Publié le 4 Dec 2024 - 17:16
SAINT-LOUIS: VOL DE BÉTAIL EN  AFRIQUE DE L’OUEST

Le Sénégal perd plus de 2 milliards francs CFA par an

 

La capitale du Nord accueille depuis hier un atelier international sur  le thème de l’élevage face à la problématique  du vol de bétail en Afrique de l’Ouest.  Rencontre au cours de laquelle, le représentant de la FAO au Sénégal a rappelé que ce  fléau affecte l’économie mais aussi la sécurité et le bien-être des éleveurs et agropasteurs et qu’il nécessite une action concertée et des  solutions innovantes pour le combattre.

 

L’élevage joue un rôle central dans l’économie des pays ouest-africains avec une contribution au PIB agricole allant parfois jusqu’à 44% porté par des effectifs importants  de bovins, de petits ruminants et de volailles.  Ce qui fait de l’Afrique de l’ouest une région d’élevage par excellence par rapport à l’effectif total de l’Afrique selon des études de FAOSTAT publiées en 2021.  Malheureusement, la sous-région vit une véritable problématique de vol de bétail qui constitue une grave menace au développement de l’élevage dans la sous-région.  D’ailleurs, les pertes annuelles dues au vol de bétail, bien que difficiles à cerner pour certains pays, sont estimées à 478 millions de dollars au Nigeria, 132 millions de dollars au Mali (2017-2022) et à 3,2 millions de dollars par an au Sénégal soit plus de 2 milliards de francs CFA.

Pour la représentante du ministre de l’Elevage, Dr Astou Fall, le vol de bétail en Afrique de l’Ouest est un fléau qui, bien que souvent sous- estimé, entraîne des répercussions profondes sur la stabilité et la cohésion sociale des communautés, mais aussi sur la sécurité nationale,  l’économie et la souveraineté alimentaire et nutritionnelle. « Rien qu’au Sénégal, la perte annuelle est estimée à plus de deux milliards de FCFA par an contribuant à saper ce secteur qui contribue à 4% du PIB national du secteur primaire. L’élevage a toujours été une activité centrale en Afrique de l’Ouest depuis des siècles et les communautés locales dépendent du bétail non seulement pour leur subsistance, mais aussi en usent comme symbole de richesse et de statut social. Le bétail joue un rôle clé dans l’économie régionale», a soutenu la responsable de la cellule de lutte contre le vol de bétail au ministère de l’Agriculture et de l’Elevage.  

Le Sénégal joue un rôle avant gardiste dans la lutte

Avant d’ajouter qu’outre cet impact macroéconomique, le vol de bétail dans la sous-région est passé d’une pratique relativement non violente impliquant le vol d’un petit nombre de bovins à un crime organisé caractérisé par des niveaux élevés de violence mortelle par des groupes armés et fonctionnant comme un élément central de l’économie de guerre dans plusieurs pays.     «Ces dernières années, la dynamique du vol de bétail a connu des changements importants au Nigeria et au Mali, deux des plus grands producteurs de bétail d’Afrique de l’Ouest et épicentres du vol de bétail, l’économie illicite étant désormais à un point clé de son évolution. Les éleveurs, craignant pour leur sécurité, sont parfois contraints de migrer vers des zones plus sûres, ce qui entraîne des déplacements de population et des tensions supplémentaires avec les communautés d’accueil. Pis, il peut arriver que certains, pour protéger leurs biens, s’arment eux-mêmes, renforçant les tensions inter et intracommunautaires », a poursuivi Dr Astou Fall.  Face à cette situation contextuelle des enjeux et des défis de lutter contre le vol de bétail, le ministère de l’Elevage compte sur les réflexions pour identifier toutes les initiatives qui ont été mises en place à différents niveaux dans par les ministères, les Collectivités locales, les organisations professionnelles d’élevage et le secteur privé. Pour la représentante du ministre Mabouba Diagne, il faut réunir les forces en mettant en place une coalition sous-régionale contre le vol de bétail afin de fédérer les efforts des organisations spécialisées existantes dans les Etats de l’Afrique de l’Ouest, à l’image de ce qui se fait avec les interprofessions laitière et viandes rouges. « Cependant, dans le contexte ouest-africain marqué par la mobilité et la transhumance liées à l’élevage pastoral extensif dominant à la recherche de parcours et d’eau, exacerbé par le changement climatique et l’insécurité au Sahel, une solution adaptée à l’Afrique de l’Ouest est nécessaire. Raison pour laquelle, je vous exhorte à y réfléchir en impliquant l’Université Gaston Berger et d’autres Institutions de la sous-région, au besoin. Même si notre pays, le Sénégal, a joué un rôle avant-gardiste concernant ce fléau pour avoir renforcé le cadre légal avec la loi n° 2017-22 qui a durci les sanctions pour les auteurs de vol de bétail, la mobilisation des forces de défense et de sécurité, la sensibilisation et la mobilisation communautaire avec la création de comités de lutte contre le vol de bétail », a déclaré Dr Fall.

Les vols ont appauvri les petits éleveurs

Pour le représentant de la FAO,  Dr Lionel Gbaguidi, la  perte de bétail due au vol peut donc entraîner des conséquences dévastatrices, plongeant des familles entières dans la précarité et perturbant l’économie locale. « Ceci pose la problématique de relever les défis actuels liés au vol de bétail en Afrique de l’Ouest dans un contexte où la lutte contre ce mal nécessite l’utilisation de technologies modernes pour répondre à ce phénomène transfrontalier qui tend à se généraliser dans notre région. Parce qu’il est aujourd’hui difficile d’appréhender les voleurs et de récupérer le bétail volé, sans possibilité de traçage en temps réel», a signalé le   coordonnateur du bureau sous-régional de la FAO pour l’Afrique de l’Ouest.  C’est pourquoi, il a invité les Etats, organisations professionnelles, éleveurs, forces de défense et de sécurité, universitaires et secteur privé à s’impliquer pour relever le défi afin de réduire les conflits intercommunautaires et les déplacements de populations engendrés par ce fléau. Au nom des organisations faîtières, El Aboubacry Biteye a soutenu que le vol de bétail  a augmenté la paupérisation des petits éleveurs sans défense et particulièrement des groupes vulnérables, sans défense et isolés par leurs systèmes de production extensifs.  Il faut signaler que la rencontre a vu la participation de délégations d’universitaires et d’éleveurs maliens.

 

IBRAHIMA BOCAR SENE SAINT LOUIS

Section: 
ENQUÊTE SUR L’EXPÉRIENCE CLIENT DANS LES BANQUES AU SENEGAL : Aucune n’a obtenu la moyenne
53 % DES DÉCÈS LIÉS AUX MALADIES NON TRANSMISSIBLES AU SÉNÉGAL : La recherche comme vecteur pour renverser la tendance
PRÉPARATION 50 ANS CEDEAO : Pour une nouvelle politique de jeunesse
SAINT-LOUIS : LUTTE CONTRE LES PRODUITS PROHIBÉS : Des saisies d'une valeur de plus de 260 millions F CFA incinérées
UNIVERSITÉS ET ÉTABLISSEMENTS SUPÉRIEURS : Diomaye demande la continuité des activités pédagogiques et la stabilité sociale
CONSEQUENCES DU CHANGEMENT CLIMATIQUE POUR LE SENEGAL : La Banque mondiale prévient contre l’inaction  
RÉDUCTION DE LA CEL/VA : Rufisque sonne la mobilisation
ÉCONOMIE - CAMPAGNE AGRICOLE : Le Premier ministre annonce cinq décisions structurelles importantes
MARCHE PACIFIQUE DE L’AIAIHS ET DU COMES INTERDITE : Les syndicalistes s’en prennent au ministre de la Santé
JOURNÉE INTERNATIONALE DE LA PÊCHE : Le Sénégal affirme son autonomie face à l'Union européenne
Sénégal-USA
Kolda
CLÔTURE DU PROJET CASSECS : Les engagements de Mabouba Diagne
MINISTÈRE DE LA SANTÉ ET DE L’ACTION SOCIALE : 399 salariés payés à ne rien faire depuis une dizaine d’années
FIN DES ACCORDS DE PÊCHE AVEC LE SÉNÉGAL : L’Union européenne largue les amarres
FMI
Sommet Russie-Afrique
Commerce extérieur
Accord de pêche Sénégal
CHERTÉ DE LA PRISE EN CHARGE, POLYPATHOLOGIE, MORTALITÉ DES ENFANTS… : L’appel au secours des diabétiques