Pourquoi les jeunes sont paumés
Le programme "Réussir au Sénégal" et Elzo Jamdong ont organisé une tournée dénommée "Mën Na Nekk" dans les 14 régions du Sénégal. Lors d'un panel organisé, le réseau des champions "Réussir au Sénégal" a remis, à la clôture, aux autorités de la formation professionnelle un livre blanc portant des recommandations et conclusions de leurs échanges avec la jeunesse sénégalaise.
Pour informer, échanger et sensibiliser les jeunes sur l'accès à la formation professionnelle, à l'information et aux ressources, le programme "Réussir au Sénégal" et Elzo Jamdong ont parcouru les 14 régions du Sénégal, à travers une tournée dénommée "Mën Na Nekk". Ils ont d'ailleurs réalisé un documentaire fructueux sur les différentes cultures dont regorge le Sénégal. À l'occasion de la cérémonie de clôture de la tournée, hier, le réseau des champions "Réussir au Sénégal" a remis aux représentants du ministère de la Formation professionnelle un livre blanc portant recommandations et conclusions de leurs échanges avec la jeunesse.
Le coordinateur national du réseau des champions "Réussir au Sénégal" et également champion de la région de Saint-Louis, Fara Ndiaye, indique que ce livre n'est rien d'autre que les conclusions des différents dialogues qu'ils ont eus dans le cadre de la tournée "Mën Na Nekk". "Mën Na Nekk nous a permis de sillonner les 14 régions du Sénégal et l’on a pu parcourir 6 403 km et rencontré plus de 3 370 jeunes hommes et femmes pour échanger avec eux sur les grouillons porteurs, afin d'asseoir un débat sur des questions essentielles liées à l'accès des jeunes à la formation, à la l'information, mais aussi aux ressources. Cette activité était aussi un moment fort de communion et de partage", dit-il.
À l’entendre, cette tournée leur a permis de réunir toutes les parties prenantes, notamment les partenaires du programme "Réussir au Sénégal" et les différents démembrements du ministère de la Formation professionnelle. "Ces échanges nous ont permis d'élaborer ce livre qui va participer à apporter des solutions relatives à la facilitation de l'accès des jeunes à la formation, à l'information, mais aussi aux ressources. À travers ce livre blanc, nous avons pu aussi faire l'économie des différentes politiques de jeunesse", renseigne Fara Ndiaye.
Il ajoute : "Nous avons répertorié, lors de la tournée, 138 centres de formation, mais ces centres se trouvent quasiment dans le chef-lieu de région ou de département. C'est la raison pour laquelle, à travers ce livre, nous demandons la territorialisation de la politique de la formation professionnelle sur le fait de dédier des centres de formation professionnelle de proximité qui répondent aux besoins des terroirs".
"Les jeunes ne vont pas vers l'information"
Dans la même veine, le coordinateur national des réseaux des champions "Réussir au Sénégal" plaide pour l'implication des jeunes dans la prise de décision. "Aujourd'hui, on sent que les jeunes sont sous-représentés dans les centres de prise de décision. Et pour ces questions, il faut amener les jeunes autour de la table de prise de décision. C'est pourquoi, à travers ce livre, on a proposé la mise en œuvre d'une loi qui va parler des quotas des jeunes dans les prises de décisions afin de mieux garantir l’accès facile à la terre, à l'eau et aux financements", révèle-t-il.
Toujours dans le cadre de la tournée, Fara Ndiaye renseigne qu'ils ont senti aussi que les jeunes ne vont pas vers l'information. Ils veulent rester sur place et avoir toutes les informations, alors qu'en vérité, dit-il, ils doivent se rendre dans ces structures au niveau des services pour recueillir l'information, parce qu'à l'heure actuelle, l’État a mis en œuvre des politiques publiques pour territorialiser un peu les politiques d'emploi et d'employabilité.
De son côté, la championne de la région de Louga, Madjiguène Sow, a plaidé pour la mise en œuvre d'une nouvelle stratégie pour aller vers la jeunesse. "Les jeunes n'ont pas l'information sur comment accéder aux centres de formation ou d'orientation professionnelle. Il faudra trouver une nouvelle stratégie pour aller vers la jeunesse, surtout ceux qui sont dans des départements et des communes les plus reculés, surtout vers le Sud et le Nord. Car ils n'ont pas les moyens de se déplacer pour aller voir les services de l’État, pour avoir l'information, d'où la présence du Réseau des champions. Ce réseau a fait beaucoup de choses aujourd'hui pour pouvoir informer cette jeunesse sur des possibilités de formation qui existent actuellement et les possibilités d'insertion", déclare-t-elle.
Par la même occasion, Madjiguène Sow souligne que c'est leur rôle, aujourd'hui, de donner les bonnes informations et d'inviter ces jeunes à venir vers les services qui existent et qui peuvent éventuellement les accompagner dans le cadre de leurs projets ou formations.
"Absence de centres de formation sur les hydrocarbures"
Par ailleurs, le coordinateur national du réseau des champions ‘’Réussir au Sénégal’’ a révélé qu'au niveau des centres de formation existants, il n'y a pas de filières ou de dispositifs de formation sur le métier des hydrocarbures, tout en sachant que le Sénégal va dans un futur proche exploiter son pétrole et son gaz. Par rapport à l'accès aux ressources, dit-il, "on met trop le focus sur la dimension argent, mais les jeunes ont d'autres difficultés liées à l'accès à la terre qui pose beaucoup de difficultés pour eux. S'ils ont l'accès à la terre, ajoute-t-il, ils peuvent faire de l'agriculture irriguée 12 mois/12.
"L'accès à la terre permet de mieux fixer les jeunes dans leur terroir. C'est pourquoi, nous jeunes, nous réclamons la tenue des assises nationales de la jeunesse pour qu'on puisse échanger, discuter sur les questions essentielles qui concernent la jeunesse sénégalaise", réclame le champion de la région de Saint-Louis.
FATIMA ZAHRA DIALLO (STAGIAIRE)