Publié le 25 Apr 2023 - 18:39
ÉCARTS D'ADAPTATION DU PROGRAMME DES NATIONS UNIES SUR L’ENVIRONNEMENT

Les besoins financiers à l’horizon 2030 estimés entre 140 et 300 milliards de dollars US

 

Venu présider l’atelier régional pour les pays les moins avancés (PMA) sur la nouvelle stratégie d’adaptation du Fonds pour l’environnement mondial, le ministre Alioune Ndoye a rappelé que le rapport sur les écarts d'adaptation du Programme des Nations Unies sur l’environnement, communément appelé ‘’Adaptation Gap Report’’ évalue les besoins financiers à l’horizon 2030 entre 140 et 300 milliards de dollars US. À l’horizon 2050, les besoins augmenteront substantiellement pour se situer entre 280 et 500 milliards de dollars US.

 

Dans son dernier rapport publié en mars 2023, le Groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat (GIEC) a indiqué que le monde sera confronté à de multiples aléas climatiques inéluctables au cours des deux prochaines décennies avec un réchauffement planétaire qui atteindra 1,5°C. Ce scénario, même temporaire, entraînera, pour les pays  touchés par les changements climatiques, des conséquences graves dont certaines seront irréversibles. Les risques pour leurs sociétés augmenteront, de même que pour les infrastructures et les établissements humains implantés sur les régions côtières de basse altitude comme le Sénégal.

Venu présider hier l’atelier régional pour les pays les moins avancés (PMA) sur la nouvelle stratégie d’adaptation du Fonds pour l’environnement mondial, le ministre de l'Environnement, du Développement durable et de la Transition écologique a confié que la multiplication des vagues de chaleur, des sécheresses et des inondations excède déjà les seuils de tolérance des végétaux et des animaux.

Ces phénomènes climatiques devenus très récurrents, selon Alioune Ndoye, exposent des millions de personnes à une insécurité alimentaire et hydrique aiguë, notamment en Afrique, en Asie, en Amérique centrale et du Sud, ainsi que dans les petits États insulaires.

Dans ce contexte, selon lui, la prise de mesures ambitieuses et urgentes s’impose à la communauté internationale pour soutenir les pays les plus vulnérables dans leurs efforts d’adaptation aux conséquences dommageables du changement climatique.

"En effet, force est de constater que la plupart des pays en développement sont déjà confrontés à des coûts considérables pour couvrir leurs besoins en matière d’adaptation. À ce propos, je voudrais rappeler que le rapport sur les écarts d'adaptation du Programme des Nations Unies sur l’environnement communément appelé ’Adaptation Gap Report’ en anglais évalue les besoins financiers à l’horizon 2030 entre 140 et 300 milliards de dollars US. À l’horizon 2050, les besoins augmenteront substantiellement pour se situer entre 280 et 500 milliards de dollars US. Dans le même ordre d’idées, des recherches menées par le Fonds monétaire international (FMI) indiquent que les coûts publics d’adaptation atteindront environ 0,25 % du produit intérieur brut mondial par an au cours des prochaines décennies", a dit Alioune Ndoye.

D'après lui, supporter le coût de l’adaptation aux effets négatifs des changements climatiques demeure aujourd’hui un défi majeur pour l’humanité. Malheureusement, s’est-il désolé, les pays les plus vulnérables sont majoritairement les pays les plus pauvres et avec une très faible capacité d’adaptation.

Les révélations du rapport de l’OCDE de septembre 2022

Ces pays, selon lui, pour l’essentiel des PMA, peinent à accéder aux financements et ne disposent pas des capacités institutionnelles nécessaires pour mettre en œuvre des politiques et programmes d’adaptation requis pour améliorer leur résilience climatique. De plus, les pays les plus exposés aux phénomènes climatiques extrêmes tels que les vagues de chaleur, les sécheresses, les tempêtes et l’élévation du niveau de la mer doivent régulièrement faire face à des besoins immédiats pour se relever des chocs causés par ces événements extrêmes.

"C’est pourquoi il est plus que jamais important d’orienter nos politiques de développement vers une croissance résiliente aux changements climatiques, en intégrant notamment l’adaptation dans la planification des politiques de développement durable. L’évaluation des efforts fournis par la communauté internationale pour mobiliser les financements nécessaires à l’adaptation montre que les résultats obtenus sont encore loin des besoins.

L’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), dans son rapport publié en septembre 2022 sur les financements mobilisés par les pays développés en faveur de l’action climatique dans les pays en développement, entre 2016 et 2020, estime le montant du financement reçu à 83,3 milliards de dollars en 2020, dont 68,3 milliards de financements publics et 13,1 milliards de financements privés mobilisés par des interventions publiques. Or, il a été démontré que 80 % des montants reçus par les pays en développement concernent des prêts à rembourser. Seuls 20,5 % des financements ont été alloués aux pays les moins avancés fortement impactés par les changements climatiques.

Les besoins de financement pour le climat sont urgents et en perpétuelle augmentation au moment où la promesse de mobiliser chaque année 100 milliards de dollars pour soutenir les pays en développement reste à ce jour une utopie. À cela s'ajoutent les coûts des pertes et dommages qui iront crescendo en l’absence d’une politique mondiale d’adaptation efficace", a souligné le ministre.

Au regard de ce qui précède, d'après Alioune Ndoye, il n’est point besoin de rappeler que le soutien à l’adaptation doit être renforcé, avec un accent particulier sur les subventions additionnelles à l’aide publique au développement et des conditions d’accès simplifiées et adaptées à la capacité institutionnelle des pays concernés. C’est pourquoi il a saisi cette occasion pour saluer les efforts considérables déployés depuis plusieurs années par le Fonds pour l’environnement mondial qui, à travers le fonds des PMA qu’il administre, permet à des pays comme le Sénégal de mettre en œuvre des projets structurants dont les résultats ont beaucoup contribué à la résilience des populations et des écosystèmes.

À préciser que cet atelier a réuni plus de 100 participants de 17 pays d'Afrique francophone pour renforcer leurs capacités et leurs compétences en matière de planification de l'adaptation au changement climatique et d'accès aux ressources.

CHEIKH THIAM

 

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