Une liberté si(x) chère
La ‘’bande des agresseurs‘’ qui terrorisait la banlieue de Pikine a finalement été acquittée, à la suite d’une procédure d’enquête mal diligentée. Ainsi les accusés El hadj Malick Mbengue, Mamadou Niang, Ousmane Dia, Gora Niang, Ibrahima Wade et Samba Ba retrouvent la liberté, après 6 ans de détention préventive.
Par Mamadou Makhfouse Ngom
En plus des 6 agresseurs poursuivis pour association de malfaiteurs, vol en réunion avec port d’armes et usage de violence, il a été fait hier le procès du PV du juge d’instruction. Comportant de graves ‘’manquements’’ et ‘’incohérences’’ dénoncés par le Parquet et la Défense, le procès-verbal a entraîné l’acquittement des 6 accusés. ‘’Je demande l’acquittement de ces jeunes hommes, car le dossier d’enquête comporte de zones d’ombres et ne contient aucun élément à charge’’, a lancé l’avocat général Abdou Karim Diop.
Tortures
Devant la barre, El hadj Malick Mbengue, Mamadou Niang, Ousmane Dia, Gora Niang, Ibrahima Wade et Samba Ba sont revenus sur le début de ce ‘’cauchemar’’, à la suite d’une dénonciation anonyme. ‘’Nous avons été arrêtés, le 16 avril 2009, à notre retour d’une soirée dansante. Et pendant que nous dormions tous chez Mamadou Niang à Guédiawaye, les policiers nous ont menottés et amenés à la Police pour nous interroger. Arrivés au commissariat de Thiaroye, nous avons subi des brimades et diverses autres formes de violences. Les policiers voulaient nous faire avouer plusieurs agressions qui avaient eu lieu dans la banlieue’’, a dit El Malick Mbengue, en montrant ses blessures au bras.
«Mais vous avez tous néanmoins reconnu les faits à l’enquête préliminaire», a répliqué le président, en se tournant vers Mamadou Niang. ‘’Je n’ai pas eu le choix. Après des jours de mauvais traitements, ils nous ont fait signer en bas d’un document, sachant bien que nous étions des analphabètes », a répondu le mécanicien. Reprenant les propos de son camarade, Ousmane Dia, marchand ambulant, a souligné qu’ils ont clamé leur innocence devant le juge d’instruction. ‘’Nous lui avons dit que nous n’étions pas des agresseurs. Pis, nous n’avons jamais été confrontés à des témoins ou aux plaignants que nous avons soi-disant blessés », a-t-il ajouté.
‘’Aucune arme, ni butin n’ont été retrouvés dans la chambre de Mamadou Niang’’
Ainsi, ayant dénoncé les nombreuses faiblesses du dossier, le pool des avocats de la défense a déploré les graves carences dans l’accusation. ‘’Nous sommes en présence d’une procédure qui ne comporte aucun élément prouvant la culpabilité des accusés. Ainsi, aucune arme, ni butin n’ont été retrouvés dans la chambre de Mamadou Niang qui est présentée comme le repère de la bande. Puis, aucune identification formelle n’a été faite de la part des victimes‘’, a déclaré l’avocat de Mamadou Niang. Le défenseur d’El hadj Malick Mbengue de renchérir : ‘’L’enquête a été mal diligentée et basée sur une simple dénonciation dont on ne connaît même pas l’auteur. Nous demandons à la Cour de réparer cette injustice en les acquittant’’, a fulminé la robe noire. Il a été entendu.