Un différend autour d’un achat de Range Rover atterrit devant la barre

Ils s’étaient entendus sur l’achat d’une Range Rover importée de Corée du Sud. Mais six mois plus tard, le véhicule n’est jamais arrivé. Hier, le tribunal des flagrants délits de Dakar s’est penché sur cette affaire d’abus de confiance impliquant Misbah Sylla, accusé d’avoir empoché 5,6 millions de francs CFA sans livrer la voiture promise.
L’affaire débute en novembre 2023. Amadou Faye, séduit par les offres de vente de véhicules publiées dans un groupe WhatsApp administré par Misbah Sylla, verse la somme de 5,6 millions de francs CFA pour l’acquisition d’un 4x4 de marque Range Rover. Ce dernier affirme pourtant ne pas être le vendeur direct, mais simplement l’intermédiaire entre le plaignant et son propre frère Souhaibou Sylla, installé à Séoul, en Corée du Sud.
«’’Le plaignant, je le connais très bien. C’est lui qui est venu vers moi, parce qu’il avait entendu dire que je vendais des véhicules importés’’, a déclaré Misbah à la barre. ‘’Je l’ai alors mis en contact avec mon frère. La somme a été reçue par mon collaborateur Abdou, qui a signé une décharge au nom de mon entreprise, sans savoir qu’il s’agissait d’un achat pour le compte de mon frère’’.
Selon Misbah Sylla, un malentendu sur la nature du rôle joué par chacun serait à l’origine du litige. Il a expliqué que le client s’est rétracté au dernier moment, alors même que le véhicule s’apprêtait à être chargé dans un conteneur. ‘’Il y a bien eu un retard, je l’admets. Mais comme convenu, en cas de désistement, le client doit attendre que la voiture soit vendue pour récupérer son argent’’, a-t-il ajouté.
Pour la partie civile, les faits sont clairs comme de l’eau de roche. ‘’C’est Misbah qui a créé le groupe WhatsApp, publié les annonces, négocié avec moi et reçu l’argent’’, a affirmé sans ciller Amadou Faye, l’air amer. À l’époque, la transaction semblait simple. En effet, il a sélectionné une voiture dans les publications, échangé quelques messages pour en savoir davantage sur le modèle, puis a payé le montant convenu.
Mais depuis la remise des fonds, pas l’ombre d’un véhicule ni remboursement.
Son avocat, Me Moussa Diouf, a protesté : ‘’Il y a escroquerie, au-delà de l’abus de confiance. Le prévenu a tout orchestré. Il met en confiance, présente son frère comme collaborateur, puis disparaît après la transaction. Mon client a fait preuve d’une patience admirable. Il a attendu plus de six mois, alors qu’on lui avait promis le véhicule dans un délai de trois mois.’’ L’avocat a réclamé une condamnation exemplaire, l’exécution provisoire ainsi qu’une indemnisation de 7 millions de francs CFA, au regard du préjudice moral et financier subi.
De leur côté, les avocats de Misbah Sylla, Maitres Fall et Khadim Kébé, ont tenté de démêler l’écheveau d’une affaire qu’ils ont estimé mal orientée. ‘’Le véritable vendeur, c’est Souhaibou Sylla, qui vit à Séoul. Mon client n’a fait que jouer les entremetteurs’’, a argumenté Me Kébé. Pour lui, toute l’ambiguïté a découlé d’un défaut de communication autour des rôles de chacun. ‘’Créer un groupe WhatsApp ne constitue pas une manœuvre frauduleuse. Et le paiement a été fait au nom du frère, pas du prévenu’’, a insisté la défense, qui a demandé purement et simplement la relaxe de leur client.
Auparavant, le parquet, de son côté, s’est contenté de requérir l’application de la loi. Le verdict est attendu le 27 mai prochain.
MAGUETTE NDAO