment du projet REDD+ du Niokolo-Koba, le programme Mangrove Sénégal et Afrique de l'Ouest, la ferme solaire de Sakal, le PV solaire connecté au réseau de Bokhol, l’initiative de la mangrove de Océanium, la centrale solaire photovoltaïque de Kahone, la centrale solaire Malicounda et le programme Jatropha agroforesterie Sénégal’’, indique M. Diagne.
Coté statistiques, poursuit M. Diagne, il y a plus de 7 700 projets enregistrés en 2016, 1,7 milliard de tonnes équivalant à CO2 ont été évitées, plus de 300 milliards de dollars US investis, 15 millions d’unités de réduction annulées volontairement, 34 millions d’unités de réduction certifiée cédées au fonds d’adaptation, 195 millions de dollars de recettes provenant de la vente d’unités de réduction certifiée des émissions inscrites en faveur du Fonds pour l’adaptation et 78 prêts dans le cadre du programme de prêts du MDP approuvés.
Sécurité énergétique du Sénégal
Au plan national, le MDP a des projets qui tournent autour de la participation à la sécurité énergétique du Sénégal et la contribution à son autosuffisance, la réduction des émissions de gaz à effet de serre, en produisant de l’électricité sans émission de GES et la participation au développement des énergies renouvelables, la substitution partiellement du charbon par le jatropha et les résidus de biomasse dans la production de ciment et l’amélioration de l’efficacité énergétique de la centrale de cogénération. Il est aussi prévu la promotion des systèmes solaires photovoltaïques et des énergies renouvelables dans le programme d’électrification rurale, l’augmentation de la disponibilité des foyers améliorés en Afrique.
Ce dernier portera sur la promotion, la distribution et la vente de foyers de cuisson parmi le segment cible que sont les ménages, les restaurants, les fast-foods, les écoles ou les vendeurs ambulants qui utilisent soit du bois ou du charbon de bois dans des feux à trois pierres inefficaces ou supports de pots de charbon de bois traditionnels pour la cuisson. Il y aura aussi l’amélioration de l’efficacité énergétique par l’installation d’environ 1 500 000 ampoules à basse consommation en zones rurales au Sénégal.
Pour les acquis, il y a le renforcement des capacités des experts du Comité national adaptation au changement climatique (COMNAC), dans le suivi du développement des projets carbone, la mise en place, au niveau national, d’un cadre de gouvernance propice à la bonne exécution des activités MDP : création d’un Bureau national MDP par arrêté ministériel, un meilleur dynamisme du secteur privé et la conscientisation sur les opportunités à tirer dans le cadre du changement climatique et notamment de la finance climatique.
En ce qui concerne les insuffisances du MDP, il y a les objectifs de réduction des émissions qui sont loin d’être suffisants pour amoindrir le réchauffement de la planète, les procédures qui sont longues sur les coûts de transactions importantes liés au développement du projet MDP, la répartition inégale des projets MDP (localisation : dominance des économies émergentes (Chine, Brésil, Inde), dimension avec un manque de projets à petite échelle et l’Afrique qui ne représente que 3 % des projets MDP enregistrés), les obstacles liés au financement des projets MDP et la barrière linguistique.
CHEIKH THIAM