L’ancien directeur de l’hôpital Roi Baudouin relaxé

Jugé le mercredi 14 mai 2025 devant le tribunal de Pikine-Guédiawaye pour des faits d’escroquerie et de faux en écriture privée, l’ex-directeur de l’hôpital Roi Baudouin, Cheikh Mbaye Seck, a finalement bénéficié d’une relaxe hier. Une décision qui met un terme à une affaire qui a beaucoup fait parler ces dernières semaines.
Tout a commencé au mois de Ramadan dernier, lorsque Kene Bougoule Ndiaye, restauratrice de profession, obtient le marché de la restauration à l’hôpital Roi Baudouin. Chaque jour, elle assure le service des repas pour la rupture et le ‘’kheud’’ à l’intention du personnel hospitalier. Mais une fois le mois béni écoulé, les paiements tardent à venir. À force d’insistance, elle apprend de l’ordonnateur des dépenses, Serigne Mor Wade, qu’un chèque de 3 200 000 F CFA a bien été émis. Sauf qu’il ne lui était pas destiné. Selon ses dires, l’ordre venait directement du directeur Cheikh Mbaye Seck et le chèque avait été libellé au nom de Khady Sakho qui se trouve être la nièce et secrétaire de ce dernier. Pire, le chèque a été encaissé le jour même.
C’est ainsi que la restauratrice a multiplié les relances. En vain. Elle finit par porter plainte.
Devant le juge, Cheikh Mbaye Seck, 58 ans, polygame et père de six enfants, a tenté de se défendre : ‘’Je reconnais les faits, dans la mesure où j’accepte de payer les montants’’, a-t-il déclaré. Il a reconnu que le service a bel et bien été assuré, mais a nié avoir engagé personnellement la prestataire au nom de l’hôpital. Il a affirmé même que les 3 200 000 F CFA reçus l’ont été à titre de prêt de la part de Serigne Mor Wade. Ce dernier, entendu plus tôt dans la procédure, a pourtant tenu une version tout autre. Selon lui, cet argent était bien destiné à payer la restauratrice.
De son côté, Kene Bougoule Ndiaye a confié avoir patienté longtemps avant d’enclencher la procédure : ‘’Chaque fois que je me présentais à l’hôpital, on me disait que le directeur était absent. Quand je l’ai enfin eu au téléphone, il ne cessait de me donner des excuses.’’
Elle a admis, par ailleurs, avoir reçu plus tard les 3 200 000 F CFA au niveau de la section de recherches, mais a précisé que le montant initial dû était de 3 320 000 F CFA. C’est Serigne Mor Wade qui a complété la différence, selon ses dires.
Le parquet, pour sa part, a requis la relaxe pour le chef de faux, mais a demandé une requalification des faits d’escroquerie en abus de confiance. Il a ainsi requis une peine de deux ans de prison, dont deux mois ferme, assortie d’une amende de 200 000 F CFA. Maitre Bamar Faye, avocat de la défense, a tenté de recentrer le débat.
Pour lui, son client n’a jamais tenté d’escroquer la restauratrice. Il a évoqué une erreur de procédure, certes, mais pas un acte frauduleux : ‘’On a voulu faire de cette affaire un scandale, alors qu’elle ne repose sur rien de solide. Il ne s’agissait pas d’un détournement. Mon client a simplement validé un marché qui n’avait pas suivi le circuit administratif classique. Cela ne fait pas de lui un escroc.’’ L’avocat a, par ailleurs, souligné l’état de santé fragile de son client qui, à deux ans de la retraite, a été affecté au ministère de la Santé.
Finalement, le tribunal a tranché. Cheikh Mbaye Seck a été relaxé.
MAGUETTE NDAO