‘’Je me considère comme un modèle pour la jeunesse sénégalaise’’
Son nom est connu du grand public, en raison du différend qui a opposé la société technologique de service énergétique Akilee SA qu’il dirige et la Senelec en 2020. L’entrepreneur a trouvé une nouvelle voie pour améliorer les conditions de ses concitoyens, en commençant par sa propre localité. Pour une nouvelle commune, Keur Massar Sud se cherche un nouveau type de leader politique. C’est en tout cas la conviction d’Amadou Ly, qui s’aventure dans sa première expérience politique. Dans cette campagne électorale en direction des élections locales du 23 janvier 2022, l’ancien consultant de la Senelec a étudié toutes les inconnues, comme à son ‘’habitude’’, et proposé un programme clair, concis et parfaitement réalisable pour une nouvelle commune. Dans cet entretien, à trois jours de la clôture officielle de la campagne électorale, Amadou Ly revient sur son parcours inspirant pour la jeunesse et ses ambitions pour une commune qu’il n’a jamais réellement quittée.
Comment se passe la campagne électorale ? Une expérience nouvelle pour vous ?
Ça se passe très bien et nous la menons de manière structurée. On a su prendre nos dispositions et entrer dans les détails du Code électoral. Pour cette première expérience, il nous fallait mettre en place une machine électorale. On s’y est pris très tôt pour maîtriser toutes les étapes. Pour ce qui est de la campagne en tant que telle, c’est juste une organisation, avoir une stratégie et vulgariser notre message.
Quelle est cette stratégie ? On a vu que vous privilégiez les rencontres avec les populations. Pourquoi ce choix ?
On est dans une élection locale. Cela veut dire qu’il faut voir les gens au plus près de chez eux. On ne peut pas, naturellement, entrer dans toutes les maisons, mais on est rentré dans tous les quartiers. Nous y avons des représentants et celles chargées de la massification dans leurs quartiers. Celui qui a la légitimité dans un quartier est celui qui y habite et qui y est connu. En tant que leader, je viens renforcer mes partenaires et collaborateurs.
A côté, il y a la caravane qui permet de démontrer à la population l’engouement et l’adhésion qu’il y a autour de notre candidature. Il y a toujours des indécis qu’il faut convaincre et d’autres qui suivent la masse. Mais nous montrons notre légitimité.
En tant que chef d’entreprise, nouveau visage dans la classe politique à Keur Massar et au Sénégal, beaucoup vous voient comme un modèle pour la jeunesse. Selon vous, qu’est-ce que les jeunes doivent faire pour améliorer leurs conditions ?
Je me considère comme un modèle pour la jeunesse sénégalaise. Je viens d’un milieu modeste. Jusqu’à mes 14 ans, je vendais du thon et de la mayonnaise pour ma mère. Je restais seul à m’occuper de mes frères et sœurs, lorsque ma mère faisait la navette pour acheter de l’huile de palme et du pain de singe à revendre pour nous nourrir. Je me suis accroché à mes études et mes performances scolaires m’ont permis d’aller étudier à l’étranger, grâce à Dieu. Lorsque je suis revenu, je suis retourné d’où je venais. J’ai lancé Akilee à Keur Massar.
Je dis toujours que l’environnement dans lequel vous êtes né ne détermine pas la personne que vous pouvez devenir. C’est l’effort auquel vous êtes prêt à consentir pour atteindre vos buts et la volonté divine qu’on ne contrôle pas. Je sais que les jeunes sont confrontés à des difficultés. Mais quelles que soient ces dernières, il faut se donner à fond et croire à ses objectifs pour se donner une grande chance d’y parvenir. C’est dans ce sens que j’essaie d’être un modèle. Et si nous accédons à la commune de Keur Massar Sud, nous essaierons de leur faciliter cette voie.
Quelles sont les ambitions que vous avez pour la commune de Keur Massar Sud, qui est tout aussi nouvelle que votre candidature ?
Notre programme s’appelle ‘’Keur Massar Bou Yess’’. Notre coalition s’appelle Yessal Keur Massar. Comme un mot au sens polysémique, Yessal veut dire éclairer, mettre plus de transparence, moderniser les infrastructures en place, changer les habitudes, les pratiques. C’est tout ce que nous avons l’intention de faire : renouveler le cadre de vie des populations de Keur Massar, les assister dans les difficultés qu’elles traversent au quotidien, notamment sur les questions relatives à l’éducation, la santé et tout ce qui relève de la compétence de la mairie.
La gestion des inondations est une question prégnante au niveau de Keur Massar. Moi, je dis qu’il y a deux catégories de solution : les solutions structurelles qui relèvent des moyens mobilisés par l’Etat ; tandis que sur les solutions conjoncturelles, la mairie pourra travailler dessus et améliorer les conditions de vie des populations.
Selon la Cena, beaucoup d’électeurs relevant du nouveau département de Keur Massar n’ont pas encore retiré leur nouvelle carte. Certains ne savent même pas qu’ils sont concernés. Sensibilisez-vous, sur cette situation, les Massarois ?
Bien sûr, nous le faisons en permanence. Mais nous regrettons que les autorités n’aient pas informé les gens assez tôt de cette nouvelle donne, depuis la départementalisation de Keur Massar. Il y a eu la période de révision des listes électorales. Ceux qui voulaient apporter des modifications à leur lieu de vote l’ont fait. Mais beaucoup de gens pensent que les nouvelles cartes ne concernent que ceux qui avaient opéré des modifications. A aucun moment on a prévenu les gens qu’à cause de la création du nouveau département, d’une nouvelle commune, d’un nouvel arrondissement d’affectation, (on passe de Niayes à Diakhaye pour ce qui concerne Keur Massar Sud), ils doivent tous aller récupérer de nouvelles cartes. On ne sait pas l’objectif derrière cette stratégie.
A Keur Massar Sud, d’après le fichier électoral, il y a un peu plus de 27 000 électeurs. Nous avons des représentants dans toutes les commissions de distribution. Sur la base du rythme de retrait de cartes qu’on a observé, depuis le début, c’est à peine si on arrive sur les 20 000 cartes retirées. Nos représentants nous signalent qu’il arrive qu’un électeur vienne demander sa carte alors qu’elle n’a pas été confectionnée. C’est un problème qu’on ne peut pas comprendre. On n’a pas le droit de priver, par quelque moyen que ce soit, un honnête citoyen de son seul droit d’expression démocratique.
Etes-vous confiant par rapport à la concurrence qui est quand même féroce à Keur Massar Sud ?
De manière générale, nous sommes toujours confiant dans tout ce que nous faisons. Comme je dis toujours, le résultat final relève de la volonté divine. Il y a des paramètres qu’on ne peut pas maîtriser. Mais on considère avoir fait tout ce qui relevait de nous. Et personne ne l’a mieux fait que nous, y compris le candidat de la coalition au pouvoir. En termes de stratégie, d’accompagnements, d’actions posées pour démontrer aux populations notre bonne volonté, personne ne fait mieux à Keur Massar Sud.
J’ai inauguré tout de suite deux salles de classe (hier, NDLR). Au plus fort des inondations que nous avons subies, j’ai acheté 20 pompes pour les populations, pour les soulager de l’emprise des eaux. Aucun candidat, même le maire sortant, ne l'a fait. Ajoutez 3 km de tuyauterie, 360 bouteilles de gel antiseptique, des masques pour lutter contre la pandémie, des dizaines de tonnes de ciment distribuées dans toutes les mosquées et églises de Keur Massar. Si on mesure la qualité des caravanes et de la mobilisation, il n’y a pas photo entre moi et mes adversaires politiques. J’ironise même pour dire que si l’on perd cette élection, c’est qu’on nous aura volés. Maintenant, nous sommes des croyants, nous laissons tout entre les mains du Seigneur.
Qu’est-ce que tout cela vous a coûté comme moyens ?
Le montant n’est pas le plus important. Cela nous a coûté de l’énergie. Mais on regarde plutôt ce que cela nous a procuré. On a vu le bonheur des populations, lorsque nous sommes en train de leur venir en aide. On a vu qu’ils ont bon espoir qu’en nous confiant leur commune, nous ferons de notre mieux pour la mettre sur les rails du développement. Les gens croient en notre discours, car nous ne versons pas dans la politique politicienne en distribuant de l’argent à tout-va. Nous mettons en place des actions d’utilité publique et qui bénéficient au plus grand nombre.
Lamine Diouf