Le Sénégal à l’école de l’Autriche
La structuration du PSE Vert est un long processus qui nécessite des moyens et de l’expertise. Le Sénégal peut compter sur la coopération de l’Autriche dont 78,2 % de la production d’électricité provient de sources d’énergie renouvelable.
Les secteurs privés sénégalais et autrichiens se sont retrouvés, avant-hier, lors d’une matinée-conférence sur le thème ‘’Les technologies vertes Made in Austria : une opportunité gagnant-gagnant pour le Sénégal et l’Autriche’’.
Ainsi, les débats ont tourné autour de l’économie verte. Le secrétaire général du ministère de l’Environnement et du Développement durable a décliné la vision sénégalaise de l’économie verte qui s’appuie principalement sur les conclusions de la Conférence Rio+20. Sous sa forme la plus simple, Amadou Lamine Guissé informe qu’elle se caractérise par un faible taux d’émission de carbone, une utilisation rationnelle des ressources et l’assurance d’une équité sociale.
Dans le contexte du Sénégal, poursuit-il, la promotion de l’économie verte a pour finalité le développement durable. Sa mise en œuvre repose sur la création d’un cadre propice à l’investissement vert, à travers des politiques ambitieuses, un mode de gouvernance verte et des institutions efficaces. ‘’Les principes de base de l’économie verte sont en parfaite cohérence avec le PSE, unique référentiel de nos politiques publiques. Cette cohérence, renseigne le SG, transparait clairement dans les orientations politiques déclinées par le chef de l’État. Dans son discours d’investiture de 2019, Macky Sall rappelait son ambition de concevoir un ‘’Plan Sénégal émergent vert pour renforcer la dynamique actuelle de transition du pays vers une économie verte inclusive’’.
Le constat est que cette rencontre entre l’Autriche et le Sénégal, selon le SG, coïncide avec la structuration du PSE Vert. Le processus déjà entamé, dans le cadre de cette structuration, poursuit-il, a permis de retenir six secteurs prioritaires pour un investissement à impact vert, à savoir l’énergie, l’industrie, l’agriculture, la foresterie, l’eau et l’assainissement et l’urbanisme-construction.
‘’En effet, le PSE a fait de l’économie verte un levier du développement durable et de l’éradication de la pauvreté au Sénégal. Sa mise en œuvre, dans sa première phase, a inscrit le Sénégal dans une dynamique de croissance sans précédent, avec un taux moyen de croissance de 6 %’’.
La phase 2 (2019-2023), explique Amadou Lamine Guissé, prévoit une implication plus forte du secteur privé. Cependant, elle ‘’a subi les impacts négatifs liés à la pandémie de la Covid-19’’. ‘’Notre plan de relance actuel vise à retrouver la trajectoire initiale de croissance impulsée par le PSE, à générer des emplois et stimuler des actions à moyen et long terme conformes aux objectifs environnementaux. Nous sommes conscients que pour une relance à la fois verte et inclusive, il est impératif que les plans de relance post-Covid-19 intègrent les impacts climatiques à court et long terme et débloquent des solutions technologiques et financières appropriées. Le secteur privé doit être au cœur de cette opportunité. Nous fondons beaucoup d’espoir sur l’expertise autrichienne dans le transfert de technologies et d’innovations vertes’’, déclare le collaborateur du ministre Abdou Karim Sall.
Leader dans la transition énergétique en Afrique subsaharienne
En outre, souligne Amadou Lamine Guissé, à côté de ses initiatives, le Sénégal se positionne en Afrique subsaharienne comme un leader dans la transition énergétique, le transport durable et l’agriculture résiliente. Ces résultats, poursuit-il, sont obtenus grâce à un cadre attractif et des mécanismes de soutien à l’investissement vert. ‘’C’est pourquoi, dit-il, je profite de cette tribune pour inviter le secteur privé autrichien à saisir les nombreuses opportunités offertes par l’investissement vert au Sénégal. Agir contre les impacts des changements climatiques et, plus généralement, la protection de l’environnement nécessite un important effort d’investissement. Il n’est nullement nécessaire de rappeler les importants besoins de financement du secteur de l’environnement, compte tenu de sa complexité croissante et de la multiplicité des crises écologiques. La mise en œuvre juste de la CDN est estimée à un coût de 13 milliards de dollars US dont 8,7 milliards dédiés à l’atténuation et 4,3 milliards US à l’adaptation. Elle va nécessiter d’importants moyens financiers, humains et technologiques de la part du Sénégal, mais aussi de l’appui de la communauté internationale, afin de permettre des réductions encore plus significatives d’émissions de gaz à effet de serre’’.
Il souligne que le Sénégal continuera à créer un cadre incitatif par l’instauration d’une fiscalité verte incitative, le développement de la finance verte et la mise en place de modalités pour l’innovation verte. Avant de convier l’ensemble des acteurs qui étaient présents à la rencontre, à accompagner et à soutenir la mise en œuvre de l’économie verte, afin que les principaux résultats soient autant de gages de durabilité de la politique sénégalaise de promotion de l’émergence.
‘’Depuis 2019, les importations en provenance du Sénégal ont significativement baissé’’
Dans la foulée de cette invite, l’ambassadrice d’Autriche au Sénégal a soutenu qu’une mission de six entreprises autrichiennes se rendra au Sénégal, pour deux jours. Cette visite sera axée sur les énergies renouvelables et les technologies environnementales durables, et sera l’occasion, pour les entreprises autrichiennes, de présenter aux acteurs sénégalais leurs solutions et savoir-faire dans le domaine de l’environnement et des technologies vertes.
Selon Gerlinde Paschinger, son pays est, sur le plan du revenu par habitant, au 4e rang dans l’UE. Ses performances économiques sont parmi les meilleures de la zone euro. La compétitivité et l’attractivité sont liées à de nombreux atouts comme le tissu industriel, le secteur des services, les technologies environnementales, les technologies vertes, les ‘’green tech’’.
En 2020, renseigne-t-elle, 78,2 % de la production d’électricité autrichienne provenait de sources d’énergie renouvelable, faisant de l’Autriche le leader actuel de l’UE. ‘’Ces dix dernières années, les exportations de l’Autriche au Sénégal ont marqué un dynamisme sans précédent. En 2017, celles-ci ont atteint un volume de 36 millions d’euros, 39,1 millions d’euros en 2028, 40,1 millions d’euros en 2019 et 44,8 millions d’euros en 2020. Une tendance qui s’est confirmée également en 2021, pour atteindre un nouveau de record de 49,9 millions d’euros. Parmi nos principales exportations, il y a les tissus en coton, les machines, les appareils électroniques, les matières plastiques, les boissons, les produits pharmaceutiques, les papiers, l’acier, le fer, etc. Les livraisons du Sénégal vers l’Autriche ont connu un nouveau record en 2018 avec un volume d’environ de 1,4 millions d’euros (soit plus de 43 % par rapport en 2017). Depuis 2019, en revanche, les importations en provenance du Sénégal ont significativement baissé : 0,8 million d’euros en 2019 (-39,7 %), 0,4 million d’euros en 2020 (-43 %). Nous évoluons dans les secteurs des fruits et agrumes et écorces d’agrumes, des machines et appareils mécaniques, des poissons, des produits laitiers, des graisses et huiles animales et végétales, de l’aluminium transformé’’, confie l’ambassadrice.
CHEIKH THIAM