BDF exige des enquêtes impartiales et des sanctions fermes

Alors que deux jeunes sont morts à Cambérène et un autre a perdu la vie à Rosso, dans des circonstances impliquant la police, le président Bassirou Diomaye Faye est sorti de son silence. De Séville où il se trouve, il a condamné des scènes "insoutenables" et appelé à des enquêtes impartiales assorties de sanctions fermes.
Le président de la République, Bassirou Diomaye Faye, a réagi avec fermeté, à la suite des morts survenues à Rosso et à Cambérène, consécutives à des interventions policières. Lors d’une déclaration publique, il a dénoncé des scènes “insoutenables et inacceptables” et insisté sur le caractère non banal de telles pertes en vies humaines.
‘’Les interventions ne doivent pas causer la mort. Le fait que des citoyens perdent la vie lors d’interpellations de la police ne peut jamais être considéré comme une banalité’’, a-t-il martelé.
Le chef de l’État a affirmé avoir visionné des images liées aux événements, dans lesquelles il a relevé des scènes qu’il juge contraires aux règles d’engagement des forces de l’ordre. Il s’est notamment insurgé contre l’utilisation de personnes interpellées comme boucliers humains lors d’affrontements avec les forces de sécurité. ‘’Cela ne ressort pas des règles d’engagement des forces de défense et de sécurité sur le terrain’’, a-t-il déploré, avant d’annoncer avoir instruit le ministre de l’Intérieur et le directeur général de la Police nationale à diligenter des enquêtes impartiales et soumettre un rapport circonstancié. ‘’Si des sanctions s’imposent, il faut y aller avec toute la fermeté qu’il faut pour que ces cas puissent servir d’exemple’’, a-t-il conclu.
À Rosso, la famille de Vieux Talla Keïta dénonce une bavure
Les deux cas qui ont fait réagir le président Faye datent d’il y a quelques jours. Le premier est l’affaire Vieux Talla Keïta, un jeune homme de 18 ans décédé à Rosso Sénégal. Dans un communiqué rendu public le mercredi 2 juillet, sa famille met en cause des agents de police, qu’elle accuse d’avoir tabassé sauvagement le jeune homme, entraînant sa mort. ‘’Nous exigeons justice. Pas de faux rapports. Pas de silence complice. Pas d’oubli’’, clame la famille qui rejette toute version officielle qui ne reconnaîtrait pas la brutalité exercée.
La famille exige l’ouverture d’une enquête indépendante ainsi que des sanctions exemplaires à l’encontre des auteurs présumés. Cependant, selon ‘’Libération’’, l’autopsie pratiquée à l’hôpital Général Idrissa Pouye de Grand-Yoff a révélé que le décès serait dû à une tumeur du foie décompensée en hypertension portale, écartant ainsi une cause directement liée à des violences policières.
Malgré cela, les deux policiers mis en cause ont été provisoirement relevés de leurs fonctions, en attendant les résultats des enquêtes administrative et judiciaire en cours.
À Cambérène, deux jeunes portés disparus, après une intervention policière
L’autre affaire concerne l’affaire de jeunes présumés agresseurs à Cambérène. Dans un communiqué publié le 30 juin, la police nationale a donné sa version des faits sur les événements survenus dans la nuit du 22 juin. Selon le document, un agent de police a été violemment agressé à la plage de Cambérène, alors qu’il tentait d’intervenir pour mettre fin à une attaque. L’agent affirme avoir été aspergé de gaz lacrymogène, puis poignardé dans le dos. Deux individus, supposés impliqués, auraient alors pris la fuite en se jetant à la mer.
Les recherches engagées pour les retrouver sont restées infructueuses, précise le communiqué, qui mentionne également la disparition signalée par la mère de l’un des jeunes. Dans les jours qui ont suivi, des manifestations ont éclaté dans le quartier, notamment sur la VDN3 où des barricades ont été érigées et des pneus incendiés. La police affirme avoir rétabli l’ordre rapidement.
Sur les décès rapportés, le communiqué reste prudent. Aucune dépouille liée à une noyade n’aurait été enregistrée dans les morgues officielles. Toutefois, la police reconnaît que deux corps sans vie ont été retrouvés à la plage de BCEAO, identifiés comme des résidents de Cambérène. Une enquête est en cours, indique la police, qui se dit pleinement mobilisée pour faire la lumière sur cette affaire.
Ces deux drames relancent la question des bavures policières au Sénégal. La réaction du président Faye marque une volonté de rompre avec une culture d’impunité.
MAMADOU DIOP