Publié le 14 Jul 2023 - 00:07
PALUDISME À KOLDA, KÉDOUGOU ET TAMBA

Les raisons des échecs des programmes de lutte

 

Dans le but d’identifier des stratégies pour une réduction significative, rapide et durable du fardeau du paludisme dans les régions de Kolda, Kédougou et Tambacounda, qui ont plus de 80 % des cas de paludisme au niveau national, une étude a été menée. La restitution a permis de cerner les raisons pour lesquels tous les programmes de lutte initiés jusqu’ici ont été inefficients.

 

Les régions de Kédougou, Kolda et Tambacounda, situées dans le sud-est du Sénégal, souffrent encore du fardeau du paludisme avec une morbi-mortalité toujours importante, comparativement aux autres localités du Sénégal.

En effet, ces trois régions du Sud-Est portent l'essentiel de la charge du paludisme avec 79 % des cas confirmés en 2021, alors qu'elles abritent seulement 11,3 % de la population totale du pays.

Devant cette situation, le ministère de la Santé et de l'Action sociale, à travers le Programme national de lutte contre le paludisme (PNLP), et l'université Iba Der Thiam de Thiès, ont conduit une étude sur l'analyse des déterminants de la charge du paludisme dans les régions de Kédougou, Kolda et Tambacounda (2KT).

Cette recherche visait à avoir une compréhension plus approfondie des facteurs du paludisme dans la zone et à proposer des solutions pertinentes, adaptées et acceptables avec un plan d'action approprié sur la base d'une co-création, afin d'accélérer les progrès vers l'élimination du paludisme. Cette étude, appelée ‘’Projet zone rouge 2KT’’, financée par Sanofi, a été conduite entre février et décembre 2022.

Fidèle à la démarche participative ayant prévalu tout au long de la mise en œuvre de ces recherches avec l'implication des acteurs de terrain dans toutes les phases du processus, le PNLP, avec le Consortium de l'université de Thiès, ont organisé hier un atelier de restitution des résultats de cette étude et défini un plan d'action.

Cette étude a montré que parmi les perceptions sur les facteurs de contrainte des stratégies mises en œuvre, il y a la faible motivation financière des acteurs communautaires et la faible acceptabilité de certaines stratégies qui sont perçues par beaucoup chefs de ménage comme inefficaces, du fait de la récurrence des cas d'effets secondaires et une forte mobilité des populations.

À Kolda, l’étude a montré que les mobilités sont généralement de deux natures. Il y a des mobilités transfrontalières qu'on note surtout dans le district de Médina Yora Foula (qui est frontalier avec la Gambie) et des mobilités commerciales liées surtout aux marchés hebdomadaires (Louma de Diaobé, Louma de Biaro, etc.). Ce qui est plus prégnant dans les districts de Kolda et de Vélingara.

Ces mobilités, selon l’étude, freinent la couverture lors des campagnes de masse. Il y a aussi la culture et l'élevage intradomiciliaire qui favorisent les usages détournés des moustiquaires imprégnées à longue durée d'action (Milda), mais aussi la reproduction des moustiques du fait de l'humidité du sol.

Tout ceci fait dire au coordonnateur du Programme national de lutte contre le paludisme (PNLP) que les zones de Tamba, Kédougou et Kolda restent une préoccupation majeure du ministère de la Santé et de l'Action sociale pour envisager d'atteindre l'élimination du paludisme à l'horizon 2030.

D’après le docteur Doudou Sène, il leur faut réduire fortement le paludisme dans ces zones du pays. ‘’Pendant plusieurs années, dit-il, nous avons remarqué que la situation reste stagnante. Dans ce sens, avec l'appui de l'université Iba Der Thiam de Thiès (UIDT), nous avons fait une étude pour apprécier les facteurs qui contribuent à cette forte morbidité et mortalité. À l'issue de cette restitution, des recommandations fortes ont été faites par l'UIDT. Et comme nous allons vers la révision de notre plan stratégique, certainement de nouvelles approches viendront. Les activités qui étaient en vigueur dans la zone vont être accélérées pour permettre au Sénégal d'être au rendez-vous de 2030’’.

Il ajoute : ‘’Il y a énormément de facteurs qui sont parfois indépendants du secteur de la santé. Je veux parler de l'assainissement, l'orpaillage traditionnel avec une forte mobilité des populations dans les zones d'orpaillage qui a été signalée que nous ne maîtrisons pas du tout. C'est des gens qui viennent en fonction de l'apparition dans les villages. L'exemple de Kharakhena où, en l'état actuel normal, tu as 400 habitants, puis brusquement, tu te retrouves avec 10 000 habitants. C'est impossible pratiquement de gérer cette population.’’

Ainsi, le Dr Sène est d’avis qu'il leur faut des approches multisectorielles et l'implication d'autres secteurs pour venir à bout de la situation du paludisme dans le secteur. Ils ont également signalé les aspects transfrontaliers. ‘’Nous avons plusieurs pays comme la Guinée, la Gambie et le Mali qui influent beaucoup sur la lutte contre le paludisme. Nous avons déjà initié des activités dans ce sens, mais qui restent encore à être renforcées’’, a expliqué le coordinateur du PNLP.

CHEIKH THIAM

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