L’Ucad n’est pas en reste
La commémoration du massacre de Thiaroye se poursuit. Pour ce deuxième jour consécutif, c'est l'université Cheikh Anta Diop de Dakar qui a pris le relais en organisant un colloque dont le thème central est : “Le massacre du Camp de Thiaroye en 1944 : enjeux historiographiques, fictions et imaginaires”.
Comme l'a annoncé le président du comité technique de la commémoration du massacre de Thiaroye, Mamadou Diouf, le 29 novembre dernier, ce 80ᵉ anniversaire se poursuivra jusqu'au mois d'avril. Des manifestations, principalement scientifiques, auront lieu un peu partout à travers le Sénégal, d'où la tenue d'un colloque organisé par l'université Cheikh Anta Diop de Dakar (Ucad) ce lundi à l'auditorium Khaly Amar Fall. Ainsi, sous la houlette de l'ancien recteur Ibrahima Thioub et avec la présence, notamment, de l'actuelle rectrice par intérim, Aminata Niang Diène, le temple du savoir a apporté sa contribution lors de cette commémoration de la quatrième décennie de Thiaroye 1944.
“Le peuple africain ne peut oublier ce qui s’est passé à Thiaroye. C'est un devoir et un honneur pour l'université Cheikh Anta Diop de Dakar d'accueillir ce colloque sur Thiaroye, car le peuple africain dans son intégralité ne peut oublier cette tragédie”, clarifie d'emblée la rectrice de l'université Cheikh Anta Diop, Aminata Niang Diène.
La patronne de ce temple du savoir rassure que toute l'intelligentsia de son établissement ne ménagera aucun effort pour enfin démêler le vrai du faux dans cette histoire. “Les enseignants-chercheurs, les historiens et archivistes, plus particulièrement, ont un rôle crucial à jouer pour rétablir la vérité. Dans ce sens, l’Ucad va continuer à mobiliser son expertise, son savoir-faire pour la réécriture et l’écriture de cette partie de notre histoire. Il est temps que le Sénégal s’approprie toute son histoire, qu’elle soit vraiment enseignée aux écoliers, ne serait-ce que pour des questions de civisme.”
Le plaidoyer de l'ancien recteur Thioub
Animant la leçon inaugurale du jour, l'ancien recteur de l'Ucad a surtout plaidé pour la création de réceptacles nationaux pour les fonds documentaires. “Le Sénégal doit avoir une maison des archives. La première pierre a été posée depuis longtemps et toujours rien. Ces archives laissées par la France coloniale ne sont pas que sénégalaises, mais africaines.” Pour la bibliothèque nationale, M. Thioub déclare : “Senghor, juste 12 ans après l'indépendance, avait promis d'ériger une bibliothèque nationale qui aurait des bibliothèques régionales satellites ; il avait même évoqué des bibliobus à l'époque. Mais aujourd'hui, rien de concret. Nous espérons que le régime actuel ira vraiment dans ce sens. Car il n'y a pas d'histoire sans mémoire, sans archives.”
L’ancien recteur de l’Ucad espère, par ailleurs, que la future maison des archives partagera le même immeuble que la Bibliothèque nationale. Revenant cette fois à la réécriture ou à l'écriture tout court de Thiaroye 44, l'ancien recteur espère une utilisation optimale des “archives remises par François Hollande à Macky Sall pour le compte du Sénégal” qui dorment toujours dans les tiroirs. Il invite ainsi les chercheurs et doctorants à les exploiter pour une meilleure mise en valeur.
Rappelons qu'à cette manifestation, le maire de Thiaroye Gare était présent. “Pour nous, Thiaroyois, ce massacre constitue l'épisode le plus douloureux de notre histoire commune. C'est un devoir pour nous de marquer les générations futures en posant des actes contre l'oubli, mais aussi pour la restauration de la dignité des tirailleurs sénégalais, morts pour avoir juste réclamé leur dû à la métropole”, soutient l'édile de cette commune de la banlieue dakaroise, Mbaye Sène.
Mamadou Diop