Publié le 21 Sep 2022 - 18:14
77e SESSION ASSEMBLÉE GÉNÉRALE DES NATIONS UNIES

Macky Sall contre le confinement de l’Afrique à la marge des cercles décisionnels 

 

Exclusion du G20, surestimation des risques par les agences de notation, arrêt du financement des énergies fossiles. Les goulots d’étranglement sur l’économie africaine sont nombreux. À la tribune des Nations Unies, le président en exercice de l’Union africaine a encore appelé à de justes  et légitimes revendications africaines.  

 

Comment trouver, lors d’’’un tournant décisif, des solutions transformatrices face à des défis intriqués ?’’ Pour répondre à l’interrogation libellée dans le thème de cette année, la 77e Session de l’Assemblée générale des Nations unies (AGNU) rassemble les grands de ce monde à New York, depuis le 13 septembre 2022. Tenue au siège de l’ONU, la rencontre voit, à l’occasion de la semaine de haut niveau, du 19 au 26 septembre 2022, les chefs d’État et de gouvernement, et d’autres représentants nationaux de haut niveau, se réunir pour présenter leurs priorités et échanger sur les grands enjeux mondiaux comme la guerre en Ukraine, la lutte contre les changements climatiques, la sécurité alimentaire, l’accès à l’éducation ou encore l’égalité entre les femmes et les hommes.

Quelques défis auxquels fait face le continent africain ont été exposés par le président en exercice de l’Union africaine (UA), lors de son passage, hier, à la tribune des Nations Unies. Car des défis étriqués, l’Afrique en connaît une tonne. Parmi ceux que Macky Sall espère relever avec le concert des Nations Unies : donner un poids plus conséquent au continent noir dans les relations internationales.

Ainsi, affirme le président sénégalais, ‘’il est temps de vaincre les réticences et déconstruire les narratifs qui persistent à confiner l’Afrique à la marge des cercles décisionnels. Il est temps de faire droit à la juste et légitime revendication africaine sur la réforme du Conseil de Sécurité, telle que reflétée dans le Consensus d’Ezulwini (une position sur les relations internationales et la réforme des Nations Unies qui demande pour l’Afrique deux nouveaux sièges permanents avec droit de véto et deux sièges non permanents’’.

La quête de reconnaissance

Une étape pour laquelle Macky Sall tient un plaidoyer depuis plusieurs mois est l’octroi d’un siège à l’Union africaine au sein du G20, pour que ‘’l’Afrique puisse, enfin, se faire représenter là où se prennent les décisions qui engagent un milliard quatre cents millions d’Africains’’. Dans une tribune publiée le 20 juillet 2022, le chef de l’État du Sénégal soutient qu’en omettant la majeure partie de l’Afrique, le G20 compromet son efficacité et son influence. Composés de 19 pays plus l’Union européenne (UE), les membres du G20 représentent environ 80 % du PIB mondial, 75 % du commerce mondial et plus de 60 % de la population mondiale. De tous ces pays, un seul – l’Afrique du Sud – est africain. L’Union africaine (UA) est occasionnellement invitée.

À l’image des sphères décisionnelles, la finance internationale maintient l’Afrique dans une position de dominée que Macky Sall dénonçait, le 14 mai 2020, lors de la Conférence économique de Dakar. À cette occasion, le président sénégalais insistait sur le fait que ‘’nos économies sont à la fois sous-financées et mal financées. D’une part, des règles et procédures rigides entravent l’accès des pays  africains à des prêts consistants, de longue durée à des conditions soutenables. D’autre part, nous continuons de payer des taux d’intérêt trop élevés à cause d’un système inéquitable d’évaluation du risque d’investissement en Afrique’’.

Devant l’ONU, Macky Sall a invoqué le Rapport 2022 sur le financement du développement durable, réalisé par une soixantaine d’institutions multilatérales, qui relève les insuffisances dans les procédés d’évaluation des agences de notation et souligne l’importance d’appliquer des ‘’méthodologies transparentes afin de ne pas miner la confiance dans les notations’’.

A cet effet, le président en exercice de l’UA soulève que les Africains se sentent ‘’préoccupés par le fait que la perception du risque en Afrique continue d’être plus élevée que le risque réel ; ce qui renchérit les primes d’assurance et pénalise la compétitivité de nos économies. C’est pourquoi l’Afrique renouvelle sa proposition au Groupe de réponse à la crise mondiale sur l’alimentation, l’énergie et les finances, afin qu’il engage, en rapport avec le G20, le FMI et la Banque mondiale un dialogue constructif avec les agences de notation sur l’amélioration de leurs méthodes de travail et d’évaluation’’.

Une perception du risque en Afrique plus élevée que le risque réel

Dans le même esprit, face à l’ampleur inédite de la crise économique mondiale, l’Union africaine réitère son appel pour la réallocation partielle des Droits de tirages spéciaux et la mise en œuvre de l’Initiative du G20 de suspension du service de la dette. Depuis la pandémie de Covid-19, sur les Droits de tirage spéciaux (DTS) établis à 650 milliards de dollars, l’Afrique n’a eu droit qu’à 33 milliards. Le Fonds monétaire international (FMI) estime qu’il faut un financement additionnel de 252 milliards de dollars d’ici 2025 pour l’Afrique. Et cela avant le début de la guerre en Ukraine.

Sur un continent où 600 millions de personnes vivent sans électricité, l’urgence énergétique restreint le choix des offres. La Cop 26 avait été la tribune pour un appel à l’arrêt du financement des énergies fossiles.  À quelques semaines de la Cop 27 de Sharm el-Sheikh (Égypte), le président en exercice de l’UA estime qu’il ‘’est légitime, juste et équitable que l’Afrique, continent le moins pollueur et le plus en retard sur le processus d’industrialisation, exploite ses ressources disponibles pour disposer d’une énergie de base, améliorer la compétitivité de son économie et réaliser l’accès universel à l’électricité’’.

Le financement de l’adaptation aux changements climatiques 

L’Afrique renouvelle son attachement à l’Accord de Paris sur le climat et appelle à travailler à la réalisation de l’objectif de 100 milliards de dollars par an, en appui aux efforts d’adaptation des pays en développement et au financement du Programme d’accélération de l’adaptation en Afrique, sous l’égide de la Bad et du Centre mondial pour l’adaptation.

Au demeurant, ajoute Macky Sall, ‘’nous considérons le financement de l’adaptation non comme de l’aide, mais comme une contribution des pays industrialisés à un partenariat mondial solidaire, en contrepartie des efforts que fournissent les pays en développement pour éviter les schémas pollueurs qui ont plongé la planète dans l’état d’urgence climatique actuel’’.

Macky Sall invite les Nations Unies et les partenaires à faire focus sur l’Afrique des solutions, avec ses 30 millions de km2, ses ressources humaines, plus de 60 % des terres arables du monde, ses richesses minières, forestières, hydriques et énergétiques. Cela permettra de mettre en place ‘’un multilatéralisme ouvert et respectueux de nos différences ; parce que le système des Nations Unies, né sur les cendres de la guerre, ne peut emporter l’adhésion de tous que sur la base d’idéaux partagés, et non de valeurs locales érigées en normes universelles’’.

Lamine Diouf

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