L’armée à l’heure de l’adaptation
Pour faire face aux menaces hybrides, complexes et multiformes en perpétuelle mutation, le colonel Papa Adiouma Ngom, commandant et directeur du Génie et de l’Infrastructure des armées, indique qu’il urge, pour les forces armées sénégalaises, de renforcer leurs capacités techniques et opérationnelles.
Le camp Capitaine Moussa Dioum de Bargny a abrité, hier, la célébration de l’édition 2023 de la Sainte Barbe. Le thème de cette année est ‘’Défis capacitaires du génie face aux exigences de polyvalence arme et service’’. Un tel choix, d’après le commandant et directeur du Génie et de l’infrastructure des armées, trouve toute sa pertinence dans un contexte de réformes multidimensionnelles pour accompagner la montée en puissance des armées vers son format fixé à l’horizon 2025.
En réalité, a précisé le colonel Papa Adiouma Ngom, le contexte géopolitique et sécuritaire ainsi que notre environnement opérationnel conditionnent les capacités techniques et opérationnelles que doivent détenir les forces armées sénégalaises en général et le génie en particulier, pour faire face aux menaces hybrides, complexes et multiformes en perpétuelle mutation. ‘’Dans ce cadre, a-t-il renseigné, le génie fait face à un double défi inhérent à sa dualité arme et service qui intègre la prise en compte à la fois des exigences opérationnelles concernant l’appui et le soutien aux armées et celles liées à sa contribution au concept ‘Armée-Nation’ aux côtés des autres forces de défense et de sécurité’’.
En effet, il considère que le génie doit conduire sa transformation interne tout en continuant à appuyer et soutenir les autres composantes des armées dans leurs montées en puissance respectives. ‘’Cette ambitieuse réforme exige du génie des actions majeures articulées autour de la réorganisation de ses unités, du renforcement des capacités et compétences de ses ressources humaines, de l’acquisition d’équipements adaptés et de la réalisation d’infrastructures pour accompagner la création des nouvelles unités terrestres, aériennes et fluviomaritimes’’.
Car, dit-il, ‘’à l’analyse, les défis capacitaires majeurs que le génie doit relever concernent les domaines et spécialités tels que la lutte contre les engins explosifs improvisés, le franchissement, l’électromécanique, la mécanique engins ainsi que les routes et pistes. Relever de tels défis nécessite une adaptation du déploiement et de l’emploi des ressources humaines et matérielles du génie aux exigences d’efficacité requises pour concilier les engagements en opérations intérieures et extérieures, avec les actions d’appui au développement socioéconomique. En réalité, la mise en œuvre du contrat opérationnel fixé aux armées nécessite pour le génie de mener des réformes fonctionnelles et structurelles de ses composantes combat, infrastructure et secours en s’adaptant en permanence par l’anticipation et l’optimisation’’.
Au plan opérationnel, souligne le colonel Ngom, le contexte est aujourd’hui marqué par une évolution des menaces à laquelle le génie est appelé à s’adapter.
En effet, à la menace conventionnelle des mines est venue s’ajouter l’usage des engins explosifs improvisés avec des techniques sophistiquées plus modernes et plus meurtrières. C’est pourquoi, selon lui, l’appui direct aux unités exige un personnel compétent, disposant de savoir-faire à jour et doté d’équipements performants et adaptés.
‘’Dans cette perspective de réduction des gaps capacitaires, poursuit-il, le domaine de l’appui au franchissement constitue une priorité du commandement avec l’acquisition programmée d’équipements neufs de dernière génération pour remplacer les portières Ribbon Bridge en fin de potentiel. À cela s’ajoute l’acquisition prochaine d’engins et d’équipements de travaux lourds, mais aussi de détecteurs de mines de nouvelle génération type VMR-3G. Ces perspectives devraient permettre au génie de relever les défis capacitaires liés aux exigences de polyvalence arme et service. Pour ce qui est de l’adaptation capacitaire des armées au format 2025, l’accompagnement du génie s’effectue notamment dans le domaine des infrastructures avec la construction de cantonnements, contribuant ainsi à améliorer les conditions de vie et de travail des militaires et surtout à assurer l’autonomisation des unités en énergie et en eau potable à travers la réalisation de forages’’.
‘’Le génie a contribué à la résilience des populations face aux inondations durant l’hivernage 2023’’
En outre, la gestion du domaine militaire, qui constitue un enjeu sécuritaire majeur pour les armées dans le cadre de la sécurisation de ses cantonnements, fait l’objet d’une attention particulière de la part des plus hautes autorités. ‘’Elle pose des défis de préservation que la Direction du génie compte relever par une coopération étroite avec les services étatiques compétents, ainsi qu’un renforcement et une adaptation de ses capacités techniques, juridiques et opérationnelles en gestion foncière. S’agissant des actions civilo-militaires et dans le cadre d’un renforcement du concept ‘Armée-Nation’, le génie a contribué à la résilience des populations face aux inondations durant l’hivernage 2023, avec la réalisation de trois grands bassins de rétention et le pompage et évacuation de plus de 600 000 m3 d’eaux pluviales dans la zone périurbaine de Dakar’’, annonce le colonel Papa Adiouma Ngom.
Au courant de l’année 2024, poursuit le directeur du Génie et de l’Infrastructure des armées, des pistes rurales, dans le cadre de la contribution des armées au Programme d’urgence et de développement communautaire (PUDC), seront réalisées.
CHEIKH THIAM