Publié le 11 Jun 2024 - 18:31
MIMI TOURÉ SUR LA PARTICIPATION DES FEMMES AUX ÉLECTIONS

‘’Les femmes ne sont pas nécessairement porteuses de projets qui sont bons pour les femmes’’

 

L'Initiative des 7 a organisé, hier, à Dakar, un forum sur "La participation politique des femmes et leur représentation". Lors des échanges, l'ancienne Première ministre, Aminata Touré, a souligné que les femmes ne sont pas nécessairement porteuses de projets qui impactent la gent féminine. Elle a indiqué que leur participation ne se limite pas seulement à l'élection ou à une question de poste.

 

Au Sénégal, de l'indépendance à nos jours, seules trois femmes ont participé à  l'élection présidentielle. À cet effet, hier, l'Initiative des 7 a organisé un forum sur "La participation politique des femmes et leur représentation", pour pouvoir identifier et analyser les facteurs de blocage. Au cours des discussions, contrairement à ceux ou celles qui estiment que la gent  féminine doit soutenir la candidature de femmes, l'ancienne Première ministre Aminata Touré a indiqué qu'elles ne sont pas nécessairement porteuses de projets qui impactent ou intéressent les femmes. "Il nous faut aujourd'hui, dit-elle, nous demander pourquoi, si on est une femme, on devrait voter pour une femme ? Mais les femmes ne sont pas nécessairement porteuses de projets qui sont bons pour les femmes. Est-ce qu'en tant que femmes nous voulons voter pour celles qui vont nous rétrograder du point de vue de nos droits ? Je pense que le projet politique de ces dernières doit être porteur de projets progressistes et d'émancipation pour les femmes", a-t-elle argué.

En outre, a-t-elle clamé, "la question, c'est quel type de programme politique ces femmes-là doivent être porteuses pour qu'elles bénéficient de la solidarité de toutes les femmes d'une manière générale".

De l'avis d’Aminata Touré, la participation politique des femmes ne se limite pas à l'élection et ne se résume pas à une question de poste.

En effet, a-t-elle expliqué, il en découle également des actions, des mobilisations citoyennes qu'il faut prendre, de participation et d'initiatives politiques en dehors des périodes électorales. Selon elle, il faut avoir une approche plus large de la question.  Parce que, dit-elle, c'est ce qui va permettre l'émergence de plus en plus de femmes leaders qui oseront aller se présenter pour réclamer le suffrage des Sénégalais.

Aminata Touré estime aussi qu'il faut une dynamique intergénérationnelle pour pousser la prochaine génération de  jeunes femmes à assumer ce leadership politique.

Loi sur la parité

Prenant part à la cérémonie, Seynabou Mbaye, présidente du Cosef, au nom de l'Initiative des 7, a rappelé que dans les partis politiques, la plupart du temps, la femme  ne joue pas de rôle déterminant dans les instances mixtes, mais qu'elle reste encore confinée  dans les instances dédiées comme les mouvements de femmes et les communautés d'organisation et de mobilisation.

En effet, a-t-elle souligné, elles rencontrent encore beaucoup d'obstacles qui étouffent leur volonté d'émerger et qui finissent par affecter et émousser leur engagement militant. Dans les institutions nationales, a-t-elle fulminé, "bien que les femmes aient accédé à la primature et à la présidence d'institutions comme le Haut conseil des collectivités territoriales et le Conseil économique, social et environnemental, la présidence de l'Assemblée nationale et celle de la République semblent encore hors de leur portée".

Dans le même sillage, Mme Mbaye a rappelé qu'en 12 élections présidentielles organisées depuis l'indépendance, le Sénégal n'a enregistré que la participation de trois femmes. Elle est d'avis qu'une "telle situation mérite une analyse approfondie des facteurs de blocage pour parvenir à plus d'inclusivité, car elle semble montrer que la loi instituant la parité n'a pas encore eu un effet multiplicateur sur la participation des femmes à l'élection présidentielle qui reste encore un plafond de verre".

En réalité, a-t-elle estimé, "cette situation donne l'impression que la loi sur la parité est appliquée uniquement à cause de son caractère contraignant, mais qu'elle n'a pas encore accepté et qu'il ne s'est pas encore développé dans notre pays une véritable culture de l'inclusivité".

Revenant sur la loi de la parité, Aminata Touré a recommandé fortement de ne pas parler d'un recul stratégique de la loi de la parité, comme l’ont évoqué certaines. "À mon avis, ce qu'il faudrait faire et couvrir une seule petite lucarne aux anciennes forces qui sont opposées à cette loi et qui sont encore là. Je crois aussi que le problème de la loi, c'est sa mise en application", a souligné l'ancienne Première ministre.

En effet, a-t-elle expliqué, "une fois que les femmes sont présentes à 50 %, ça ne s'arrête pas là, il faut les capaciter, une dynamique pour amener plus de femmes dans la réalité. Il faut renforcer la loi. Elle est excellente. C'est une loi quasi révolutionnaire et je considère qu'aujourd'hui, il faut une nouvelle loi sur les postes au niveau de l'Exécutif’’.

FATIMA ZAHRA DIALLO

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