Zhang Yongming propose 5 millions FCFA au Chef de service des Eaux et Forêts
Dans l’illégalité, Zhang Yongming décide de soudoyer un agent de la force publique pour exercer impunément ses activités. Pour le prolongement du délai de déguerpissement qui lui a été accordé, il a voulu corrompre le chef de service des Eaux et Forêts de Rufisque, Capitaine Bocoum, avec une somme de 5 millions de francs CFA. Son indélicatesse lui a valu sa comparution devant la barre du tribunal des flagrants délits de Dakar hier.
Zhang Yongming exploite 10 hectares dans une forêt classée. Un champ de légumes où il emploie au moins 40 individus. Suite à son installation jugée clandestine aux yeux des autorités, il lui a été notifié l’ordre de déguerpir. C'est ainsi qu'à la date du 30 mars, une sommation de quitter les lieux lui a été décernée. Lors de son installation, le capitaine Bocoum a aussi procédé à une visite avant de lui accorder un prolongement qui expire le 11 novembre. À la date échue, Yongming est venu dans son bureau pour le soudoyer. Appréhendé, le mis en cause a fait face aux enquêteurs. À l'en croire, il exploite ce site à la suite d’un contrat avec une personne moyennant la somme de 14 millions FCFA. Voulant un prolongement de trois mois, il pensait l'acquérir auprès du capitaine Aly Bocoum du service des Eaux et Forêts de Rufisque. Ce dernier l’a reçu dans son bureau et le Chinois est venu avec un sac rempli d'argent. Dans un français alambiqué, il lui a textuellement dit : « Moi venu, vous donnez de l'argent pour rester trois mois ». En d'autres termes, il voulait le prolongement du délai de déguerpissement.
Placé sous mandat de dépôt le 13 novembre dernier, Yongming a fait face aux juges du tribunal des flagrants délits de Dakar hier. Devant la barre, le prévenu a reconnu les faits qui lui sont reprochés. Selon lui, le sieur a mal compris ses intentions. « Je ne comptais pas le soudoyer. Je n'ai jamais négocié avec lui. Je ne savais pas qu'il y avait un problème avec le fait de lui proposer de l'argent pour le rallongement, compte tenu du fait qu'on m'a loué le terrain », a déclaré le prévenu. Le juge lui a asséné : « Est-ce que tu oses faire cela en Chine ? » « Non », a répondu Yongming qui s’est confondu en excuses. À cet effet, la partie civile a réclamé la somme d’un million en guise de dommages et intérêts. Toutefois, le maître des poursuites a estimé que la matérialité de l'infraction et l'imputabilité sont établies. De son avis, il n'était pas venu pour négocier. « En venant avec ce montant, il pensait qu'il pouvait avoir un délai supplémentaire. Il a reçu deux sommations et n'a malgré tout pas quitté les lieux. Compte tenu des légumes qu'il avait plantés, il ne pouvait pas quitter les lieux. Il est difficile pour le tribunal de dire que lorsque le prévenu était dans son bureau, c'était pour une négociation. Alors qu'il sait lui-même que dans son pays ce fait est interdit. Il avait l'intention de corrompre le capitaine. Et il fait état d'un refus catégorique de déguerpir. En condamnant ce prévenu, vous donnerez un signal fort », a déclaré le représentant du ministère public, qui a requis de condamner Zhang Yongming à une peine ferme d’un an. Le parquet a demandé la confiscation des cinq millions car ils étaient destinés à commettre un délit.
Cependant, les avocats de la défense ont sollicité la magnanimité du tribunal. Car, ont estimé les robes noires, « le terrain qu'il exploite, il ne l'a pas obtenu par corruption. Il l'a eu par l’occasion d'une personne qui s'est présentée comme propriétaire. Il a exploité 10 hectares et y a installé sept poteaux électriques moyennant la somme de 7 millions chacun. Il emploie au moins 40 personnes et est établi au Sénégal depuis plusieurs années. Il n'a jamais eu maille à partir avec la justice. Je fais appel à votre clémence ». Finalement, les conseils de la défense ont eu gain de cause. Le prévenu a écopé d'une peine de six mois assortie du sursis. Il a été reconnu coupable des chefs de tentative d'escroquerie. Le juge a ordonné l'allocation de la somme de 500.000 francs CFA à la partie civile.
MAGUETTE NDAO