« Le contribuable sénégalais est en face d'une grosse arnaque »
Le montage financier de l'autoroute à péage dégage l’odeur d’un enrichissement sans cause. Selon Birahime Seck, membre du Forum Civil, le contribuable sénégalais est en face d’une grosse arnaque par rapport à ce projet financé à hauteur de 380 milliards. Dans cet entretien avec EnQuête, il revient sur, outre le montage financier, la part de responsabilité de la Directrice de l'Apix d'alors, Aminata Niane dont le retour dans l'attelage gouvernementale provoque l'ire d'une bonne partie des citoyens sénégalais.
Concrètement, quelle est selon vous la part de responsabilité de Mme Aminata Niane dans la construction de cette autoroute à péage?
Elle est multiple et se situe à plusieurs niveaux. J’ai souligné tout à l’heure que l’APIX a été désignée comme l’Autorité déléguée pour organiser, suivre et coordonner jusqu’à la signature du contrat CET, le processus de sélection de l’opérateur. Cette responsabilité était partagée avec le ministère d’État de l’Économie et des Finances et celui des Transports…La convention de concession avec le Groupement Eiffage, a été signée le 2 juillet 2009. Madame Niane en sa qualité de Directrice de l’Apix est donc comptable de toutes les opérations relatives à l’exécution du budget de l’Autoroute à péage. En plus du montage financier qui n’est pas un exemple de transparence, la Cour des Comptes qui est un organe de contrôle officiel, a révélé que plus d’une vingtaine de marchés irréguliers représentant plusieurs centaines de millions ont été signés par Aminata Niane. Des règlements de marchés relatifs à une mission d’assistance au contrôle des études techniques des ouvrages d’art du tronçon Malick Sy-Patte d’Oie, ont été effectués sur le budget de l’APIX. Il en est de même pour une mission de conseil spécial à l’évaluation des coûts du programme de l’Organisation de la Conférence Islamique (OCI), conduite en 2006 sur le site de la Ville nouvelle. D’autres marchés irréguliers représentant plus de trois milliards FCFA, ont été signés par son directeur adjoint d’alors Monsieur Hamath Sall.
Un autre exemple est le paiement, toujours sur le budget de l’APIX, de marchés relatifs à une mission d’assistance juridique dans le cadre du nouvel aéroport Blaise Diagne d’un montant plus de 600 millions de FCFA. De plus nous pouvons donner l’exemple du projet de la «Nouvelle capitale politique et administrative du Sénégal» dont le choix du site a été effectué le 13 décembre 2002 à l’occasion du Conseil présidentiel de l’Investissement. Le Centre administratif et politique du Sénégal avait donné lieu à une convention suite à une autorisation de passation de marché par entente directe d’un montant global de 1.248.000.000 FCFA imputable au PTIP de 2004.
Son retour à la présidence de la République comme conseillère du chef de l'État suscite beaucoup de commentaires. Vous qu'est ce que cela vous inspire?
Lors de son discours à la Nation du 3 avril 2012, le président Macky Sall s'était engagé à la promotion de la bonne gouvernance et à lutter contre l’impunité, après avoir fait campagne pour la rupture. La nomination de madame Aminata Niane à ce poste stratégique est une sorte de protection et un défi à la lutte contre l’impunité. Le président de la République avait qualifié son accession à la magistrature suprême comme un nouveau départ pour une nouvelle ère de rupture en profondeur dans la manière de gérer l’Etat au plan institutionnel et économique. Le retour de certains défaits du 25 mars 2012 nous rappelle des pratiques d’un autre âge. La nomination de madame Aminata Niane est une sorte de défiance au peuple sénégalais, qui dans une écrasante majorité, avait fini de vaincre le système de gestion gabégique et arrogant prôné par le régime précédent. Aujourd'hui, on se rend compte qu'avec cette nomination, le système «Wade sans Wade» s’installe progressivement.
ASSANE MBAYE
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