La Cap appelle à un boycott des activités du gouvernement…
En conférence de presse hier, les membres de la Coordination des associations de presse (Cap) ont dénoncé le retour du journaliste Pape Alé Niang en prison, alors qu’il est mal-en-point. En grève de la faim depuis 15 jours pour dénoncer ce qu’il appelle son ‘’kidnapping’’, le journaliste est malade et est suivi dans une clinique, à Dakar. Lundi, les autorités pénitentiaires ont décidé de son retour en prison. La Cap durcit le ton et passe à la vitesse supérieure.
Lundi dernier, tard dans la soirée, la Coordination des associations de presse (Cap) a appris avec beaucoup de tristesse que Pape Alé Niang a été ramené dans sa cellule de prison à Sébikotane, malgré le message fort qu'elle a livré le même jour, le matin, à l'Assemblée nationale, en présence du Premier ministre qui faisait sa Déclaration de politique générale. ‘’C’est en représailles contre cet appel lancé le matin que les autorités pénitentiaires ont pris cette décision. Les journalistes n’ont pas perturbé la séance. Ils ont livré leur message avant le début de la Déclaration de politique générale'', a dit le journaliste Momar Diongue hier, lors d’une conférence de presse de la Cap tenue à la Maison de la presse.
La Cap juge cet acte extrêmement grave. À juste titre d’ailleurs. Elle a organisé une marche pour dénoncer l’emprisonnement du directeur de publication de Dakarmatin, a entamé des visites auprès d’autorités religieuses et diplomatiques du pays.
En effet, elle a eu à rencontrer le ministre de la Communication Moussa Bocar Thiam qui leur fait des promesses, jusque-là non tenues. C’est pourquoi d’ailleurs, les membres de la Cap disent ne plus pouvoir rester et attendre que les choses se fassent, d’autant plus qu’elle est sûre que les autorités sénégalaises sont en quelque sorte en bras de fer avec les journalistes. Ces derniers, naturellement, ne vont pas se laisser faire.
Par conséquent, la Cap appelle à un boycott des activités du gouvernement, le jeudi 15 et le vendredi 16 décembre 2022. ‘’Nous demandons à tous les confrères, les patrons de presse de suivre le mot d’ordre’’, a invité Habibou Mbaye de la Cap. Momar Ndiongue est d’avis que les membres du gouvernement prendront ainsi pleinement conscience de l’apport de la presse dans la vulgarisation de leurs activités.
Appel aux chefs religieux
Par ailleurs, la Cap lance un appel solennel aux chefs religieux pour qu'ils interviennent auprès du président de la République Macky Sall. Dans le même sens, elle interpelle la première dame Marième Faye Sall et toute bonne volonté susceptible de pousser les autorités à libérer Pape Alé Niang.
Car aujourd’hui, le combat n’est plus celui de la libération d’un journaliste, mais d’un homme malade qui risque de perdre la vie. ‘’La situation de Pape Alé est extrêmement grave, parce qu'il a décidé de poursuivre sa grève de la faim, de ne plus recevoir de soins, de ne plus quitter sa cellule, encore moins de recevoir des visites’’, d’après la Cap.
Jusque-là, l'autorité est restée sourde à tous les appels et plans d'action que la Cap a menés pour la libération de Pape Alé Niang. Pour la contraindre, en plus du boycott le jeudi et le vendredi, la Cap compte poursuivre et intensifier les visites auprès des ambassades accréditées au Sénégal, mais également auprès des guides religieux de Touba, Tivaouane, Ndiassane, Yoff pour les sensibiliser par rapport à la situation de PAN.
Si malgré tout cela, les autorités décident de ne point réagir, la Cap compte décréter une journée sans presse.
Pour rappel, le journaliste Pape Alé Niang a été arrêté depuis le 6 novembre, pour avoir divulgué des informations de nature militaire sans autorisation.
FATIMA ZAHRA DIALLO (STAGIAIRE)