Publié le 13 Nov 2024 - 11:11
SAINT-LOUIS : CLIMAT DE TENSION DANS LA CAMPAGNE ÉLECTORALE

Les violences physiques menacent la paix et la cohésion nationale

 

À quelques jours de la tenue des élections législatives anticipées prévues le 17 novembre prochain, une série de violences verbales et physiques s’est invitée dans la campagne électorale. Une violence injustifiée qui n’a pas épargné la ville légendaire de Saint-Louis. Un climat de tensions croissantes soulève des inquiétudes parmi la population locale et les observateurs de la scène politique. Pour rétablir l’ordre et rassurer les citoyens, le gouverneur de Saint-Louis a publié un communiqué invitant les forces de défense et de sécurité à assumer pleinement leur rôle de sécurisation des populations et de leurs biens.

 

Alors que la compétition électorale s'intensifie, les affrontements entre partisans de différents partis politiques se multiplient, plongeant la ville tricentenaire dans un tourbillon de violences qui pourrait avoir de lourdes conséquences sur le déroulement des élections. Les Législatives anticipées du 17 novembre ont été convoquées à la suite de la dissolution de l’Assemblée nationale par le président de la République Bassirou Diomaye Faye. Comme dans certaines localités de l’intérieur, la ville de Saint-Louis, fief politique de plusieurs figures emblématiques du paysage sénégalais, est devenue un terrain de rivalités exacerbées entre les différents camps en lice. Les acteurs politiques locaux, issus de coalitions de partis aussi variés que Takku Wallu, Sàmm Sa Kàddu, Pastef/Les patriotes, Senegaal Kese, Jàmm ak Jarign, Gox yu Bess, entre autres, sont en compétition pour capter l’électorat saint-louisien.

Mais cette compétition, loin d’être uniquement pacifique, s’est traduite par une montée en flèche des violences physiques dans les rues de la ville. Des affrontements entre partisans de partis rivaux, notamment dans des zones stratégiques comme les grandes artères, ont fait plusieurs blessés et amplifié la tension.

Les violences physiques observées à Saint-Louis pendant cette campagne électorale se sont manifestées sous plusieurs formes. Les incidents ont impliqué des jets de pierres, des échauffourées entre manifestants, des agressions physiques sur des militants ou des responsables politiques ainsi que des dégradations de biens matériels tels que des véhicules et des affiches électorales sabotées.

Dans plusieurs quartiers de la commune, surtout dans le faubourg de Sor, des altercations mineures ont éclaté à la suite de discours politiques enflammés ou de rassemblements électoraux qui ont mal tourné. Des scènes qui sont souvent filmées et partagées sur les réseaux sociaux, alimentant la polémique et la peur parmi les citoyens qui redoutent un dérapage le jour du scrutin.

Le gouverneur hausse le ton et prévient les fauteurs de troubles

D’ailleurs, les derniers affrontements en date entre militants politiques remontent à l’après-midi du lundi sur l’avenue Général de Gaulle, vers le grand marché de Tendjiguène. Des batailles rangées ont occasionné de nombreux et graves blessés ainsi que la destruction et le vol de biens d’autrui.

Pour rappel, le 11 novembre dernier, dans le cadre de la campagne électorale des élections législatives anticipées du 17 novembre prochain, des incidents ont été enregistrés dans la commune de Saint-Louis entre des préposés à la sécurité de la caravane de l’inter-coalition de Sàmm Sa Kàddu-Takku Wallu et des marchands ambulants à hauteur du marché Sor. Ces incidents ont malheureusement entraîné de graves blessures par arme blanche et des vols à l'arraché. Une situation trop tendue qui a poussé les autorités policières à ouvrir une enquête pour que toutes les personnes impliquées soient identifiées et présentées à la justice.

D’ailleurs, les premières investigations de la police ont permis l'interpellation de 81 individus suspectés d'avoir pris part aux incidents. Ils sont actuellement en garde à vue au commissariat central de Saint-Louis où leurs interrogatoires se poursuivent. Mais pour apaiser la tension et freiner la montée de la violence, des voix s’élèvent de partout pour appeler à la non-violence sur la scène politique sénégalaise.

C’est dans ce cadre que le gouverneur de Saint-Louis invite les populations en général et les acteurs politiques en particulier à bannir la violence et à dérouler leurs activités dans la paix, la sérénité et le respect des lois et règlements. ‘’Dans le sillage des instructions de Monsieur le Ministre de l'Intérieur et de la Sécurité publique, j’ai demandé aux forces de sécurité, à savoir la police et la gendarmerie, de veiller davantage sur la sécurité des personnes et des biens au passage des caravanes politiques sur toute l'étendue de la région, de s'opposer systématiquement à la rencontre de caravanes politiques rivales et de redoubler de vigilance et de rigueur pour le respect strict de la mesure d'interdiction de port d'arme arrêtée par Monsieur le Ministre de l'Intérieur et de la Sécurité publique, en procédant à des fouilles sur tout véhicule suspecté d'en transporter ou toute personne soupçonnée d'en détenir, le cas échéant’’, écrit Al Hassane Sall.

Les forces de l’ordre, déjà sur le qui-vive dans cette période électorale, ont été déployées en nombre sur les points stratégiques pour tenter de contenir les affrontements et protéger les lieux sensibles. Mais malgré leurs efforts, la situation reste volatile et le sentiment d'insécurité croît à mesure que l’élection approche.

Et malheureusement, la violence électorale n’épargne ni les jeunes ni les adultes et impacte profondément le quotidien des populations de Saint-Louis. Les électeurs, eux, sont de plus en plus réticents à participer aux caravanes et rassemblements politiques, par crainte de représailles ou de nouvelles violences. L’un des aspects les plus préoccupants de ces violences est l’implication de jeunes, souvent manipulés par des leaders politiques ou utilisés comme boucliers humains lors de ces affrontements.

 

Les citoyens dénoncent le manque de fermeté de l’État

Les autorités locales et les organisations de la société civile appellent à une désescalade immédiate de ces violences, en soulignant que l'élection doit se dérouler dans un cadre serein et démocratique, loin des menaces physiques et des intimidations. Les violences physiques risquent d’éroder la confiance de la population dans le processus électoral et de compromettre la légitimité des résultats, quel que soit le camp qui l'emportera. Si les citoyens, notamment dans les zones les plus touchées par les affrontements, perdent foi en la capacité de l'État à garantir un scrutin pacifique et sécurisé, cela pourrait entraîner un taux d'abstention élevé et une contestation des résultats. Les prochaines heures et jours seront déterminants pour Saint-Louis et, par extension, pour l'ensemble du Sénégal.

La question est désormais de savoir si les autorités pourront rétablir l’ordre et offrir un cadre propice à des élections libres et transparentes ou si la violence continuera de marquer cette campagne, entraînant avec elle des conséquences dramatiques pour la démocratie sénégalaise.

Pourtant, au plus haut sommet, le président de la République et son gouvernement ont condamné fermement les violences qui ont émaillé la campagne, en appelant au respect des règles démocratiques et au calme. Quant au ministre de l'Intérieur chargé de la sécurisation du processus électoral, il a assuré que des mesures fermes seraient prises pour garantir la sécurité des citoyens, des militants et des candidats.

Cependant, cette réponse des autorités a été perçue par certains comme insuffisante, car plusieurs partis politiques affirment que la justice n’a pas été assez prompte à sanctionner les auteurs de ces violences.

Toutefois, la situation à Saint-Louis à l’approche des élections législatives anticipées du 17 novembre met en lumière les dangers d’une campagne électorale de plus en plus violente, où la compétition politique semble l’emporter sur les valeurs démocratiques essentielles. Le défi pour les autorités et pour la société sénégalaise dans son ensemble est de réussir à inverser cette tendance et à restaurer la paix avant le jour du scrutin, afin que ce moment de démocratie soit vécu dans la sérénité et non dans la violence. Le rôle de la Commission électorale nationale autonome (Cena) et de la société civile devient également crucial dans ce contexte.

En effet, ces instances doivent veiller à ce que les principes de transparence, de paix et de respect de la loi soient respectés tout au long du processus électoral, afin d'éviter que les violences ne déteignent sur la crédibilité des résultats.

IBRAHIMA BOCAR SENE SAINT LOUIS

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