Le Sénégal à la conquête de l’espace
En juillet 2024, le Sénégal franchira une étape significative dans l'exploration spatiale, avec le lancement de son premier satellite, GaindéSat-1A. Ce nanosatellite de type 1U, livré à Exolaunch (Allemagne) et intégré dans le déployeur Exopod Nova le 28 mai 2024, représente une avancée majeure pour le développement technologique et scientifique du pays. Initié par le ministère de l'Enseignement supérieur, de la Recherche et de l'Innovation, ce projet symbolise les efforts du Sénégal pour exploiter les technologies spatiales en faveur de son développement socioéconomique.
Le docteur Gayane Faye, coordinateur du Programme spatial sénégalais (Sensat), a souligné l'importance de GaindéSat-1A pour le Sénégal. Ce satellite, premier du genre pour le pays, est le fruit d'une collaboration nationale et internationale visant à renforcer les capacités technologiques et scientifiques du Sénégal. Le projet a été conçu pour répondre à deux missions principales : la collecte de données environnementales et la capture d'images du territoire sénégalais. La première mission de GaindéSat-1A consiste à se connecter aux stations de mesure lors de chaque passage en orbite, collecter les données et les transmettre au centre de contrôle de Diamniadio, près de Dakar.
Cette mission vise à intégrer et à connecter toutes les stations de mesure des structures étatiques et potentiellement privées, facilitant ainsi la collecte de données environnementales cruciales pour diverses applications.
Capture d'imagerie et une formation technique de haut niveau
La seconde mission est de capturer des images du Sénégal. Bien que la petite taille du satellite limite actuellement la résolution de ces images, cette capacité représente un pas important vers l'autonomie en matière d'acquisition, d'analyse et d'utilisation des données d'imagerie. Ces images seront utiles pour diverses applications, allant de la gestion des ressources naturelles à la planification urbaine.
Pour assurer la bonne exécution du projet, un comité technique diversifié a été mis en place, regroupant des enseignants-chercheurs de plusieurs institutions sénégalaises telles que l'École supérieure polytechnique, l'École polytechnique de Thiès, l'École polytechnique de Saint-Louis et l'Institut des sciences de la Terre. Ce groupe inclut également de jeunes participants, représentant différentes disciplines et perspectives, ce qui enrichit le projet avec une approche multidisciplinaire.
La formation de cette équipe a été facilitée par un partenariat avec le Centre spatial universitaire de Montpellier (CSUM). Depuis 2020, huit ingénieurs et cinq techniciens sénégalais ont été formés à Montpellier, acquérant les compétences nécessaires pour concevoir et construire GaindéSat-1A. Ce partenariat a non seulement permis de réaliser ce premier satellite, mais il a aussi jeté les bases pour le développement d'un secteur spatial dynamique au Sénégal.
L'établissement d'un calendrier en 2019 pour la construction et le lancement de GaindéSat-1A, montre la détermination du Sénégal à entrer dans l'ère spatiale. En fixant un délai d'actualisation de deux ans pour le projet, les autorités sénégalaises ont mis en place un cadre rigoureux pour suivre et évaluer les progrès réalisés. Grâce à ce satellite, le Sénégal espère tirer parti des applications spatiales pour stimuler le développement socioéconomique et scientifique du pays.
Le lancement de GaindéSat-1A est plus qu'un simple exploit technologique ; c'est le catalyseur d'un écosystème spatial local prospère. En développant des services basés sur les données satellitaires, le Sénégal entend créer de nouvelles opportunités pour la recherche scientifique et l'innovation industrielle. Ces services contribueront au progrès et à la croissance du pays, offrant des solutions aux défis environnementaux et économiques.
Collaboration internationale et impacts locaux
RIDE Space, une plateforme numérique facilitant les collaborations entre les opérateurs de satellites et les fournisseurs de services de lancement, a joué un rôle clé dans ce projet. En collaborant avec le Sénégal et le CSUM, RIDE Space a aidé à intégrer GaindéSat-1A, garantissant ainsi son succès. Cette coopération internationale a également permis de transférer des technologies et des connaissances précieuses aux ingénieurs sénégalais, renforçant ainsi leurs capacités à développer des solutions spatiales locales.
Avec un investissement de 1,5 million d'euros, le ministère sénégalais de l'Enseignement supérieur mise sur ce projet pour créer un nouveau secteur d'activité, générateur d'emplois. En formant des ingénieurs et des techniciens qualifiés, le Sénégal pose les bases d'un secteur spatial dynamique, capable de rivaliser sur la scène internationale.
L'importance des satellites miniatures
Le succès de GaindéSat-1A pourrait inspirer d'autres pays africains à suivre l'exemple du Sénégal. La technologie des satellites miniatures offre une alternative rentable aux satellites traditionnels, permettant aux pays en développement de lancer des missions spatiales à moindre coût. Comme l'a expliqué Sébastien Hesse, ingénieur spatial français, ces technologies attirent de plus en plus d'attention en raison de leur efficacité et de leur coût réduit. Le lancement de GaindéSat-1A en juillet 2024 marquera une étape historique pour le Sénégal.
Ce projet, fruit d'une collaboration nationale et internationale, ouvre la voie à un développement technologique et scientifique sans précédent. En exploitant les technologies spatiales, le Sénégal se positionne comme un acteur clé dans le domaine spatial en Afrique, prêt à relever les défis du futur et à tirer parti des opportunités offertes par l'exploration spatiale. Le projet GaindéSat-1A n'est pas seulement un symbole de progrès technologique, mais aussi un catalyseur pour le développement socioéconomique du pays.
AMADOU CAMARA GUEYE