''Ma musique, le mbalax, mon divorce...''
Trouvée chez elle dans une coquette maison nichée à l’unité 8 des Parcelles Assainies de Dakar, la chanteuse Mariétou Cissokho s’est gracieusement prêtée aux questions d’EnQuête. Elle se confie sur son divorce, sa longue absence sur le marché du disque et ses perspectives.
Qui est Mariétou Cissokho ?
J’ai grandi dans le milieu de la musique mais je n’avais jamais pensé la pratiquer un jour. C’est ma grand-mère maternelle, feu Fatou Sakho, qui m’a poussée à chanter. Elle a été ambassadeur du Sénégal un peu partout car elle faisait partie du groupe d’acteurs culturels qui accompagnait Senghor (l'ancien président du Sénégal Léopold Sédar Senghor) lors de ses voyages. Elle fait aussi partie des premières femmes sénégalaises à s’investir dans la musique moderne. Fatou Thiam Samb, Khady Diouf, Fatou Talla Ndiaye et ma grand-mère ont monté à l’époque le quatuor ''4 femmes dans le vent''. Je suis d’origine malienne précisément de Kayes. Ma grand-mère est venue au Sénégal après son mariage. Et chaque année, je rends hommage à ma grand-mère à travers ''La grande nuit du Mandingue''. Ma mère n’a jamais chanté, tout comme mon père. Mon père adoptif Bana Cissokho, lui, était un grand musicien, il était le spécialiste de kora de Sorano.
Quand avez-vous commencé à faire de la musique ?
C’est en 1999 que les choses sérieuses ont vraiment commencé. J’ai deux albums sur le marché et je compte plusieurs tournées à travers le monde. Les Tambacoundois m’invitent partout. Je représente Bakel et Tamba aussi en Europe, cela représente beaucoup pour moi. Je ne voyageais même pas avec des instrumentistes, je trouvais sur place des artistes pour mes prestations. Mais à l’époque, je n’accordais pas d’importance à mes potentialités, je me disais que les gens fondaient trop d’espoirs sur moi. C’est grâce au soutien de ces gens que je suis devenue, quelque part, chanteuse aujourd’hui. Et ce sont les mêmes personnes qui m’ont promue à l’extérieur qui l’ont fait à Tamba et Bakel. J’ai assuré l’ouverture du festival de musique et de danse mandingue de la région. Il y avait un parterre d’invités. C’est après cela que j’ai eu vraiment confiance en moi. J’ai sorti mon premier album en avril 2006. J’ai repris une chanson de ma grand-mère dans cet album, ''Mawla''.
Vous ne manquez jamais de remercier le défunt promoteur de spectacles et organisateur du festival Africa fête, Mamadou Konté. Pourquoi ?
En 2008, Dieu a mis sur mon chemin feu Mamadou Konté. Il aimait ce que je faisais et tenait à ce qu’on travaille ensemble, mais Dieu en a décidé autrement en le rappelant à ses côtés. Cela m’a marquée. Pour lui rendre hommage, j’ai tenu à ce que mon deuxième album sorte en 2009.
Depuis cet album, vous êtes absente sur le marché du disque. Pourquoi ?
Après mon album, j’ai fait une tournée internationale. Mais à la sortie de cet album, je me suis dit que c’était tôt, mais les fans sont là et il faut les satisfaire. Cependant, la conception d’un album n’est pas facile, il n’y a plus de producteur. C’est nous-mêmes qui allons en studio et faisons le nécessaire. Et l’autoproduction est chère. Je préfère, pour l’instant, faire des concerts et des spectacles pour mes fans en préparant un troisième album. Les deux premiers ont été des succès, il ne faut pas que je déçoive pour le troisième. Ce n’est pas facile mais on tient bon.
Quand envisagez-vous de sortir votre troisième opus ?
En 2015, si Dieu le veut bien. Il faut qu’on se concentre là-dessus pour faire un bon produit et ne pas décevoir. Des artistes comme Salif Keïta ou Oumou Sangharé marchent bien au niveau mondial et pourtant, ils n’ont pas beaucoup d’albums sur le marché. La promotion d’un album peut durer 10 ans. Mais si je trouve un producteur avant, cela pourrait se faire.
Est-ce que la musique mandingue se vend bien compte tenu du diktat du mbalax ?
Honnêtement, cela ne marche pas au Sénégal. Même si nous essayons de nous imposer et remplissons notre part du travail, la promotion ne marche pas. Par contre, la musique mandingue marche très bien à l’extérieur, c’est consommé à l’étranger. Très peu de gens nous interpellent dans la rue pour nous dire qu’ils aiment notre musique. De plus, les médias ne nous aident pas non plus à imposer cette musique, il la mettent rarement à la radio. Or, la musique mandingue peut apporter à la société autant que le mbalax. Plus de plages sur les ondes radios, à la télé et dans les journaux nous aideraient à avoir une meilleure visibilité de notre travail. Nous ne désespérons pas pour autant, car chaque fois qu’on organise une soirée, la salle est remplie.
Revenons un peu à votre vie, la presse a récemment évoqué votre divorce. Qu'en est-il réellement ?
Oui, c’est vrai que j’ai divorcé. Mais c’est la vie, toute chose a une fin. C’est Dieu qui en a décidé ainsi. A un moment, on ne s’entendait plus, donc il valait mieux se séparer.
Et qu'est-ce qui à la base de cette incompréhension ?
Ce n’est ni lié à de la jalousie ni à mon métier d'artiste chanteuse. En m’épousant, mon mari savait que j’étais chanteuse. Il m’aidait même lors de mes prestations. Les problèmes de couple sont difficiles à vivre. Il n’y a que les concernés qui sentent vraiment la douleur.
Combien de temps a duré votre ménage ?
Moins de deux ans, j’étais la troisième épouse de mon mari.
Des propositions ne doivent pas manquer aujourd'hui ?
Oui, elles ne manquent pas. Mais ce n’est pas le plus important pour moi. Je ne m’en préoccupe même pas d’ailleurs. Je ne m'empresse pas.
Serait-ce parce que vous espérez renouer avec votre ex-mari ?
Non, du tout. Lui et moi, c’est une page tournée. C’est juste que la vie de ménage ne m’intéresse pas pour l’instant.
Parlons du ramadan. Vous paraissez trop en forme pour quelqu’un qui fait le jeûne...
(Rire) Non mais regarde-moi bien, j’ai jeûné ! Je ne suis pas en super forme, j’ai même perdu des kilos. Je suis avant tout une bonne musulmane. J’ai changé jusque dans mon accoutrement, c’est ce qui est recommandé.
PAR BIGUÉ BOB