Publié le 5 Oct 2013 - 12:00
AFFAIRE DANGOTÉ/ HÉRITIERS DE SERIGNE SALIOU MBACKÉ

Touba indexe Macky Sall comme responsable de la reprise des travaux

 

 

Le différend qui oppose la famille de Serigne Saliou Mbacké à l’homme d’affaires nigérien Alico Dangote n’est pas prêt de connaître son épilogue. Les héritiers de Serigne Saliou campent sur leur position et tiennent à éclairer la lanterne des Sénégalais sur cette affaire. En conférence de presse, ce vendredi, à Touba, Serigne Moustapha Saliou a tenu Macky Sall pour responsable des derniers développements sur cette affaire.

 

Le mandataire de la famille de Serigne Saliou n’est pas allé chercher le coupable, il le situe au palais de la République. C’est le président Macky Sall qui est l’auteur de l’arrêté portant reprise des travaux à la cimenterie Dangote à Pout. ''Macky Sall m’avait promis que tant qu’il serait président de la République du Sénégal, cet arrêté préfectoral interdisant tous travaux sur le site composant la cimenterie Dangote et les huileries de Serigne Saliou Mbacké sera maintenu jusqu’à ce que cette affaire soit totalement vidée'', renseigne le marabout. ''Pourquoi donc a-t-on levé cette interdiction alors que l’affaire n’est pas totalement vidée par le tribunal ?'', s’interroge le mandataire de la famille du défunt Halifax. A l'en croire, c’est précisément le président Macky Sall qui a combattu les héritiers de Serigne Saliou, en demandant à son préfet de pondre cet arrêté autorisant la reprise des travaux, alors que le tribunal n’a pas encore rendu son verdict. ''Ce n’est plus une affaire de justice, encore moins de Dangote, mais aujourd’hui cet arrêté est commandité par le président de la République, c’est un pouvoir qui s’est ligué avec un riche homme d’affaires pour combattre la famille de Serigne Saliou'', a-t-il pesté. Ce qui, selon le marabout, fait somme toute rire parce que, a-t-il fait comprendre, ''l’argent ne nous  intéresse guère ; pour ce qui est du pouvoir temporel, tous ceux qui l’ont eu dans ce pays sont venus le chercher ici à Touba''. ''Toute personne élue peut maintenant trahir'', constate le marabout.

 

Les travaux n’avaient jamais arrêté

 

''Cette affaire pouvait être évitée si, dès le début, l’homme d’affaires s’était conformé à nos observations ; avant même le début des travaux, nous leur avions fait comprendre qu’ils avaient empiété sur la propriété de Serigne Saliou, mais des Sénégalais leur ont dit que ces marabouts ne font que bavarder et qu’ils pouvaient continuer les travaux'', a regretté le marabout, non sans ajouter que l’homme d’affaires qui a implanté une partie de son usine sur 124 ha de la parcelle de Serigne Saliou a tenté de diviser sa famille. Le marabout a informé que malgré la décision préfectorale portant arrêt des travaux, les travaux avaient continué de plus belle, parce que, renseigne le marabout, des talibés qui travaillent dans cet usine informent que l’on demandait d’éteindre la lumière la nuit pour faire croire que les travaux avaient été arrêtés, alors que non.

 

''Dangote a fait dans la corruption et a tenté de diviser ma famille''

 

Selon Serigne Moustapha Saliou, l’homme d’affaires Dangote a tenté de diviser les héritiers en voulant remettre une forte somme d’argent à son frère Serigne Cheikh Saliou, l’aîné des héritiers du défunt cinquième khalife de Bamba, ce que le khalife de Serigne Saliou a décliné avec toute la manière qui sied. Des actes de corruption que le marabout a décriés avec la dernière énergie. Serigne Moustapha Saliou a informé que le président Macky Sall lui avait demandé d’augmenter la somme que la famille Mbacké demandait en guise de compensation, mais, en son temps, il avait fait comprendre au Président Sall que jamais il n’aurait demandé plus d’argent parce que ce serait de la trahison.

 

Le Palais aligne ses arguments

 

Du côté du Palais, on ne manque pas de relever que c’est là un dossier hérité de la gestion de Me Abdoulaye Wade. On s’empresse de préciser que c’est la Justice qui a tranché cette affaire. Et que le préfet, qui avait notifié à la Cimenterie de Dangote l’arrêt des travaux, a dû prendre en compte la dernière décision de la Cour suprême. Mais la Présidence ne manque pas de relever que si des investissements lourds ont déjà été effectués sur le site et que des milliers d’emplois sont attendus. Pour cela, il faudra que l’État adopte une posture de responsabilité. La Présidence de rappeler qu’une gestion approximative, comme ce fut le cas dans le dossier de Kumba Resources, peut créer au Sénégal des soucis dans les tribunaux d’arbitrage mais aussi entamer la crédibilité du pays auprès des investisseurs, au moment où il a besoin d’eux. La société minière sud-africaine Kumba Resources avait réussi à faire condamner l’État du Sénégal, pour rupture abusive de contrat, à hauteur de 400 milliards de francs.

 

 

Section: