Publié le 29 Oct 2022 - 15:09
TRAFIC DE PASSEPORTS DIPLOMATIQUES ENTRE LA PRÉSIDENCE ET LE MINISTÈRE DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES

Le parquet requiert un an ferme contre Limamoulaye Seck et Cie

 

Limamoulaye Seck, Aly Ndao, l’adjudant-chef chef Mamadou Ba, Assane Dionne, Badara Sambou et Cheikh Ibn Araby Samb ont été appelés hier, à la barre de la Chambre correctionnelle du tribunal militaire. Ils sont tous cités dans l’affaire du trafic des passeports diplomatiques entre la présidence de la République et le ministère des Affaires étrangères. Après près de 10 mois de détention, ils vont encore patienter jusqu’au 25 novembre prochain pour être édifiés sur leur sort. Le parquet a requis un an d’emprisonnement ferme contre chacun.

 

L’affaire du trafic des passeports diplomatiques entre la présidence et le ministère des Affaires étrangères a été évoquée, hier, à la barre de la Chambre correctionnelle du tribunal militaire. Après 10 mois de détention préventive, les hommes d’affaires Limamoulaye Seck, Aly Ndao, les deux agents au ministère des Affaires étrangères Badara Sambou, Cheikh Ibnou Araby Samb et les gendarmes Mamadou Ba et Assane Dionne se sont, tour à tour, expliqués sur leur responsabilité dans cette affaire.

C’est en décembre 2021 que celle-ci a été rendue publique. Quatorze faux dossiers déposés ont été débusqués à la présidence. Sur ces entrefaites, l’Aide de Camp du président de la République, le Général Meïssa Cellé Ndiaye, a fait un signalement et exigé, sur demande du président de la République, qu’une enquête soit ouverte. C’est ainsi que, un à un les individus supposés mêlés à cette nébuleuse ont été arrêtés. Les perquisitions ont permis aux enquêteurs de découvrir que les « faussaires » sont parvenus à confectionner, plus d’une vingtaine de passeports diplomatiques. Les passeports auraient été vendus aux alentours de 6 millions FCFA.

Les investigations techniques effectuées sur les téléphones portables des mis en cause ont également permis de découvrir des captures d’écran de photos de passeports diplomatiques, des documents administratifs en rapport avec la délivrance de passeports diplomatiques, ainsi que des reçus et messages d’accusé de réception de transactions monétaires.

Il ressort de cette analyse technique la présence du numéro de téléphone de l’adjudant-chef Bâ sur les téléphones des mis en cause, ainsi que des communications régulières entre ce dernier et Limamoulaye Seck.

« Je reconnais avoir introduit une demande de passeport diplomatique pour le footballeur Kara Mbodji »

Face au président du tribunal et ses assesseurs, Limamoulaye Seck, qui est poursuivi pour association de malfaiteurs, faux et usage de faux, trafic de migrants, a contesté une bonne partie des faits. Mais, il a admis avoir une part de responsabilité dans la confection de ces passeports. Selon l’homme d’affaires, c’est sur la base d’un exemplaire de lettre d’une autorité qu’un certain Kébé établi en France détient qu’il introduisait les demandes. Il a ajouté qu’il ne recevait que 500 mille francs CFA pour chaque passeport établi. « Tout le temps, j’envoie la pièce d’identification à Kébé. Je reconnais avoir confectionné pour Kara Mbodji un passeport diplomatique en 2020. En ce moment, il vivait en Europe », a-t-il déclaré.

Toutefois, il a contesté jusqu’à la dernière énergie avoir, avec récurrence, eu des entretiens téléphoniques avec l’adjudant-chef Mamadou Ba qui travaillait à la présidence. « Je n’ai jamais dit à la Dic que c’est Assane Dionne qui nous a facilité le trafic des visas au ministère », a-t-il précisé, en ce qui concerne la responsabilité du gendarme qui servait au niveau du ministère des Affaires Étrangères.

Adjudant-chef Mamadou Ba : ‘’Je ne saurais dire qui a introduit les 14 dossiers dans le circuit’’

Entendu, l’adjudant-chef Mamadou Ba a soutenu qu’il ne saurait dire qui a mis dans le circuit les 14 dossiers incriminés. « C’est le général qui m’a remis les 14 dossiers. Je ne saurais dire qui les a mis dans le circuit. J’ai une panoplie de dossiers. J’appelais un par un les bénéficiaires, après vérification, et je leur disais qu’ils avaient rendez-vous au ministère des Affaires étrangères », a-t-il expliqué. Sur les éventuelles sommes d’argent qu’il aurait reçues, il poursuit : « J’ai reçu moins de 400 mille francs CFA de Limamoulaye. Je pensais que ça venait des autorités qui ont l’habitude de déposer des demandes ».

Pour prouver sa bonne foi, le gendarme renseigne qu’il lui est arrivé à deux reprises de constater des anomalies sur les signatures sur les documents. A chaque fois, dit-il, il avisait son supérieur hiérarchique. Il renseigne que, suite à des pressions venant de ce dernier, il a dû remettre ces passeports à leurs bénéficiaires.

Pour sa part, Assane Dionne a soutenu qu’il est cité dans cette affaire à tort. Le gendarme qui officie au ministère des Affaires étrangères admet que travailler au bureau des affaires étrangères est très sensible. Il prétend que toutes les demandes qui leur parvenaient passent par la voie normale. Par ailleurs, il ne conteste pas avoir reçu à deux reprises des sommes de 15 mille et 30 mille francs CFA de Limamoulaye Seck. A l’en croire, ce dernier lui a fait grâce de ces sommes, dans un cadre strictement personnel.

Badara Sambou, qui n’a pas de poste bien déterminé au niveau du ministère des Affaires étrangères, a également nié toute implication dans cette affaire. « Je n’avais pas le dossier. Ce n’est pas moi qui ai écrit la lettre adressée au président de la République », s’est-il défendu. Par ailleurs, il est ressorti des éléments de l’enquête que, dans un délai record, il s’activait pour que les bénéficiaires récupèrent leurs passeports. Il a même mordu à l’hameçon, quand un policier infiltré voulait obtenir un passeport diplomatique. Pour le deuxième flic infiltré, l’opération n’a pa abouti.

La lettre de demande pour un passeport diplomatique d’une dame établie au nom de l’épouse du DG de Dubaï port World

Aly Ndao a quant à lui été cité dans la procédure, suite à son rôle d’intermédiaire entre la dame Marietou Ba et Limamoulaye Seck. Il ressort des éléments de l’enquête que la lettre de demande pour la dame Mariétou a été faite au nom de l’épouse du directeur de Dubaï Port World. « J’ai été intermédiaire en toute bonne foi. Je ne savais pas que le circuit utilisé pour avoir un passeport diplomatique n’était pas adéquat », a-t-il raconté.

Selon lui, il est entré en contact avec le mari de Marietou sur les instructions de Limamoulaye. La deuxième fois qu’il a traité avec ce dernier, c’est quand celui-ci l’a contacté pour signer une décharge en son nom. « La première fois, je savais que c’était dans le cadre de la confection d’un passeport. En dehors de la réception contre décharge de l’argent, je n’ai posé aucune action en ce qui concerne la confection des passeports », s’est-il défendu.

Néanmoins, il a révélé posséder un passeport diplomatique sur instruction du président de la République. Il avait envoyé une lettre à celui-ci pour des raisons humanitaires. En effet, il soutient qu’il devait aller au chevet de son épouse très malade qui se trouve aux États-Unis.  

Après avoir demandé que le délit de trafic de migrants soit écarté, le maître des poursuites a demandé que les prévenus soient tous reconnus coupables. Il a requis un an d’emprisonnement ferme contre chacun.

Les avocats des prévenus ont, certains, sollicité une relaxe pure et simple et d’autres une application bienveillante de la loi. Ils ont dénoncé une procédure qui, selon eux, est biaisée, du début jusqu’à la fin. Selon les avocats, la Division des investigations criminelles (Dic) n’a pas respecté les droits des mis en cause, lors de leur interrogatoire.

L’affaire mise en délibéré, la décision sera rendue, le 25 novembre prochain.

MAGUETTE NDAO

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